Mes yeux s'arrondissent de stupeur.
Ses mots entrent en moi au rythme d'un refrain lancinant. Horriblement percutant. Ses deux dernières phrases sont atroces.
Si je n'étais que combustion l'instant d'avant, là c'est la douche froide. Tout mon désir s'est évanoui avec ses dernières répliques. Répliques qui ont jailli tel un jet d'acide sur mes blessures.
Mais quelle conne !
Alexandre est un enfoiré. Je le sais pourtant. Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi je lui ai parlé d'un truc pareil ? Pourquoi je lui ai demandé son aide ?
Suis-je à ce point stupide ?
Seule ma colère me guide au moment où mes mains s'abattent pour la première fois contre son torse, et le repousse loin de moi.
Je n'ai aucune force comparée à lui. Aussi, ne fait-il qu'un pas en arrière, mais suffisant pour me permettre de respirer. La vague d'oxygène dont il me privait, me revient enfin, me ramenant vers une stabilité émotive rassurante.
Il n'est pas étonné de ma réaction.
Non.
Il a même l'audace de rire...Il se fend carrément la poire ! Bordel !
La tête en arrière, la pomme d'Adam bien visible, il jubile devant la tournure que prend le jeu. Se délectant de tout ce qui vient de se passer. Que ce soit mon comportement plus que réceptif, ou le retournement de la situation contre moi.
Le voir ainsi ravive ce que j'ai cru une minute disparu alors qu'il me tenait entre ses bras : je le déteste.
Ce mec est un sale type. Pourquoi me suis-je laissée aller comme ça ?
Je n'ai rien fait d'autre que de me jeter dans la gueule du loup.
Mais qu'est-ce que je croyais? Que subitement il se transformerait en un mec compréhensif et sympa, pour jouer le rôle que je lui ai attribué ? Sans rechigner ?
Bien évidemment qu'il allait me faire un coup tordu comme ça.
Mon cœur est en train de se taper un sprint. Je suis furieuse. Furieuse et dégoûtée de moi-même. Encore un exemple de ma naïveté légendaire.
Pourtant, c'est Alexandre. Je le sais putain ! Je le sais que c'est un connard !
- J'aime ce que je vois dans tes yeux...
Il a le chic pour interrompre mes pensées. Il ne peut pas me laisser tranquille deux minutes ? J'ai besoin de reprendre mon souffle là !
Et puis ça veut dire quoi ça ?
Ça fait une minute que je le fusille du regard, alors je ne vois vraiment pas ce qui peut lui plaire.
- De quoi t'as envie Laure ? De m'en coller une ?
Mais quel est le rapport ?
- Bien sûr que oui ! Clamé-je plus pour affirmer ma position que pour lui faire peur.
Toutes mes émotions sont en train de s'entrechoquer. Le regarder si sûr de lui me débecte et étrangement... m'attire. Il a l'allure d'un fauve. Prêt à bondir une nouvelle fois. Et je le redoute.
Je le redoute comme je l'attends...
- Alors vas-y...Essaie!
Quoi ?
Il ne me laisse pas le temps de me poser plus de question.
En une seconde, il est sur moi. Revenu pour me torturer. Reprendre les rênes de la partie. Recouvrant ma bouche de la sienne, étouffant les mots que je veux lui asséner.
Je ne lutte qu'un instant. Lorsqu'il repose ses mains sur moi et force le passage de sa langue entre mes lèvres, je redeviens poupée de chiffon. A attendre plus.
L'effet qu'il déclenche sur moi me fait perdre toutes notions de temps et d'espace. Peu importe où nous sommes, peu importe qui nous sommes, son baiser me fait tout oublier.
Et ce n'est vraiment pas normal.
Une main appuyant sur ma nuque, l'autre au dessus de mes fesses, il me plaque, me retient contre lui. Avec lui. Pour lui. Dans cette ruelle. Contre ce mur.
Je ne peux pas m'échapper. Je suis obligée d'accepter qu'il m'embrasse. d'accepter ses caresses, d'accepter qu'il me transforme en marionnette. Il reprend la même place que tout à l'heure. S'insérant entre mes jambes, se massant contre mon aine, réveillant le feu qu'il venait tout juste d'éteindre par son affreux chantage.
Il me colle toujours plus contre lui. Nos bouches totalement accrochées l'une à l'autre. La sienne dominante et victorieuse. Sa langue s'empare de la mienne, pendant que nos lèvres se caressent sans répit. Je réponds à toutes ses étreintes, sans pouvoir me contrôler.
Au fond de moi : un magma en fusion. Prêt à s'écouler ou à exploser.
Je ne sais même plus si cela dure une minute ou une heure. Mes mains s'accrochent comme elles le peuvent à son T-shirt, les siennes sont partout.
Savoir qu'il me touche comme il l'a fait sur bon nombre avant moi devrait me rebuter. Mais non.
Il sait très bien ce qu'il fait. Il prend ce qu'il veut, comme à son habitude, et cette fois, c'est moi la victime consentante. Je crois même que ma façon de m'abandonner prouve que j'en veux encore.
- Putain, Laure... souffle-t-il contre ma bouche avant de reprendre son assaut.
Le ton de sa voix n'est plus ni autoritaire, ni sarcastique. Pendant une seconde, je me dis qu'il perd pied... puis je me rappelle qui il est, et la pensée s'efface.
Son excitation est tangible tout contre moi. Je la sens frotter contre mon ventre tandis qu'il ne cesse de m'engloutir dans sa volupté. Penché au-dessus de moi pour affirmer son emprise.
Il faudrait que je retrouve ma raison. Tout ce qui fait je ne l'aime pas, mais je n'y parviens pas. Je crois avoir abandonné toutes chances de riposter. Au lieu de ça, dès qu'il glisse une main sous ma cuisse pour la ramener contre ses hanches, je laisse échapper un gémissement.
Le meilleur moyen de lui donner du pouvoir ! Il rigole contre mes lèvres.
- Je crois que tu vas adorer ça... se vante-t-il tout en s'écartant pour me regarder.
- Je n'ai pas dis que j'étais d'accord.
- Ah oui? Je n'ai pas cette impression, se moque-t-il et il accompagne ses dires d'un mouvement de bassin lascif.
Je frissonne et ferme les yeux pour savourer la sensation.
- Et puis...reprend-il dans un murmure, sa bouche contre mon oreille. Ce n'est pas comme si tu avais le choix...
Quel salaud !
Je m'apprête à répliquer quand mon sang ne fait qu'un tour :
- LAURE !
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Make me Bad [Publié chez Hugo Poche]
RomanceAncienne version de l'histoire avant édition. Retrouver «Make me Bad» 1 et 2 (La condamine) en vente sur les plateformes de téléchargement légal ! En version poche dans vos librairies ;) --- "Bien sûr que c'est une mauvaise idée. Très mauvaise. Et...