Francine était née à Marseille et était l'unique enfant de ses parents . A dix ans, son père s'est noyé dans l'eau pendant qu'il péchait sous une tempête. Elle avait donc été élevée par sa mère et à ses vingt-neuf ans, elle a décidé d'épouser un jeune homme charmant qu'elle avait rencontré et dont la famille possédait ce motel. Ils ont eu deux beaux enfants, Jérôme qui travaille ici et Laetitcia qui habite dans le Nord et qui était tombée enceinte à seulement dix neuf ans d'une fille. Laetitcia s'était progressivement éloignée de sa mère jusqu'à ne plus l'appeler. Francine souffrait de cet éloignement mais elle n'y pouvait rien.
En partant deux semaine plus tard avec Francine vers la gare de Marseille, deux cents-dix euros en poche, Marie était heureuse d'avoir fait la connaissance de Francine, heureuse qu'en France il n'y avait pas que de méchants racistes ou des personnes indifférentes à la souffrance mais que de bonnes personnes existaient toujours sur terre.
Elles sont allées se renseigner à l'accueil afin de connaître combien coûtait le billet. " Quatre vingt dix euros le billet s'il vous plaît". C'était très cher quand même, près de la moitié de l'argent qu'elle avait gagné. Elle a compté tant bien que mal et payé son billet. Le train était dans une heure, fallait donc attendre après avoir dit adieu à Francine. Elle portait une paire de jeans noir, un pull noir épais et un manteau, qu'elle avait eu chez Francine dans le motel. Elle n'avait jamais connu un tel froid dans sa vie. Mais ce qui était presque aussi beau que le fait d'être toujours en vie était de voir la neige. Ces boules de 'nuages' qui descendent du ciel avec une lenteur et une douceur pour venir se poser sur votre peau, créant un frisson, un sourire. La neige qu'elle voyait allégeait son cœur, la remplissait d'espoir malgré le pénombre. L'heure du départ de sont train approchait, elle s'en alla donc vers le quai 4 où allait passer le train en direction de Paris Gare du Nord."Mesdames et messieurs, le train numéro dix huit mille neuf cent soixante trois en direction de Paris Gare du Nord entrera en gare au quatrième quai. Veuillez faire attention au niveau du marche pied. Bon voyage". Les portes du train s'étaient ouvertes, elle est montée pour la première fois de sa vie dans un train. Elle s'est avancée vers un siège vide et s'est assise. Plus tard une jeune femme est venue s'asseoir près d'elle. Elle a sortit son ordinateur high-tech et s'est mise sur excel à taper des chiffres tellement grands à vous donner mal à la tête. Le train partait, Marie regardait par la vitre et constatait la vitesse du train qui augmentait chaque seconde. Elle cessa de regarder par la vitre par peur et essayait de se concentrer sur la jeune femme qui était assise près d'elle. Elle semblait avoir la trentaine, une jupe crayon noir, une chemise d'un blanc éclatant, des escarpins rouges, un sac noir et un manteau long noir. Elle remarquait que son visage était long, un caractère élégant. Elle avait des lèvres assez pulpeuses pour une blanche, couvertes d'un rouge à lèvre rouge mate. Elle avait les cheveux attachés en un chignon très élégant, ses mains douces écrivaient avec une rapidité déconcertante sur le clavier. Marie n'arrivait pas à suivre. Quelques instants plus tard la jeune femme lui adressa la parole pour la première fois. Elle semblait d'abord juste constater qu'elle était à côté d'une africaine car elle fronça les sourcils en voyant Marie. "Excusez moi, pourriez vous surveiller mes affaires? Je vais me mettre à l'aise?" Marie la regarda d'un air incrédule qui disait "je ne sais pas de quoi vous parler la blanche mais je vais dire oui". "Oui madame je vais surveillez vos affaires, aucun voleur n'y touchera." Elle la regarda d'un air amusé et s'en alla derrière. Marie restait là à surveiller les affaires, guettant le retour de la jeune dame qui arrivait d'un pas qui tournait les têtes de tous les hommes présents. Il fallait dire qu'avec sa taille et sa silhouette divine il y avait de quoi se retourner jusqu'au torticolis. Marie aussi était envoûtée par cette femme, elle l'admirait, elle voulait être comme elle un jour même si elle ne savait pas comment y parvenir. Elle la regardait s'asseoir sans vraiment en prendre conscience. "Merci d'avoir pris soins de mes affaires. Je suis Aurélie et vous?" Elle tendait la main à Marie, un geste que Marie n'avait pas l'habitude de faire. Elle donna néanmoins sa main et sentit la poigne forte de la femme en face d'elle. Elle n'avait pas encore donné son nom.Marie se sentait à l'aise en présence de cette femme, sans le savoir, elle venait de rencontrer la femme qui allait changer sa vie.
"Et vous êtes?" -Marie, je m'appelle Marie Onkola et j'ai seize ans et je viens d'Afrique. "Et bien toutes ces informations! J'ai trente ans. Alors que fais tu dans ce train en direction de Paris? Une fugue?" Marie ne savait pas ce que c'était qu'une fugue et son interlocutrice l'avait compris. "Dis moi d'où viens tu?". "Je viens du Sénégal. Et c'est quoi une fugue ? »
-C'est quand un enfant décide de fuir ses parents en les causant beaucoup de soucis. Ce n'est vraiment pas bien.
-Vous avez déjà fait une fugue alors si vous connaissez la définition si bien.
-Oui j'en ai fait dans ma jeunesse et je le regrette. Le Sénégal est loin alors comment es tu arrivée ici Marie ?
-Je suis arrivée par un bateau de fortune en Italie puis je suis montée dans un navire en cachette pour atterrir au port de Marseille.
-Ça fait un sacré bout de chemin. Où sont tes parents?
-Ils sont au Sénégal. Ils m'ont envoyé ici.
-Tu veux dire que tes parents t'ont envoyé sur ce périple sachant que tu pouvais mourir sur le chemin?
-Oui madame.C'est une pratique courante vous savez ? La galère est au pays et il faut s'en sortir. C'est moi l'aînée donc c'était à moi de partir.
-Combien de temps à duré ton voyage alors ?
-Je suis sûre que c'était plus d'un mois et demie. Mais vous savez perdu au milieu de la mer il n'y a pas la notion de temps, que d'espace bleu.
-Cela a dû être difficile pour toi. Tu es si jeune.
-Chez nous, on apprend à être grande très vite.
-Ici on apprend trop tard.
Aurélie était intriguée par cette jeune damoiselle aux yeux noirs et au petit corps en face d'elle qui sortait de l'ordinaire.
-Depuis combien de temps es tu arrivée en France ?
-Un peu plus de deux semaines.
-Et tu aimes ?
-Ça va, je découvre le froid le plus dur de ma vie. Au Sénégal, y a pas de froid mortel comme ça.
-Je parie que non.
-Et les gens ne sont pas gentils parfois. J'ai rencontré des racistes aussi. Pas du tout aimable comme vous.
-Il y a de tout en France tu verras, il y a des personnes agréables et des personnes moins agréables comme tu as déjà pu le constater. Comment as tu vécu durant ces deux semaines ?
-Oh j'ai dormi la première nuit sous un tunnel très sale avec un homme pauvre que j'ai rencontré au bord de la route, le deuxième soir j'ai dormi cachée dans une église et puis j'ai rencontré une gentille dame qui s'appelle Francine qui m'a hébergé en échange de travail et me payait quinze euros par jour afin que je puisse acheter mon billet de train pour aller à Paris.
-Tu semble avoir beaucoup souffert mais tu souris. Comment fais tu cela ?
-Qu'est ce que j'y peux moi. J'ai été envoyé, je dois me débrouiller je n'ai pas le temps de pleurer.
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Le Revers d'un Rêve.
Historia CortaCe livre est une tentative d'apporter de la lumière sur un sujet qui me tient à cœur; le fait d'être un étranger ou une étrangère. Ce n'est qu'une tentative et des modifications seront apportées grâce à vos critiques constructives. J'espère que vous...