Le bateau avançait à une bonne allure quand le moteur s'est arrêté brusquement, le capitaine a essayé de rassurer ses passagers en affirmant que ceci n'était rien de grave, il était expérimenté mais l'agacement des gens, mêlé à la peur concocta des murmures diverses; "Je savais que je ne devais pas monter dans cette pirogue de malheur" dit une femme dans sa grande robe imprimé africain, "je commence à avoir peur moi, le voyage sans moteur sera compliqué!" protesta une des jeunes filles qui était dans le taxi avec Marie. Le capitaine s'énervant dit "si vous ne voulez pas rouler dans le calme, jetez vous à l'eau!" ce qui était suivi d'un "hé!!" par tous ses passagers mais ses paroles avaient eu l'effet qu'il voulait; la révolte était terminée.
Étant donné que le moteur était momentanément indisponible, il fallait ramer, ce qui ne plaisait guère aux passagers. Mais ce qui les préoccupait le plus était l'orage qui approchait, ils entendaient des grondements de tonnerres après juste un peu plus de deux heures de voyage. Le capitaine du bateau était inquiet, la petite cabine du bateau n'allait pas pouvoir accueillir tout ce monde si le tonnerre se manifestait de manière violente. Ses craintes étaient fondées, une pluie torrentielle s'était abattue sur les voyageurs, ils ont essayé de se nicher dans la petite cabine mais c'était impossible, l'une des femmes africaines était ronde et prenait plus de place que les autres. Les hommes ont décidé de rester en dehors de la cabine et de subir la pluie et le vent tandis que les femmes étaient protégées à l'intérieur. Elles se demandaient ce que le sort leur réservait maintenant.
« Peut-être que le capitaine ne sait même pas comment aller en France et il va nous mener vers notre perte. » dit une des jeunes filles qui se prénommait Monique.
-Ce n'est pas le moment de penser à des choses comme ça ma fille. Espérons que la pluie ne nous détourne pas de notre route et qu'il puisse nous ramener sains et saufs avec l'aide de Dieu. » rétorqua la femme ronde. Elles sentaient les secousses que créait la tempête, la peur montait encore et encore dans le cœur de Marie. Terrifiée, elle se demandait si ce n'était pas la fin, si sa jeune vie n'allait pas être brusquement arrêté pour de l'argent. Ses parents, sa famille, elle ne les reverrait peut-être jamais. Elle faisait un résumé rapide dans son cerveau de sa petite vie, ses premiers pas, son entrée en sixième qui était difficile car elle était timide et intelligente. Pendant une année elle était le souffre douleur de sa classe et n'avait pu s'affirmer qu'en milieu de cinquième grâce à sa première bagarre.
Elle était assise à son banc serrée près de ses deux voisines, Maya et Toni. Une fille nommée Faustine, la beauté après laquelle tous les garçons couraient est venue lui chercher des bringues.
« Bouge de là petite c'est ma place. » Marie ne la regardait pas car elle ne pensait pas que c'était à elle que Faustine s'adressait. Mais Faustine lui poussait la tête et la forçait à lever les yeux, « je te dis de te lever. » répéta Faustine d'un ton autoritaire. Marie se leva, la regarda dans les yeux et la poussa contre un autre banc. Faustine se leva et se jeta sur Marie et les deux filles échangèrent des coups de poings, des gifles et des griffes d'ongles tranchants tandis que le reste de la classe était dans une euphorie digne d'un mare de fous furieux. Les bruits que faisaient les autres élèves alertèrent l'un des professeurs qui rentra dans la classe et cessa la bagarre avant de conduire les deux élèves dans le bureau du proviseur. Les deux élèves ont écopé d'une suspension de trois jours avec travaux dans le collège.
Rétrospectivement, en repensant à cette événement, elle était fière d'elle, de n'avoir pas cédé comme elle le faisait avant et malgré la punition, les autres élèves avaient plus d'estime pour elle .
Des heures passaient et chaque seconde le petit quatuor de femmes priaient Allah, c'est dans des moments si difficiles que l'homme rencontre vraiment Dieu. Quand il est poussé dans ses retranchements et que les forces de la nature se déchaînent contre lui, la foi se manifeste tel un démon qui jailli des profondeurs pour surprendre son hôte. Les hommes quant à eux retenaient le voile du bateau afin que ce dernier ne se retourne pas et ne les pousse à la noyade. Quelques heures plus tard, la tempête semblait être en train de se calmer, la pluie était entrain de cesser et les hommes étaient essoufflés.
« Seigneur, on a faillit mourir là ! » dit un homme à la carrure imposante. « Merci mon frère, grâce à ta force, on a réussi à tenir le voile et à éviter la mort » répondit le capitaine. Le soleil allait être au rendez-vous et les hommes décidaient de se sécher tandis que les femmes sortaient de la cabine et découvraient le désastre qu'avait causé la tempête. Leurs affaires étaient trempées et au moins la moitié de la nourriture n'étais plus comestible. Il fallait maintenant faire face à un nouveau problème encore plus dangereux, ils étaient perdus.
Le capitaine était le premier à constater le problème en regardant sa boussole, ils devaient aller ver l'est mais elle indiquait qu'ils allaient vers l'ouest. Il était inquiet en naviguant ce qui mettra la puce à l'oreille au dernier homme qui avait participé à leur sauvetage. « Capitaine, tout va bien ? »
-Euh...oui oui , je crois que ça va.
-Vous croyez ? Il y a un problème mais vous voulez le cacher ?
-Bon, je crois que nous sommes perdus. »
Tout le monde se tourna vers le capitaine, les yeux prêts à sortir de leurs orbites. Ils venaient d'échapper à la mort et ils étaient perdus. Marie se mit à pleurer, elle n'avait pas demandé à vivre cette aventure, ses parents l'avait envoyé pour mourir dans la mer. Leur argent était parti dans le vide, elle n'allait sûrement pas mourir dans l'immédiat se dit-elle mais elle allait errer sur la mer avec le ventre rempli de faim et de soif jusqu'à ce que son corps cède et qu'on oublie qu'elle n'ait jamais existé.
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Le Revers d'un Rêve.
Historia CortaCe livre est une tentative d'apporter de la lumière sur un sujet qui me tient à cœur; le fait d'être un étranger ou une étrangère. Ce n'est qu'une tentative et des modifications seront apportées grâce à vos critiques constructives. J'espère que vous...