Chapitre 13.

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Mon cœur battait la chamade. Non, je n'étais pas sûre de vouloir voir le film, mais il le fallait pour comprendre. Malory prit place, au plus près de moi. Nos jambes étaient collées, nos poults s'accélèrent lorsqu'une première voix se fit entendre.

- Tobias?! (je reconnaitrais la voix de Déi entre mille. Aussi neutre. Aussi grave.)

L'interpellé se détourna et quand il reconnut la silhouette, continua sa route.

- Je dois te parler, recommença Déi.

Tobias stoppa, secoua la tête et virevolta sur lui-même.

- Je me suis excusé ... Mais je sais que ça n'arrangera rien. Que ces simples mots ne peuvent pas réparer des gestes aussi ... répugnants.

Déi s'avança d'un pas élancé et quand il arriva face à Tobias, il lui dit:

- Tu n'avais pas le droit de lui faire de mal.

Déi n'était pas dans son état normal. Je le voyais à sa posture courbée, à sa voix trop expressive, à ses poings serrés. Le pire allait venir, j'aurais voulu me cacher les yeux, me boucher les oreilles ...

- Dis-lui que je m'excuse encore ... pleura Tobias. 

- Tu n'avais pas le droit de lui faire du mal, répéta Déi.

Le premier coup de poing parti, sans crier gare, fondant sur le nez de Tobias qui par le choc recula et tomba à terre. Surpris, il mit sa main sur son visage, quelques gouttes de sang gouttaient entre ses doigts. Je mis la main devant ma bouche pour étouffer ce cri, Malory m'attrapa l'autre main libre sur mes genoux. Je reculai un peu plus dans le fond du canapé pour espérer ne plus distinguer le son de la télé ni les images.

- Pardon, pleura Tobias ...

Déi s'approcha, se baissa, prit Tobias par le col et le releva. Je m'attendais à encore plus de violence lorsque Déi reprit:

- Tu n'avais pas le droit de lui faire ça. Pas le droit. Pas le droit. Pas le droit. Pas le droit. Pas le droit ...

Et le film s'arrêta net. Je me recroquevillai un peu plus. En quelques secondes, j'avais vu les larmes et le regret d'un ami, la déchéance et la violence méconnue de l'autre. Le fardeau semblait être bien plus lourd à porter que ce que je pensais. Je restai immobile, les pupilles calées sur la télé noire.

- Everhann, ça va? me demanda Malory.

Je ne réagissais pas, trop occupée à me repasser ces images dans la tête. Soudain, je me levai et courus vers la salle de bain. Je m'accroupis devant les WC et vomis de la bile qui me brûla la gorge, me faisant toussoter. 

Déi, dis-moi que ce n'est pas toi sur cette bande,

Que quelqu'un a voulu nous jouer une farce.

Que tu es innocent.

Déi, dis-moi que tu reviendras près de moi 

Car à cet instant plus que jamais,

J'ai besoin de toi.

- Je t'avais dit que ce n'était pas une bonne idée qu'elle voit ce film, grondait Manuela en me préparant une tasse de chocolat chaud.

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