Le dîner commence à dix-neuf heures trente précises. Mon père aime la ponctualité et la routine quotidienne de ses journées.
J'ai finalement choisi une robe fourreau noire que Matt m'a offert à mes vingt-deux ans. Elle n'est plus vraiment moulante, et le décolleté plongeant entre mes seins ne laisse plus apparaître leur galbe. Je n'en ai plus. Mes jambes semblent être la seule chose à n'avoir pas trop changé. Longues et fines, elles sont parfaitement mises en valeur par une légère fente sur le côté. Remontant vers mes fesses. Ou ce qu'il en reste.
J'ai attaché mes cheveux bruns à l'aide d'une barrette, mais ils sont indisciplinés et s'en échappent en ondulant. Ils deviennent trop longs et encombrants, je devrais les faire couper. Mais jusqu'à présent, Matt aimait pouvoir me les attraper pendant nos étreintes.
Dans la voiture, il n'a pas cessé de caresser mes cuisses découvertes. Je ne l'ai arrêté que lorsqu'il s'est aventuré plus haut. Non sans lui avoir fait un sourire rassurant. Il faut qu'il ne se doute de rien. Je ne suis pas prête.
Mes parents nous ont accueilli sur le perron tout sourire. A croire qu'ils nous attendaient de pieds fermes. J'ai l'impression d'observer une photo d'un ancien temps : l'homme devant, la femme droite dans son dos, attendant ses ordres. Parce que ma mère en retrait. Depuis toujours. Je n'y faisais plus attention - l'habitude sûrement - or ce soir, ce constat me dérange.
Léa et Stéphane sont déjà arrivés, leur voiture est garée dans l'allée devant la nôtre. Lorsque nous entrons, ils se trouvent sur le canapé dans le salon. Les verres servis. L'ambiance à l'air chaleureuse et me donne immédiatement, envie de faire demi-tour. Je ne pense pas avoir la force de faire semblant.
C'est la première fois que je revois ma sœur depuis que je sais que mon petit-ami me trompe avec elle. Son regard sur moi n'a pas changé. Je ne vois pas la moindre trace de culpabilité derrière ses yeux noisettes. Les mêmes que les miens.
Nous nous ressemblons tellement...
Cela me torture de savoir qu'il l'a choisi elle. Que peut-être, il la préfère. Il n'y a aucune logique dans tout ça.
Pourquoi elle ?
Pourquoi elle alors que je suis là ?
Mon attention se porte vers sa poitrine tandis qu'ils se lèvent tous deux pour venir jusqu'à nous. Ses seins sont tellement beaux. Ronds et fermes.
Un rapide regard vers Matt me confirme qu'il les apprécie grandement. Son coup d'œil est bref, mais je l'ai perçu. Mon ventre se serre. Il l'a peut-être toujours regardé avec envie et je ne l'ai jamais vu.
- Salut les amoureux ! Nous salue Léa.
Les amoureux... Quelle hypocrite !
La colère revient plus puissante dans mes veines. Je ne la connaissais pas si talentueuse dans le mensonge. Et dire que Stéphane ne se doute de rien. Qu'il lui a demandé sa main alors qu'elle ne lui est pas fidèle.
Peut-être que lui non plus après tout.
Voilà que je me mets à douter de tout le monde.
Pendant que je regarde le futur mari de ma sœur, une idée terrible vient à moi. Provoquant un léger frisson d'anticipation. Je détourne les yeux aussi vite et me concentre sur ma sœur. Ce dessein est mauvais. Très mauvais.
La discussion débute autour de l'apéritif et se poursuit. Chacun parle de son travail, et des déboires qu'ils y rencontrent. Je ne prends pas part à la conversation. En fait, je ne dis presque rien durant ce prélude au repas.
Une fois à table, ce n'est pas mieux.
Ma mère et Matt me lancent quelques œillades agacées. Leurs sourcils se froncent, chaque fois que je détourne les yeux de leurs visages inquisiteurs. La main de mon petit-ami se pose sur ma cuisse.
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Make me Bad [Publié chez Hugo Poche]
RomanceAncienne version de l'histoire avant édition. Retrouver «Make me Bad» 1 et 2 (La condamine) en vente sur les plateformes de téléchargement légal ! En version poche dans vos librairies ;) --- "Bien sûr que c'est une mauvaise idée. Très mauvaise. Et...