chapitre 6 "cauchemar"

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Il ne m'avait pas menti. Le lendemain, Edleen n'était pas là lors du lever. Il y avait juste l'une des femmes de chambres. Les cheveux châtains, à la limite du brun, la peau mate et les yeux bleus, elle était très belle. Comme sa semblable, elle évitait de croiser mon regard, gardait la tête baissée et restait silencieuse. Cela me fit un petit pincement au cœur qu'elle pensait que j'étais comme ces égocentriques narcissiques.
Alors qu'elle me coiffait, je lui adressai un sourire dans le miroir. Elle y répondit par un petit sourire crispé. Elle semblait morte d'inquiétude. Ses mains tremblaient comme des feuilles, je la sentais mal à l'aise. Je me retournais pour lui faire face.

-Tu sembles nerveuse, que ce passe-t-il ?

Elle plongea dans une courbette exagérée, son nez touchant presque ses genoux.

-Que son Altesse me pardonne, j'étais distraite. Cela ne se reproduira plus.

Je secouai la tête :

-Tu n'as pas à t'inquiéter, tu ne risques rien avec moi. Et je t'en supplie ne m'appelle pas « altesse ».

Elle poussa des yeux, très étonnée de ma réaction. Je ne pus m'empêcher de rire.

-D'accord d'accord, appelle-moi « altesse » en public et Mayda en privé ?

Elle hocha la tête et commença enfin à se détendre.

-Et toi, comment t'appelles-tu ?

Elle se tue quelques secondes.

-Je m'appelle Herica.

Je lui fis un sourire amical.

-Enchanté, Herica.

Puis, soudainement, son sourire disparut, comme si elle craignait quelque chose. Je l'interrogeai du regard, elle murmura comme si elle avait peur qu'on nous entendent.

-Je suis désolée, mais on m'a formellement interdit de vous parler. D'habitude nous n'avons pas le droit d'adresser la parole aux Nobles sans en avoir été invité. Mais là, c'est différent. C'est-à-dire que même si vous entamez une conversation avec moi, je dois vous ignorer.

J'étais abasourdie:

-Tu ne dois pas me répondre !?

Elle hocha la tête.

-Qui t'as dit cela ?

Elle hésita un instant.

-Tu peux parler en toute confiance, je ne te dénoncerai pas.

Elle garda les yeux fixés au sol et dit à voix basse:

-C'est la gouvernante du château, mais j'imagine qu'elle a reçu les ordres du dauphin lui-même.

-Cela ne m'étonnerai pas. Hier, nous nous sommes  fortement disputés. La preuve.

Je lui montrai la marque de sang séché sur ma lèvre. Elle me regarda, horrifiée.

-Il vous a bousculé ?

Ce fut à mon tour d'être gênée. Après tout, je me confiais à elle alors que je venais de faire sa connaissance. Mais avec qui donc pourrais-je discuter ? Et puis, je ne voyais pas pourquoi elle me trahirait surtout que mes confessions pourraient lui attirer de graves problèmes.

-On peut dire cela, oui.

Herica me fit un sourire compatissant:

-J'ai vécu une histoire semblable à la votre. Mon père battait ma mère et quand je suis arrivée à un âge ou je pouvais marcher, ce fut à mon tour.

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