Mon téléphone vibre au fond de ma poche.
Une semaine est passée depuis ma plus humiliante découverte. Une semaine où ma sœur m'envoie des textos comme si de rien n'était et où mon cher amoureux cherche à me faire l'amour chaque soir. Leur comédie se déroule à la perfection.
Depuis quand ?
Depuis quand trichent-ils et me bernent-ils de cette façon ? Était-ce un épisode isolé ou se retrouvent-ils dans mon dos dès que je finis un peu tard du boulot ? Mangent-ils ensemble à leur pause déjeuner ou préfèrent-ils baiser ?
Derrière ma colère, les réponses me font peur.
J'évite Matt et ses assauts, depuis sept jours.
Ce n'est pas vraiment difficile. Je prétends concerts ou réunions professionnelles, et il me croit. Lorsque je rentre en pleine nuit, il dort déjà. Je commence à manier l'art du mensonge comme lui le fait si bien.
Et dire que j'ai constamment détesté mentir.... Quelle ironie !
Il n'est pas revenu sur ma soudaine absence de la semaine passée. J'en déduis qu'Alexandre a tenu parole, et ne lui a pas parlé de mon état désastreux. Mais à quel prix ? Je ne suis pas certaine que le simple fait de coucher avec Maéva soit une monnaie d'échange suffisante. Je m'attends donc, à tout moment, au retour de bâton, en priant que celui-ci n'ajoutera pas une emmerde de plus, au casse-tête qu'est devenue ma vie.
J'ai bien conscience que toute cette situation n'est pas durable et quelle deviendra bientôt intenable pour moi. Déjà parce que Matt va se poser des questions auxquelles je n'ai aucune explication plausible, et de deux, parce que je suis angoissée à l'idée qu'une fois assuré que je ne rentre pas, il continue ses rencards clandestins.
Je ne sais pas ce qui est pire.
Le weekend qui arrive - à une vitesse intolérable - ne m'apporte pas plus de réconfort. Je ne vois pas du tout comment je pourrais gagner du temps.
Adèle et Maéva me tannent pour mettre un terme à tout ça, mais je ne m'y suis pas résolue. Je veux trouver une solution. Un moyen de riposter. De trouver quel coup sera fatal. Et pour ça, j'ai besoin de ce temps. Juste encore un peu.
Mon portable se remet à vibrer. Je l'attrape sans regarder de qui il s'agit. Je m'en doute déjà. Parce que ça fait une semaine que j'évite de lui répondre, préférant envoyer des messages.
- Allô ? Lâché-je durement.
Je n'ai aucune intention de cacher ma rancœur.
- Laure, ma puce.
Ma puce ? Sérieusement ? Elle se fout de ma gueule.
Faut savoir rester zen dans ces moments là ! La Laure d'avant l'aurait parfaitement réussi. Mais moi, j'ai vécu la trahison. La double. Alors je suis plutôt dans un épisode où faut pas me faire chier.
- Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ?
Je devrais faire attention, me montrer plus calme, comme à mon habitude. Pour ne rien laisser paraître, du moins tant que je n'ai aucune tactique pour les contrer. Mais c'est plus fort que moi. L'entendre me rappelle les cris qu'elle a poussé dans MA salle de bain. Avec MON mec.
Je n'avais jamais remarqué - sûrement parce que je l'aimais - son égocentrisme évident. Mon ton est pourtant parfaitement reconnaissable. N'importe qui aurait pu déceler que je l'agressais. Mais elle...elle ne remarque rien. Trop centrée sur ce qu'elle désire me dire.
- Enfin, j'arrive à te joindre ! S'exclame-t-elle avec un brin de reproche. Tu ne fais que m'envoyer des textos. Je commençais à me demander ce que t'avais.
- Extinction de voix, marmonné-je rapidement.
Ridicule comme excuse ! Mais bon, je n'ai pas mieux.
- Hein ?
- Non rien. J'étais souffrante. Alors ça va ? Enchaîné-je rapidement sans en avoir quelque chose à faire, juste pour détourner la conversation.
Depuis toujours, je déteste l'hypocrisie. La fuyant comme la peste. Là, je l'emploie assez bien. J'apprends des meilleurs, il faut dire.
- Oui, j'ai une supère nouvelle à t'annoncer.
Tu te tapes aussi ton prof de yoga ?
- Stéphane m'a demandé de l'épouser.
C'est surprenant, lorsqu'on apprend la vérité, de voir à quel point certaines personnes peuvent être mauvaises. Ma sœur, par exemple, je l'avais toujours regardée avec admiration. Elle avait fait les meilleures études, obtenu les meilleurs résultats et sortait avec des garçons gentils et fidèles.
Une vraie pro du bonheur. Une parfaite petite amie, fille et sœur. Qui, désormais, aime se retrouver à quatre pattes et à poil, devant le copain de sa frangine.
Un paradoxe total !
Voilà qu'en plus de se taper mon petit-ami, elle m'affiche sa putain de fausse bonne nouvelle. La reine des hypocrites, celle-là ! Pas de doute. Et je hais les hypocrites.
Je vais lui faire payer à elle aussi... Elle regrettera...
Ils regretteront.
Tous les deux.
- Félicitations...
...pouffiasse.
Heureusement que je ne suis pas bourrée, sinon elle y aurait le droit de vive voix.
- On va fêter ça ce weekend, chez papa et maman. Demain soir, c'est bon ? Je compte sur Matt et toi. Je te montrerai ma bague. Tu vas voir, elle est magnifique.
C'est ça ! Montre moi ta bague ! Et oublie pas de montrer ton cul à mon mec aussi. Il sera ravi.
Je ne peux pas me retrouver avec Léa et Matt dans la même pièce.
Hors de question !
Mais c'est quoi ce délire ? Dans le dos c'est déjà bien douloureux, alors un coup de couteau en pleine face, non merci.
- Je crois que Matt a un tournoi de tennis Samedi soir, tenté-je hésitante.
Elle soupire, à la manière d'une petite fille pourrie gâtée. Exaspérant !
C'est fou le mal que je peux penser de ma propre sœur. En si peu de temps. Ça ne m'était jamais arrivée.
- Tu as intérêt à ramener ta fraise, riposte-t-elle en riant. C'est normal non, pour une demoiselle d'honneur !
Oh Seigneur ! Achevez-moi !
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Make me Bad [Publié chez Hugo Poche]
RomanceAncienne version de l'histoire avant édition. Retrouver «Make me Bad» 1 et 2 (La condamine) en vente sur les plateformes de téléchargement légal ! En version poche dans vos librairies ;) --- "Bien sûr que c'est une mauvaise idée. Très mauvaise. Et...