Femme De Voyou II

24.

3 jours plus tard
Janvier 2012

AZHAR

J'suis perché à la fenêtre de ma chambre, les yeux rivés sur la lune qui brille dans le ciel bleu. Ça fait plus d'une demi heure que je suis dans cette position, l'énergie épuisée d'avoir trop donné à penser. J'me prends la tête jour et nuit, qu'est-ce que ça m'fatigue.
J'fais que de gamberger au sujet de Neyla. Y'a qu'elle. Je sens qu'elle, je vois qu'elle, j'entends qu'elle.
Bordel, je ne veux qu'elle.

J'sais plus quoi faire pour nourrir mon besoin urgent de la serrer contre moi. J'ai l'impression d'avoir tout fait, tout donné et que plus rien ne fonctionne. J'suis désespérément à la quête d'un plan pour l'avoir. Il faut que j'fasses quoi de plus ?

Elle me manque, cazzo.

Deux coups contre ma porte me ramènent brusquement à la réalité. Je détache mon regard de la lune et me tourne pour voir ma mère passer le seuil de ma chambre.

Mamma - la porte était ouverte..

Elle me dit comme si elle s'excusait de m'avoir interrompu dans mes pensées.

- ouais, j'te rappelle que tu m'as forcé pour qu'elle le soit

Elle lâche un sourire coupable en s'approchant de moi qui me suis adossé contre le mur.

Mamma - pour que je puisse t'entendre si jamais il t'arrivait quelque chose

- comme quoi ?

Mamma - je sais pas... Un malaise ou une mort subite, qui sait

Je secoue la tête d'un air amusé.

- pourquoi tu penses toujours au pire ?

Mamma - parce que tout est pire quand il s'agit de toi

Elle soupire bruyamment d'un air las.

Mamma - comment tu vas ?

Elle avance jusqu'à moi en m'observant d'un œil inquisiteur.

- à ton avis ?

Mamma - j'en sais rien Azhar, tu ne dis rien et tu ne laisse rien paraître

- c'est que y'a pas de quoi s'inquiéter alors

Elle soupire en se massant le front.

Mamma - au contraire, ça m'inquiète encore plus surtout quand j'te vois aussi loin de la réalité.. Tu passes tout ton temps dans cette chambre, soit allongé ou soit sur cette fenêtre. Tu veux pas sortir un peu ? On peut aller faire un tour si tu veux..

Je lâche un sourire involontaire devant son air inquiet. Elle est tellement.. Tellement préoccupée par mon état. Ça me fait si bizarre.. J'ai toujours fait en sorte qu'elle ne s'inquiète de rien pour qu'elle ait à vivre sereinement et pas à flipper pour moi sans arrêt. Mais j'suis tellement bloqué sur Neyla que j'en ai oublié de jouer la comédie pour ma famille.

- tu veux aller marcher ?

Mamma - si t'en a envie.. Ça te changera un peu, nan ?