51 - Loïc

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   - Je peux te faire patienter là ?

   - Dans le salon, tu veux dire ?

   - Oui. Tu bouges pas, hein ?

   - Tu as peur que je m'enfuis ?

   J'eus un petit rire nerveux. Je ne l'aurai pas dit, pour ne passer pour un pleutre, mais j'avais toujours la trouille qu'elle me dise :

   - Nan, mais en fait c'est une blague !

   Avant d'éclater de rire. Je pris une douche vite faite, choisis une chemise hawaïenne, un bermuda et des chaussures. Le résultat était loin d'être probant, une fois devant le miroir. Mais pas moyen d'avoir l'air classe. Je me fis une raison et retournais dans le salon.

   Et elle était toujours là, toujours aussi belle. Elle sourit en me voyant.

   - Tes parents sont passés et ils ont eu la délicatesse de ne pas s'éterniser quand ils m'ont vu. Je leur ai dit que tu te changeais et ils sont partis.

   - Tu les as menacé ?

   - Même pas.

   - Prête ?

   Elle hocha la tête. Un peu gauchement, je passais son bras autour de sa taille. Nouveau sourire, elle fit de même.

   - Le bar de l'hôtel ?

   - Le bar de l'hôtel.

   Je lui ouvris la porte et la laissais entrer. Son parfum m'enivrait. Je m'avançais alors pour parler à la réceptionniste :

   - Une table pour deux, c'est possible ?

   - En terrasse, c'est tout ce qu'il me reste. Ça vous va ?

   - On prend, après m'être assuré que ça lui convenait. Tu sais, c'est une première pour moi.

   - De manger au restaurant, répliqua-t-elle avec humour.

   - Non, bafouillai-je. Un restaurant en tête à tête avec une fille aussi attirante que toi.

   Il y eut un silence gêné.

   - Si ça te stresse, rappelle-toi la tenue que je portais quand on s'est percutés ! Ça devrait passer !

   Nous rîmes en cœur. Je m'en souvenais parfaitement.

   - Une jupe délavée, dis pas le contraire, mais c'est vrai, et un haut noir.

   - Exact, reconnut-elle.

   - Parle-moi de toi, s'il te plaît.

   Elle s'exécuta. Elle me parla un peu de sa vie, chez elle, de ses amis, du lycée. En échange, je lui parlais de mon passé, évitant évidemment tous les moments gênants. Et il y en avait un paquet.

   Mais à force de sourires complices, je me rendis compte pourquoi j'étais attiré par elle : sa seule présence suffisait à me faire sourire. Sa présence me faisait me sentir vivant. Tout était plus intense : les odeurs, les couleurs, les bruits, mon cœur qui battait.

   Une fois le repas terminé, je payais comme convenu. Et je dus admettre que le meilleur moment de la soirée fût celui durant lequel elle glissa sa main dans la mienne, proposant une balade.

   Difficile de refuser, j'acceptais avec plaisir. Nous marchions avec silence, et je me disais que ce soir, j'étais intouchable. Nous étions intouchables. Je me sentais... bien. Merveilleusement bien. Terriblement bien. Infiniment bien.

   - Tu veux passer à la maison, demanda-t-elle dans un souffle, après m'avoir embrassé.

   - Hein ? Euh... Je fus incapable de parler pendant plusieurs secondes, ce qui la fit éclater de rire.

   - T'en fais pas, ma mère est sortie en principe, c'était juste pour regarder un DVD. En amoureux.

   - En amoureux. Discrètement, je me pinçais pour savoir si ce n'était qu'un rêve. Et à part me faire vraiment mal, c'était bien réel.

   Une fois chez elle, et le dvd choisi, nous assîmes sur le canapé. Alors que la première scène d'Avatar s'acheva, son téléphone vibra.

   - Tiens, je connais pas le numéro... laisse.

   Mais ce même numéro insista et elle décrocha.

   - Allô ?

   - ...

   - Oui, c'est bien moi mais...

   - ...

   - Quoi ?

   Elle avait pâli si subitement que je dus avoir la même réaction.

   - Euh, d'accord, j'arrive, dit-elle avant de raccrocher.

   - Qu'est-ce qui se passe, demandais-je, anxieux.

   - C'est ma mère. Elle est... à l'hosto.

Amours d'étéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant