Chapitre 1.

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                                     Cette histoire ne m'appartient pas.

Jerry contemple ce petit cahier rouge encore intact malgré les années et les souvenirs déchirés.

Il se penche un énième fois sur cette lettre aux mots délicats qui accompagnait le carnet dans le colis:

"  Monsieur, après votre visite surprise, vos coups de téléphone et autres innombrables mails qui m'ont poussés à bout, je vous envoie ce que vous m'aviez demandé. J'ai pensé vous en parler de vive voix mais, de peur d'oublier quelques détails importants, je préfère vous envoyer le journal que je tenais à cette époque. Lisez-le et brûlez le lorsqu'il ne vous servira plus. Le feu consumera mes mots et mes maux.

En espérant que vous en ferez bon usage. 

E.  "

Il sourit bêtement. Pourquoi a-t-il si peur d'ouvrir ce vieux journal intime?

Il connait la réponse : s'il publie cet article, il jouera sa carrière et aura surement le gouvernement aux trousses.

Journaliste. Celui qui dit la vérité à voix haute.

Celui qui révèle à la population les secrets que peuvent cacher les hauts dirigeants de la nation. Journaliste. Il a choisi ce métier pour cette montée d'adrénaline.

- Je ne reculerai pas, se dit-il serrant le carnet cramoisi entre ses mains.

Pris d'un élan de courage (ou de folie), il l'ouvre enfin.

Ainsi, une histoire commence. 

Entre les lignes, il comprendra ce drame qui a détruit tant de vies. 

Entre les mots, il rendra justice à toutes ses victimes à qui on a honteusement ôté la parole.

Je sais, c'est stupide. Je rigolais de ces filles qui étalaient leur vie sur un carnet. Mais maintenant, j'en fais partie. Mais, je fais dans la modestie. Je n'ai pas acheté de journal intime cadenassé, j'ai juste pris un vieux cahier qui traînait dans la chambre de ma sœur. 

Il y a un an, mes parents m'avaient envoyé voir un psychologue, j'étais devenue incontrôlable. J'y ai été, à contre cœur. Juste pour qu'ils me laissent tranquille. Et ce psychologue (que j'appelais docteur Dumbo vu la taille de ses oreilles) m'avait dit d'écrire tout ce que je n'arrivais pas à dire. Je trouvais cette idée stupide.

Mes parents avaient payé ce charlatan près de 140 pounds de l'heure pour qu'il me dise qu'il ne pouvait rien faire et que c'est moi seule qui devait résoudre le problème. Par simple esprit de contradiction, je n'ai pas écrit un seul mot sur ma vie pendant un an. 

Mais voilà que ça me prend. Comme ça. Un dimanche soir. Je ne cherche pas à savoir pourquoi. Si cela se trouve, dans deux jours, je jetterai ces lignes à la poubelle.

Ma vie, ce n'est pas une histoire que je couche sur du papier quadrillé. Ma vie, c'est un ramassis de petits grains de haine, de colère, de grimaces. Et ces graines deviennent de la mauvaise herbe. Elles poussent, s'entortillent dans les valves de mon cœur. 

Quitte à prendre ma gentillesse, elles ne prendront jamais ma fierté

Je ne sais pas que faire avec ce cahier. A qui je m'adresse, en écrivant ces mots? A un journal ... Je trouve cette idée complètement stupide. "Cher journal, bla bla bla ..." ( la honte ! )

Androids illness.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant