Chapitre 5

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Vert. Tout est vert autour de moi. Suis-je au Paradis ? Des cascades flottent toutes seules. Une petite clairière m'entoure, à la lumière du soleil couchant. Je m'aperçois que des variétés d'arbres et de plantes non découvertes par la science humaine poussent ici. Quel endroit bizarre !
Je me lève et me rend compte que ce voyage, cette téléportation (comme les Porte loin dans Harry Potter ! )m'a donné faim. Où pourrais-je trouver de la nourriture ? Toutes ces baies, ces fruits sont d'une couleur étrange. On ne nous a pas appris à l'école à reconnaître des fruits comestibles d'autres qui ne le sont pas. Peut-être trouverai-je un village avec des gens sociables qui me nourriront...
Je suis un petit cours d'eau. Des petits animaux fuient en me voyant. Tiens, un écureuil. Et une petite souris. Des belles fougères bordent le cours d'eau. Elle sont grandes, très grandes ! Après une heure environ de marche, toujours pas d'habitations en vue. La nuit commence vraiment à tomber. Je presse le pas.
Je commence à perdre espoir quand j'aperçois de la fumée au loin, à moitié cachée par la forêt. Ce n'est pas un pays abandonné au moins ! La fumée provient d'une jolie petite maison en bois avec un joli petit toit en paille. Une femme, d'à peu près quarante ans est assise devant celle-ci sur une chaise et taille un bâton. Elle a de courts cheveux bruns, un menton carré et des beaux yeux verts en amandes. Elle ne porte pas de souliers, juste un grand tissu brun-kaki qui lui sert de vêtements.

- Qui va là ? Elle s'exprime avec une voix plutôt grave pour une dame.
- Eh, bonjour, dis-je timidement à cette inconnue. Vous vivez-ici ?
- Pour sûr ! Qu'est-ce qui vous amène ?
Je lui raconte l'épisode de la pierre, suivie de ma téléportation - je crois que c'en était une. Je lui pose quelques questions, telles « Où sommes nous ? », « Qui êtes- vous ? » ou encore « Auriez-vous à manger ? ».
Elle me répond de sa voix grave :
- Nous sommes dans L'Entre-Monde et je suis Alaïse, gardienne de L'Entre-Monde. Quant à votre troisième question, si j'ai à manger, la réponse est oui.

Elle me fait pénétrer dans sa maison - le terme "hutte" serait plus approprié...- et me fait asseoir sur une chaise en bois massif. Une domestique nous apporte notre repas : des tulipes auxquelles on a retiré leur tiges, des pissenlits finement écrasés, de la sauge, de la menthe, des feuilles de trèfle soigneusement disposées dans un plat en acajou. Un plat de racines de réglisse trône au milieu de la table.
C'est seulement ça qu'on va manger ?!

- Eh, excusez-moi pour mon indiscrétion, mais nous allons manger des fleurs et des racines ? demandé-je surprise. Il n'y a pas de viande ?
- Nous autres, habitants de l'Entre-Monde et d'Adécrallia sommes Verdiiens. Nous sommes, comme vous le dites chez vous, des végétaliens.

Je m'imagine pas une vie sans viande ! J'adore la viande ! Les saucisses plus particulièrement. Je me rappelle quand j'avais environ un an et demi, mes parents m'ont fait goûter pour la première fois une saucisse de veau. Je n'y ai pas touché au début, je grignotais mon pain. Je regardais avec méfiance la saucisse, me demandant qu'est-ce que c'était. Je la regardais un peu avec la même tête que je regarde aujourd'hui les brocolis dans mon assiette que mon père me prépare. Mes parents m'avaient un peu forcée à y goûter, à cette saucisse, au début. Puis c'est moi qui en ai pris, sans demander mon reste. Un goût salé, moelleux, et nourrissant se répandait à chaque bouchée dans ma bouche.

- Vous et les habitants de quoi ? Adacréllia ?
- Adécrallia. C'est un autre monde que celui où nous sommes. L'Entre-Monde se situe entre votre planète, la Terre et Adécrallia. Nous nous trouvons dans une sorte de passerelle, un lien entre vous et où vous devez aller.
- Où je dois aller...?
- Oui, demain vous devrez vous rendre à Adécrallia. Vous ne pouvez rester ici. Je suis là pour guider les Terriens.

La même domestique qui nous a servi le repas me guide vers une chambre. Elle m'explique qu'un pyjama m'attend sur le lit. Après ma douche, je me glisse dans mes draps et songe à ma situation. Je suis chez quelqu'un d'inconnu, à qui je confie ce qui m'est arrivé, et en plus je suis dans un monde autre que celui où je suis née. D'après Alaïse, je suis obligée d'aller encore une fois dans un autre monde inconnu. Rien d'inquiétant. Haha ! Je ne sais pas pourquoi mais Alaïse ne m'inspire pas trop confiance. J'ai peur qu'elle me fasse un coup tordu. Mais à près tout pourquoi le ferait-elle puisqu'elle m'offre l'hospitalité ? Le gouvernement d'Adécrallia l'y oblige peut-être ?
À force de réfléchir je m'endors.

Δ

Le lendemain matin, petit déjeuner de feuilles d'érable avec confiture de fraises. Soulagement ! Ici ils mangent au moins des fruits. Alaïse me réexpédie dans ma chambre après  le petit déjeuner. Je mets mes chaussures et nous sortons, toutes deux, accompagnées de la domestique. Nous traversons une forêt de pins, de sapins et d'épicéas durant deux bonnes heures. Nous faisons une pause près d'une rivière.

- Vous voyez la montagne, là-bas ? me demande Alaïse. Un Porte-Mondain se trouve au pied de celle-ci.
- Un Porte-Mondain...? Qu'est-ce que c'est ?
- Un Porte-Mondain est une sorte de portail transparent qui transporte d'un monde à l'autre, récite-t-elle. Il apparaît toutes les heures. Il en existe aussi en boules rondes gris-bleues.
- Des boules rondes ?
- Je sais à quoi vous pensez, me coupe-t-elle. À la petite boule que vous avez trouvé dans vos pop-corn. Oui, la petite boule gris-bleu que vous avez trouvé est une sorte de Porte-Mondain, mais une particule de Porte-Mondain. Les petites boules ne servent qu'à ramener des Terriens, en toute urgence, qui passent par-là pour ensuite aller sur Adécrallia. C'est plus discret à cacher, voyez-vous.
- À cacher dites-vous ? Ce serait volontaire ? On aurait essayé de m'amener ici de force ?
Je sens la colère monter en moi.
- C'est un peu le principe, m'avoue-t-elle.
Je m'apprête à lui demander dans quel but on m'amènerait là quand elle me dit :
- Voilà le Porte-Mondain.

Je lève les yeux et découvre un miroir tout simple. Je m'attendais à quelque chose de plus majestueux ! Le miroir est tout simple ; c'est une surface trouble, je n'y vois pas mon reflet. Il a un cadre blanc très sobre. Pas de décorations, pas un brillant, pas une couleur. Juste du blanc.
- Bon voyage !
- Mais...essayé-je de dire
- Bon voyage Mlle Garoche !
Et je me sens basculer à travers le miroir.

AdécralliaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant