Chapitre 6

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C'est le noir complet. J'ai beau tourner la tête de tous les côtés ; il y a du noir partout. J'entreprends de me lever à l'aveuglette. J'ai les membres endoloris, sûrement à cause de mon changement de monde. D'ailleurs suis-je déjà à Adédrallia ? Je ne sens que le sol sous mes pieds. Suis-je à l'extérieur ? Non, je ne crois pas : il fait une chaleur accablante pour la saison. Je suis donc dans une salle, à l'intérieur. Mais est-elle grande ? Je fais le tour de l'endroit en caressant les murs. Qu'ils sont doux ! Ils doivent comporter des tapisseries finement brodées ou du velours. J'atteins le troisième mur quand je me cogne à quelque chose. Aïe ! J'ai maintenant le genou endolori. C'est sûr Julie ! Tu viens de te taper. Oui, bon, répondé-je à moi-même.
Je me touche les cheveux et me frôle la jambe. Tiens. C'est bizarre. Je la retouche. Je ne sens sous ma main que de la peau. Mais je ne suis plus avec mon jean et mon t-shirt New-York ! Je suis nue comme un ver ! Qu'a-t-on fait de mes habits ? Je cherche par terre ma tenue initiale, sans succès. Je me rassieds par terre et me mets en boule, essayant d'oublier ma nudité. Et si il y avait des habits dans le meuble dans lequel je me suis cognée ? Je me lève rapidement et marche jusqu'au meuble en question. Je le tâtonne et réussis à l'ouvrir. Il s'agit d'un coffre. Dedans je découvre des tissus. Mais n'ayant pas de lumière pour les identifier j'en choisis un au hasard. Je l'enfile par le haut ; il s'agit d'une robe. Comment elle est, je l'ignore. Je sais juste qu'elle a un petit col et m'arrive aux genoux. Je m'allonge par terre et réfléchis, ainsi vêtue.

Je me réveille en sursaut. Il y a un bruit dans une pièce voisine. Je me lève rapidement, touche les murs de ma main droite. Je m'arrête pour écouter ; rien. Juste du silence. Je me rassieds donc à même le sol. J'ai dû m'endormir avant ce bruit, sans m'en rendre compte ! Je pense que j'y ai passé plusieurs heures. Je me le saurai peut-être jamais, j'ai été assez bête pour ne pas mettre ma montre le jour de la visite de Nora... Passerai-je le reste de ma vie dans cette chambre sans lumière ? Personne ne viendra me chercher ? Sait-on seulement en dehors d'Alaïse et de sa domestique que j'étais sensée aller sur Adécrallia ? Mes parents doivent être mort de peur de voir que j'ai disparu depuis eeehh... Deux jours ! Et moi je n'ai même pas pensé à eux pendant ce laps de temps ! Quelle fille ingrate je fais !
Je me prends la tête dans les mains. Dans quoi me suis-je fourrée ? Je pleure et m'endors.

Une lumière abondante me tire de mon sommeil.
- Allez, réveille-toi ! me crie-t-on.
J'entrouvre les yeux et vois à travers la lumière un homme, un soldat apparemment. Il porte une un simple tissu brun-kaki en guise de vêtements, semblable à celui que portait Alaïse. Une grosse ceinture est attachée à sa taille, portant une grosse machette.
- Suis-moi, m'ordonne-il. La reine te demande.
Il me pousse dehors de la salle qui m'a abritée cette nuit et je découvre un monde extraordinaire. Un palais et ses jardins, une ville entière et de la campagne s'étendent devant moi. Je suis sûre ne jamais avoir entendu parler d'une ville pareille. Chose plus étrange et extraordinaire encore, tout ce paysage flotte dans les airs ! Sous mes pieds, sous le sol en verre il n'y a que des nuages. Des nuages à perte de vue.
- Waou ! lâché-je.
- Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ? On dirait à ta tête que tu n'as jamais vu la ville de son Altesse.
- Eh bien, c'est que je ne suis jamais venue...
- Ah. Bon, suis-moi, me dit-il en me poussant. La reine s'impatiente et il n'est jamais bon de laisser un souverain s'impatienter.
Il ponctue sa phrase en se frottant le cou.

Nous sortons du bâtiment où se trouve la salle où je me suis retrouvée et traversons les jardins. De longues avenues les traversent. Plus nous avançons, plus le palais est imposant. Nous passons ses énormes portes en bois ornées d'or et pénétrons dans la salle du trône. C'est une grande salle rectangulaire, à très haut plafond. Un long tapis rouge mène jusqu'à, ce qui me semble être un trône sur une esplanade. Autour de celui-ci sont sculptés deux grands lions, taille réelle. Je cherche des yeux la reine, qui visiblement n'est pas sur son trône, quand une voix dit depuis la droite de la salle :
- Merci Baler, vous pouvez disposer.
- Ma reine, dit mon guide en faisant une révérence avant de s'en aller.

AdécralliaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant