35 - Anaïs

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Je restai pendant quelques secondes à fixer mon portable, scotchée. Elle était sérieuse ? En plus de me provoquer la veille en draguant Loïc dans les dunes (et de me mettre en posture pour qu'il se passe quelque chose avec Étienne), elle osait me relancer ?

Je posai alors le bol sur la table, de peur de le faire tomber. J'en avais les mains qui tremblaient de fureur. Avec des amies comme ça, pas besoin d'ennemies, c'est clair !

Je me tâtais : répondre, ne pas répondre... répondre, ne pas répondre... Je supprimais mon premier jet, ainsi que le second et finalement, je décidai que ça valait pas le coup. Elle voulait que je me bouge, et bien, action. Il fallait que je commence déjà par m'habiller. J'envoyais un message à Étienne pour qu'on se rejoigne pour boire un verre vers 14h. Rien d'extravagant. Qu'il ne se fasse pas de fausses idées à mon sujet. Enfin, qu'il arrête de s'en faire.

A l'heure dite, il me rejoignit au bar où on s'était rencontrés, la première fois, avec Karine.

- Salut !

Il avait l'air suffisamment enthousiaste pour deux. Tant mieux, parce que j'allais pas lui faciliter la tâche. Quand le serveur se présenta, je lui demandais un thé glacé. Étienne prit un jeu de pomme.

- Écoute, il fallait que je te parle par rapport à hier.

- Oui ?

- Ça me fait bizarre d'habitude, c'est toi qui parle et qui tiens la conversation.

- C'est vrai, mais vu ton air sérieux, j'ai l'impression que la troisième guerre mondiale va être déclarée après qu'on se soit vus.

- Merci pour la pression.

- Je t'en prie. Je t'écoute, je suis tout à toi.

- Justement. Concernant le fait qu'on se soit embrassés hier soir...

- Oui ?

- Je ne veux pas que tu te fasses d'illusions. C'était juste comme ça.

- Oui, bien sûr.

- Je suis sérieuse. Il n'y aura rien de plus entre nous. Pas de bisous cachés ou même exposés, pas de câlins volés... Rien de plus.

- Même pas un petit cinq à sept, ajouta-t-il, plus souriant que je ne l'aurais pensé.

- Même pas. Mais tu souris toujours quand tu te prends un râteau ?

- Toujours. Pour deux raisons : pour conserver une chance de faire changer d'avis la fille et surtout pour qu'elle regrette ce qu'elle dit.

Soufflée, je souris à mon tour. J'étais en même temps un peu soulagée. Il allait se remettre plus vite que n'importe qui, que je l'envoie balader. Parfait. Il ne me restait plus qu'à avoir le numéro de Loïc. Et réussir à lui envoyer un message. Et un message qui déchire. Et appuyer sur la touche « Envoi ». Bref, tout ça en moins de dix heures, maximum. Enfin, plutôt six connaissant Karine. Ouais, enfin, si je le faisais tout de suite, ça serait même carrément mieux.

- Étienne, il faut que j'y aille. J'ai un truc à faire.

- C'est Loïc, c'est ça ?

- Quoi ?

- C'est pour lui que tu ne veux pas être avec moi ?

- Euh... oui, finis-je par dire.

Je sentais bien qu'il y avait quelque chose qu'il ne me disait pas, mais il se retint au final et je n'eus pas le cœur de lui demander en plus des infos sur son meilleur ami. C'était suffisamment compliqué comme ça. Pour eux et surtout pour lui.

Une fois que j'estimais que le malaise était suffisamment long et palpable, et bien, je m'en allais après avoir payé mon verre.

Je rentrais dans ma chambre, ma mère faisait la loque sur le canapé. Finalement, au bout d'un moment, après avoir ruminé, hop, je passais la seconde. Il fallait que je trouve Loïc. La partie une du plan étant lancée, il fallait lancer la seconde. Go Anaïs, go !

Je ressortis aussi sec et je me dirigeais chez Loïc. Je frappais à la porte.

- Bonjour, madame Tardey, est-ce que Loïc est là, s'il vous plaît ?

- Oh, bonjour. Anaïs, c'est ça ? Non, je suis désolée, mais il est parti il y a dix minutes environ. Il allait vers la plage, je crois.

- Super, merci madame !

Du coup, hop demi-tour et direction la plage. Je me dirigeais un peu plus loin, vers l'endroit de la veille et je les vis. L'un à côté de l'autre. Karine me faisait face. Et je ne sais pas si elle me voyait ou pas, mais quand j'arrivais dans son champs de vision, je la vis se pencher vers lui. Comme lorsqu'on embrasse quelqu'un.


Amours d'étéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant