Chapitre 6.

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                                                                     Flash Back

- Et si on faisait un pacte? Lança nonchalamment Malory devant sa guitare.

- Un pacte? Quel genre de pacte? S'interrogea Tobias, allongé contre le béton encore froid.

- Écoutez, on s'entend plutôt bien ... Notre groupe marche du tonnerre, on commence même à avoir quelques fans. Je voudrais que l'on continue. Que nos rigolades résonnent dans ses vieux murs de garage, que nos sincères paroles se murmurent qu'entre nous, que notre musique perpétue cette nouvelle amitié qui nous lie, que notre engouement fasse vibrer les salles ... que ... 

Nous le regardions s'emporter dans des envolées lyriques qu'on ne lui connaissait pas. Mais derrière ces phrases maladroites, nous comprenions que notre amitié comptait beaucoup à ses yeux. A lui, ce garçon de la rue, des rails et des seringues... A lui, cet être que l'on croyait perdu, sans avenir décent, que l'on avait déjà enterré, mort d'une overdose.

- Ne gâchons pas ce que nous avons fait de notre groupe. Restons comme nous sommes. Des amis. Seulement des amis. Pour la vie. 

Il tendit sa main droite au milieu de notre cercle, je le rejoignis presque immédiatement. Margaret suivit et Tobias, après un long moment d'absence signa le pacte à son tour. 

Paume contre paume, cette chaleur des autres phalanges que nous ressentions sur les nôtres, ces regards félicités, ces sourires enchantés. Et surtout, ce visage ténébreux si souvent exténué, ses longues mèches ébènes voilant un peu plus son rire cristallin si longtemps égaré. Aujourd'hui, était-ce vrai que toute cette scène ne voulait plus rien dire?

Allongée par terre, sur la moquette, j'admirai le plafond assombri qui mouvait au fur des phares de voitures qui passaient dans la rue éteinte. J'avais été une amie, je n'avais pas hurlé, je l'avais juste prise dans mes bras pour que ses sursauts de chagrin s'atténuent. Mais je ne la comprenais pas. Malgré tous mes efforts. 

Je pestais, j'en voulais à Malory de ne pas avoir tout fait pour que Margaret le déteste, j'en voulais à Meg pour être tombée sous le charme d'un abruti pareil. Il y avait des centaines et des centaines d'hommes bien sur cette planète ... dans cette ville et il fallait qu'elle tombe amoureuse du mec que je haïssais par-dessus tout.

On toqua à la porte, je répondis par un petit « entrez ». 

- On ne vous a pas entendue ce soir, Everhann. 

Le robot était arrivé. Il venait prendre de mes nouvelles ... J'allais bien à part cette colère intérieure que j'essayais à tout prix de garder au fond de moi.

- Je réfléchis, soupirai-je. 

Il s'installa à mes cotés. Figé, assis à terre, il me demanda:

- Voulez-vous vous confier?

Surprise, je tournai ma tête vers lui et ne pus m'empêcher de rire:

- Pfff ... C'est une blague?

- Votre sœur le fait, dit-il d'une traite.

Il avait gagné le droit que je l'apprécie. Depuis longtemps, le soir, il ne frappait plus à ma porte pour me demander si j'avais soif, faim, envie d'aller aux toilettes ...

Androids illness.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant