Chapitre 10.

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> Everhann

Il était près de 8 heures, j'avais passé le reste de ma nuit à tourner dans mon lit, à essayer de fermer les yeux pour ne plus penser à rien, à tenter en vain de trouver ce sommeil qui nous garde l'humeur bien au chaud, qui nous réconforte et nous fait dire que demain est un autre jour. Et aujourd'hui serait la continuité de ma soirée d'hier. Pas de coupure, toujours les mêmes idées en tête. Rien de bien. 

Je sortis de ma chambre. Ca sentait bon le pain grillé dans le hall de l'étage. Ma mère devait être déjà réveillée, mon père aussi. Nous étions dimanche. Après avoir pris une douche froide, histoire de me rafraichir les idées, j'enfilai un jean, un T-shirt et me maquillai pour je ne sais qui. J'étais sur le point de me sécher les cheveux quand j'entendis un bruit puissant qui me cloua sur place. Je jetais un regard par la fenêtre et vis, avec appréhension, une voiture de police garée devant la maison de Tobias.

Mon coeur s'emballe. Boum boum boum.

Tobias avait-il fait une bêtise si belle que la police elle-même le ramenait à la maison, menottes au poignet?

Les marches des escaliers défilent. Boum boum boum.

Ma mère s'apprêtait à ouvrir la porte d'entrée.

- Qu'est-ce qui se passe? Demandai-je, haletante.

- Je crois que ça vient de chez les Graham, dit-elle affolée.

J'ouvre la porte, laissant entrer la brise du désespoir. Boum boum boum.

Dans l'air, flottait un pressentiment. Cette voiture de police n'était pas là pour une erreur de jeunesse. Sur le pas de la porte de la maison voisine, je ne vis que du chagrin. Je m'arrêtai une seconde, je croisai les doigts pour que cette pause espace-temps perdure encore et encore.

Je cours aussi vite que mes jambes peuvent me porter. Boum boum boum.

Je contournai le grillage, arrivai devant l'allée des Graham. Un homme que je ne connaissais pas était posté là, sous le porche. Ses cheveux grisonnant étaient aussi ternes que son faciès. Tout tourne au ralenti. 

Doucement, mes pieds osent me conduire vers eux. Boum boum boum.

Je vis toutes ces larmes coulées et tombées par terre par vague. Les cris que poussaient Rita est le son le plus mélancolique et douloureux que le cœur de la Terre puisse entendre. Et le regard de ce mari, partagé entre le chagrin et la peur de perdre sa femme, est le plus désespéré que je n'ai jamais vu. 

- MON GARCON, hurle-t-elle, poignardée en plein cœur. MON FILS. MON TOBIAS! POURQUOI?!

Par ces mots pleurés, par cette détresse ambiante, par ces gestes tremblants, par ces regards apeurés, je compris. Et aucun fossé en dessous de mes pieds n'avait été aussi noir et profond qu'à cet instant.

Boum. Boum. Boum. Et nos cœurs s'arrêtent de battre. L'instant était lié à cette vague de désespoir qui nous désarçonnait un à un. Nous périssions tous sous l'accablante destinée qui nous était prédite. Les mauvais sorts continuaient à se jouer. 

Et ce cri qui sortait de la bouche d'une mère qui venait de perdre son enfant nous faisait mal. Tous mal. Que ce soit à ma propre mère qui serrait Kidy dans ses bras. Que ce soit à ce policier qui ne pouvait rien faire pour calmer la violente douleur. Que ce soit ces passants et voisins qui s'arrêtent devant la maison en se demandant pourquoi ces pleurs et qui retiennent leur souffle lorsqu'ils comprennent ce qui s'est passé.

Androids illness.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant