Chaque jour, est un calvaire pour quelqu'un. Le saviez-vous? Aujourd'hui est un calvaire pour moi. Cela fait sept cents trente-un jours que la vie est un calvaire, depuis qu'Élise est partie. Mais mon calvaire n'a encore duré que deux ans tandis que celui de Marie l'aura fait souffrir de nombreuses années. Je vais vous les narrer dans nos deux récits et comment tous deux nous nous sommes rencontrés. Tout d'abord, permettez-moi de me présenter brièvement afin que dans la rue vous puissiez me reconnaître si vous le souhaitez.
Je me prénomme Alain Pierre Du-bosquet et cela fait cinq dizaines et sept années de vie à mon compteur. J'espère que cela s'arrêtera bientôt. A quoi bon vieillir seul? Je suis presque toujours habillé comme ceci ; un costume gris, une chemise blanche cintrée, des chaussures oxford noir accompagné d'un mouchoir de poche bleue en souvenir d'Élise.
A mon âge, le miroir est une épreuve chaque matin, malgré le fait que je sois selon, mon maigre entourage, un bel homme. Je dois vous informer cher lecteur qu'au moment où j'écris ce récit, je suis condamné. La mort est à mon chevet et attend le moment propice pour en finir avec moi. Je fuis la vie et la lumière pour trouver refuge au passé, le noir et la solitude. Ma femme était ma vie, ma lumière et mon soleil, vous comprenez bien que sans elle, je plonge dans tout ce qui est contraire.
Je ne suis guère ce que l'on appellerait un homme sociable, chaleureux et aimant. J'ai été le contraire la plupart du temps. J'étais de ces patrons désagréables mais courtois, dont le seul objectif était de maximiser les capacités productives de mes salariés.
Ma rencontre avec Marie s'était faite peu après mon départ en retraite, vous savez quand on est heureux d'arrêter de travailler et que l'on planifie ses vacances. Nous savons tous que malgré toute cette planification, six mois plus tard, on est toujours coincé à la maison à se demander quoi faire à part regarder la télé et grossir. C'était un lundi matin de Juillet à Paris, il faisait beau et le soleil promettait d'être au rendez-vous. Je me levais à six heures comme d'habitude pour courir, l'air frais du matin me procurait toujours du plaisir. C'est à cette heure que je me sentais intime avec la nature, la rosée qui s'était déposée sur la verdure m'effleurait les cheville quand je passais par la forêt. Je me sentais revivre dans la solitude et la quiétude. De retour dans mon appartement, je me sentais étouffé et décidais après avoir mangé d'aller faire un tour dehors.
J'apprécie beaucoup les voitures anciennes, vous savez celles sans GPS intégré, ni Bluetooth, ni caméra de recul et toutes les nouvelles technologies pour encombrer le chauffeur. Je me glissais dans mon Aston Martin V8 et l'odeur qui vient avec l'âge d'une voiture pénétra mes narines et m'arrachait un sourire. C'est dans cette voiture qu'Élise et moi étions partis en lune de miel dans le Sud du pays sans se soucier de tout le trajet qui était devant. Au volant de ma voiture, je prenais conscience du caractère volatil de la vie, la futilité qu'elle devient quand on ne la vie pas comme on devrait. On regarde la vie comme on ne l'a presque jamais vu avant. Assis derrière mon volant, je remarquais le bruit incessant, les tensions sur les visages des autres automobilistes marqués par le creusement des rides sur le front. La quasi totalité du monde était triste, énervé, on aurait dit que la mort pendait sur chacun d'eux prête à frapper et à les gratifier d'un soulagement matériel qu'ils ne pouvaient dans leurs courtes vies assouvir. Ce que j'ai remarqué était également la rapidité de la vie, les gens ne prennent plus le temps de faire les choses, les cous sont penchés en avant tels des lampadaires pour regarder cet écran lumineux qui dicte leurs vies sans cesse. Tout est réflexe et habitude, l'automatisme de Ford a gagné les mentalités avec l'essor du smartphone. Les autres chauffeurs quant à eux étaient tels des robots, à un feu rouge, le pied droit glisse en diminuant la pression sur l'accélérateur pour l'augmenter au niveau du frein plus à gauche. Certains crient, énervés: le chauffeur devant aurait pu aller plus vite, toujours plus vite. Tout doit être fait toujours plus vite dans cette ville de l'amour, cette ville qui m'a donné ma dulcinée. Elle est devenue un brouhaha international, constituée de vas et viens incessants visant à je ne sais quelle plénitude matérielle. J'arrivais enfin à destination ce matin, surpris de mon degré de conscience dans la voiture. Auparavant, le trajet aurait été rempli de calculs sur le prochain article à écrire, des sujets passionnants qui pourraient intéresser les lecteurs, et à cet instant tout cela semblait appartenir à une vie lointaine, enterré dans le passé. Je pensais rentrer dans le café mais il faisait trop chaud et l'intérieur était bondé ce matin, je devais donc me contenter de la seule table libre dehors. Le serveur arriva derrière moi et me fit sursauter par sa voix.
"Avez-vous fait votre choix monsieur?", je lui ai lancé un regard légèrement énervé qu'il ne perçut pas puisqu'il regardait déjà ailleurs. Pour ramener son attention je lui dicta ma commande " un double expresso s'il vous plaît". Me gratifiant d'un sourire forcé, il s'en alla vers l'intérieur et revint avec ce que j'avais commandé.
J'étais sur le point de goûter mon café quand je remarquais qu'une jeune femme à la silhouette élancée venait de se placer devant moi. "Pourrais-je m'asseoir à votre table, car la terrasse est déjà bondée?". Sa voix était douce et enivrante, le soleil était haut et je n'apercevais pas vraiment son visage. En temps normal j'aurais refusé, mais je ne sais pourquoi dans cette situation je me sentais enclin à accorder à cette jeune femme une place près de moi car quelque chose me disait à l'époque que nous devions nous rencontrer. "Asseyez-vous donc madame."
Marie avait un visage légèrement rond, une bouche assez pulpeuse, des yeux d'un brun tellement profond que sur le moment je pensais qu'ils étaient noirs. Ses yeux semblaient ne pas correspondre à ce visage qui avait l'air fatigué. Rétrospectivement en écrivant cette rencontre, elle portait également un lourd fardeau sur ses épaules. Ses yeux brillaient, pas de cette lumière que l'on voit dans le regard des gens gaies, mais une lumière mystérieuse qui semblait vous inviter à chercher qui elle était vraiment. Elle était vraisemblablement plus grande que moi de cinq centimètres sachant que je ne fais qu'un mètre soixante-dix. Sa peau était d'un brun claire, on aurait dit qu'elle était bronzée, ses ongles vernis d'un rouge élégant et ses escarpins noirs lui conféraient une élégance qui suggérerait qu'elle serait du sang d'une élite famille Africaine.
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Le Revers d'un Rêve.
Short StoryCe livre est une tentative d'apporter de la lumière sur un sujet qui me tient à cœur; le fait d'être un étranger ou une étrangère. Ce n'est qu'une tentative et des modifications seront apportées grâce à vos critiques constructives. J'espère que vous...