Chapitre 8.

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> Malory

Elle m'avait demandé de la suivre et j'avais trempé mes pas dans les siens. Ses yeux m'avaient tout dit.  Mais je n'avais pas encore tout compris. 

J'étais à l'arrière de la voiture à tenir la main de Margaret. Ses yeux voilés regardaient par dehors. Ses sanglots discrets la faisaient trembler. Elle était mal en point ... et je me sentais coupable. Après tout, n'était-ce pas par moi que Meg avait connu Sidney? 

Elle me regardait par le rétroviseur, je croisai furtivement son regard sans m'attarder. Me plonger dans ses yeux gris me ferait du mal comme les fois d'avant.

Everhann se gara près de l'hôpital, nous aidâmes Margaret à sortir de la voiture. La pauvre souffrait à  l'entendre gémir ainsi. Elle pleurait aussi, ne voulait pas aller plus loin par manque de force et de courage. Désormais, à chaque fois que je poserais mon regard sur elle, cette image me reviendra en tête, comme un boomerang. 

" Je rentre dans mon appartement après une dispute virulente avec Tobias. La porte est entrouverte, j'entends des petits cris et je la vois, allongée par terre. Affaiblie, éplorée, anéantie, battue par un type que je croyais mon ami. 

- Il ... sanglote-t-elle lorsque je la prends dans mes bras. Il a perdu les pédales quand je lui ai dit que c'était fini. Malory ... 

Il avait les yeux en sang. Il m'a frappé encore et encore. Il ... 

Les mots se transforment peu à peu en lourds sanglots. Elle qui était pourtant si joyeuse malgré tous les coups durs que la vie lui avait donné, elle perdait sa joie unique à chaque goutte de sang qui tombait à terre, à chaque hurlement de douleur qu'elle émettait "

Nous l'avions laissée, à contre cœur, à un médecin. Il nous avait dit qu'il voulait l'examiner et lui poser quelques questions. Margaret me serra la main pour que je ne parte pas mais je devais. Je ne voulais pas que le diagnostic de mon incompétence tombe juste devant moi. Je la laissai et rejoignis Everhann dans la salle d'attente. 

Je la toisai quelques minutes, caché derrière un mur. Elle ne fixait rien. Le vide. Elle avait l'air perdue, comme un enfant au fond des bois la nuit. Angoissée, presque terrifiée. Pourtant, Everhann, ce n'était pas son genre. Forte ... inexpressive.  - Tu n'as pas l'air bien, murmurai-je en m'asseyant à ses côtés.

Elle secoua la tête pour évacuer chaque sentiment qui l'avait poursuivi. 

- Tu t'inquiètes pour moi? sourit-elle.

Je l'avais toujours trouvé belle malgré cette haine qui nous tiraillait depuis pas mal de temps. Elle se disait infaillible mais je savais pertinemment qu'elle s'affaiblissait, seule dans sa salle de musique.

Je soupirai. La conversation était perdue d'avance, les vieux démons referaient surface, de toute façon. 

Mon ventre me faisait mal et ma tête bourdonnait. Une nouvelle fois, le manque refaisait surface. Je pensais que la descente passerait inaperçue mais la drogue revenait dans vos veines et vous rappelait que vous échouiez encore une fois. Je grimaçai essayant de cacher ma douleur dans mon hurlement de l'intérieur et elle le vit.

- Ça ne va pas? Me demanda Everhann, anxieuse.

- Si ... 

Je plaquai ma main sur mon ventre et dus me mettre debout pour chercher un endroit où vomir. J'entrai dans une chambre occupée, pris la première porte sur ma droite et déglutis tout ce que j'avais mangé depuis hier. Je restai penché au dessus de la cuvette, une brûlure m'incendiait la gorge mais plus je reprenais de l'air pour calmer la plaie, plus je toussais. Mes doigts se posèrent sur mon cou, de suite, ma trachée s'obstruait. La drogue que consommait Sidney était une saloperie que je n'avais pas encore essayé et aujourd'hui, je l'apprenais à mes dépends.

Androids illness.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant