J'ai accepté l'invitation de ma sœur et ai couché avec Matt, le soir même. Autrement dit, hier soir.
J'ai eu beau chercher, je ne sais pas ce qui m'a motivée. La force de l'habitude ou le souvenir de son amour ? Peut-être.
De toute façon, je n'ai trouvé aucune excuse.
Nous étions vendredi. Pas de travail le lendemain, un dîner romantique qui m'a attendue une bonne partie de la soirée. Je l'ai laissé faire. J'ai simulé. Pour la première fois de ma vie. Je me suis sentie mal le reste de la nuit. Ce qui n'est vraiment pas juste, parce que ce n'est pas moi la salope dans cette histoire.
Mais qu'est-ce que je peux y faire ? Je ne peux pas refouler vingt-trois ans de bons sentiments, en un claquement de doigts. Je ne suis pas quelqu'un de mesquin. Je n'ai pas pour habitude de mentir sans me sentir mal. Par le passé, les rares fois où ça m'est arrivée, je n'ai pas aimé celle que j'étais.
On m'a souvent traité de "naïve" et de "godiche". Pourtant, le pardon est quelque chose de difficile à faire. Surtout en toute abnégation. Du moins c'est ce que ma mère m'a appris. Quand je vois ce qu'elle est devenue aujourd'hui, je me dis que j'aurais mieux fait de ne pas l'écouter. Elle m'a pollué l'esprit avec sa bonté maladive.
Je suis idiote.
Idiote. Stupide. Et faible. Bien trop faible dans ce monde de faux semblants, rempli de menteur tel que Matt.
Que j'aimerais connaître le fin mot de toute cette histoire. Le mettre devant le fait accompli et le quitter. Ce serait simple, juste et loyal. Quelque chose qui me ressemble tellement.
Non.
Je ne le veux pas.
Je ne le veux plus.
C'est trop facile de s'en tirer à si bon compte. Trop facile de commettre des actes égoïstes puis de ne pas se prendre le revers de la médaille. Je veux qu''il le prenne en pleine face. Je veux qu'il voit ce qu'il m'a fait. Je veux qu'il voit ce que ça fait quand on ne pense pas à l'autre. Quand on s'en fout !
J'ai une rage malsaine au fond de moi. Elle était si minime une semaine avant, enfouie sous la colère du moment. Et maintenant, plus je le vois avec son sourire bienveillant - qui sonne tellement faux - plus elle grandit.
Je n'ai jamais éprouvé de tels sentiments. Ils sont comme un poison, lent et dévastateur. Infectant mon sang au fil des jours. Ne me donnant plus qu'une seule envie : celle de me venger et de faire mal.
De leur faire mal. A tous les deux. Pour leur rendre la monnaie de leur pièce.
Je n'ai jamais fait une telle chose. Je n'y ai même jamais pensé. Mais là c'est plus fort que moi. Et je ne sais pas du tout comment m'y prendre.
La simulation de la veille est déjà un bon point de départ, non ? J'ai réussi à me déconnecter de mon corps. A passer outre ma haine et à me jouer de cet homme si sûr de lui et de ses atouts. Hier soir, ceux-ci ne m'ont rien fait. Ils m'ont dégoûtée.
J'ai été une si bonne comédienne que j'ai failli prendre mon pieds à le regarder s'activer, alors que mon corps ne s'éveillait pas sous ses caresses. Il était si concentré sur mon plaisir. Si appliqué la tête entre mes cuisses. Si brutal une fois en moi.
Et rien.
Pas une once de jouissance. Pas même un début.
J'ai failli échapper un rire victorieux à plusieurs reprises. Certes, il a pris son pieds et ne s'est rendu compte de rien, mais pour moi c'était un premier pas.
Vers quoi ? Je ne sais pas vraiment. Peut-être mon émancipation de cette fille "trop bonne, trop conne" que je suis en réalité. Malgré tout, je me plais à croire que je fais un pas en arrière. Juste un pas qui détache la ceinture me reliant à lui.
J'ose me dire, qu'un jour prochain, j'arriverai à trouver comment lui faire du mal.
Cette pensée m'obsède. De plus en plus.
Je me retrouve donc là, en ce début de soirée, à chercher désespérément ce que je pourrais porter. Que met-on pour féliciter quelqu'un qui vous trahit ? Que passe-t-on pour sourire à ses faux culs au lieu de leur cracher au visage ?
Je n'ai qu'une seule image, et elle me fout des frissons tellement je n'en ai pas l'habitude : une robe de pétasse. Une tenue qui remettra tout en question. Qui me confortera dans l'idée que je suis prête à tout. Ou du moins que je m'y prépare.
Sauf que je n'en ai pas...
On ne se refait pas. Je ne suis pas devenue une pouffiasse, moi. Loin de là.
Je ne suis pas douée, pas faite pour ces tromperies. Je vais désespérer si je ne trouve pas la solution. Il faut que quelqu'un me la donne parce que toute seule, je n'y arriverai pas.
Je devrais rompre sans me poser de questions et refaire ma vie.
Puis quoi ?
Je retomberai sur le même genre de mec. Si tendre, drôle et charmant et je me ferais avoir de nouveau. Non, non et non. Je ne remets pas les pieds dans le même schéma. Fini d'être crédule et naïve.
Frustrée et épuisée de moi-même, je parcours mon dressing à la recherche de la tenue la plus affriolante qui soit. Tant pis pour mes complexes. Ce soir, je dois passer outre. Montrer à Matt ce qu'il pourrait perdre et le faire regretter.
Mais serait-ce vraiment le cas ? Après tout, mes formes lui plaisent beaucoup moins que fut un temps, et celles de ma sœur ont l'air de lui avoir tapé dans l'œil...
Cherche-t-il un substitut ? L'image de celle que j'ai été et qu'il a aimée si fortement ? Cela ne prouve-t-il pas qu'il m'aime toujours ?
Je soupire. Au bord des larmes.
Si seulement je pouvais me défaire de toutes mes pensées douteuses. Assumer mon besoin de faire mal. Au lieu de ça, je replonge dans mes questions inlassablement, et imagine une autre issue. Celle où je n'aurais pas découvert la vérité.
Je me donnerai volontiers une paire de baffe. La fatigue me gagne bien avant d'avoir entamé mon combat contre eux. Contre moi-même avant tout.
Tout cette situation me tape sur les nerfs. Et cela me donne l'impression de ne pas avoir le mental pour les prendre à leur propre jeu...
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Make me Bad [Publié chez Hugo Poche]
RomanceAncienne version de l'histoire avant édition. Retrouver «Make me Bad» 1 et 2 (La condamine) en vente sur les plateformes de téléchargement légal ! En version poche dans vos librairies ;) --- "Bien sûr que c'est une mauvaise idée. Très mauvaise. Et...