Je me réveillai en sueur dans mes draps confortables, avec un sursaut brutal, l'état plus piteux que jamais.Tous les membres de mon corps étaient secoués de spasmes incontrôlables, et mes joues inondées de larmes me brûlaient affreusement. Mais le plus terrible, c'était l'incommensurable douleur qui s'était logée dans mon cœur, et la peur, la peur qui me vrillait le ventre sans retenue.
J'avais si peur.
J'inspirai profondément, étouffant les cris qui souhaitaient sortir de moi, s'échapper, me libérer. Mais songer que me laisser aller puisse me délivrer relevait - définitivement - d'un pur mensonge. J'étais à jamais prisonnière muette, claquemurée dans mes tourments, assaillie par des lames ardentes qui transperçaient mon âme. Je me recroquevillai alors silencieusement, endurant le martyre qui s'était éteint un moment mais qui renaquit cette nuit.
Pourquoi ? L'extase d'un baiser, la joie de pouvoir sortir de ce monde... Pourquoi cela avait-il fait renaître mes cauchemars ? Pourquoi ne pouvais-je point être un peu... heureuse ?
Même si "cauchemar" n'était pas le mot. "Souvenir" était - un brin - plus véridique.
Mon poing s'abattit devant moi, rencontrant dans l'obscurité la surface dure et glacée du mur. On ne pouvait pas échapper au passé, aussi douloureux était-ce. Je devrais le savoir depuis le temps. Pourtant, mon présent, ce présent là, semblait si miraculeux. Je désirais tellement le vivre aujourd'hui. Je me mis inconsciemment à caresser le mur en me souvenant que Jey se trouvait derrière.
Alors que je m'abîmais dans des pensées à son égard, une idée germa lentement dans mon esprit - une idée inimitable par son manque de finesse. Tellement simple... tellement séduisante. J'essayai de me retenir. Il suffisait de rester là, de ne pas bouger. D'attendre - d'espérer - la fin de la nuit, et de saisir la lumière dès qu'elle ferait son apparition, comme je l'avais toujours fait. Mais il me semblait que chaque recoin de mon être en avait assez d'attendre dans les ténèbres.
Sans que je puisse les en empêcher, mes pieds s'échappèrent des draps, glissèrent sur le sol, puis mes jambes, complices, me soulevèrent et me firent traverser la pièce, dans la ravissante nuisette claire que m'avait prêtée Maria. Mes jambes m'emmenèrent dans le couloir, juste devant la chambre d'à côté. Là, elles cessèrent leur œuvre, attendant irrémédiablement que je frappe.
Je pinçai les lèvres. Qu'allais-je dire ?
Aucune importance, répliqua une partie de mon esprit. Frappe.
J'obéis. Deux coups résonnèrent dans la maison. J'attendis quelques instants, plus anxieuse à chaque seconde. Alors, la porte s'ouvrit doucement.
Jey m'accueillit, les cheveux en bataille, la mine soucieuse. Il était si beau lorsqu'il s'inquiétait. Aussitôt que je croisai ses prunelles d'ébène, une chaleur suave envahit mon cœur.
- Hélène ?
- Désolée, je... je n'arrivais pas à dormir.
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Hélène
ParanormalIl me faut fuir. Encore et toujours plus loin, car mon secret m'y oblige. Mais quand Jey, un soldat séduisant, désobéit aux ordres au lieu de me tuer, tout devient alors INFINIMENT plus compliqué... Hélène n'a que 19 ans, pourtant, elle est recherch...