21 - Karine

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   Une fois que la mère d'Anaïs m'eût gentiment renvoyée chez moi, c'est-à-dire, ramenée à la pote de chez moi en ayant réveillé ma mère et mon père, ce fut ma fête.

   - Ce n'est parce que tu as 17 ans, ma fille, que tu peux sortir toute seule en pleine nuit !

   - Maman...

   - Il n'y a pas de maman qui tienne ! Tu te rend compte de l'exemple que tu donnes à ta sœur ?

   - Elle a pas besoin de moi, tu sais...

   - Et ne me réponds pas. Et si tu étais tombée sur un détraqué ?

   - Je te rappelle que je suis la plus apte à me défendre en cas d'agression.

   - Ne sois pas insolente.

   Je ne répondis pas mais ma mère ne supportait pas quand j'avais raison (ce qui était précisément le cas, ici). Maëlis se délectait de me faire pourrir par ma mère en plein milieu de la nuit.

   - Anaïs avait besoin de moi. J'y suis allée, et je suis revenue juste après.

   - Elle a mauvaise influence sur toi, cette fille...

   - Anaïs ? Tu plaisantes ? Elle sort pas le soir, elle boit pas, elle fréquente à peine les garçons ! Genre influence négative, ça serait plutôt le contraire.

   - Et depuis quand tu me réponds ?

   - Maman, ça va. J'ai pas découché pour m'envoyer en l'air avec un mec qui a l'âge de papa ! Alors, oui, je suis désolée, vraiment, d'avoir aidé ma copine dans un moment délicat mais si tu me le reproches, je ne sors plus jusqu'à la fin des vacances et on en parle plus.

   Je savais que ma mère n'aurait plus d'arguments à m'opposer. En effet, elle nous avait raconté à ma sœur et à moi qu'elle sortait en douce la nuit pour retrouver Papa. Difficile de nous punir, du coup. Crédibilité zéro. Maëlis s'approcha de moi et me murmura :

   - D'habitude, c'est moi qui utilise des arguments aussi vicieux contre eux, tu en es consciente ? C'est moi la rebelle !

   Je l'envoyais bouler. J'étais furax contre ma mère, surtout que j'avais rarement désobéi aux ordres de ma mère. J'avais le droit à une faute.

   - Privée de sortie demain.

   - Maman !

   - C'est mon dernier mot ! Tant que tu es sous notre toit, tu te plies à nos règles. Quand tu auras ta maison, tu feras ce que tu veux. Au lit ! Toutes les deux.

   Furax, je grimpais dans ma chambre, en claquant la porte au passage. Vivement la fac ! J'envoyais un petit message à Anaïs pour l'avertir que je ne pourrais pas bouger le lendemain.

   - Je suis désolée. C'est ma faute.

   - T'inquiète, s'il fallait recommencer, je le ferai !

   - C'est gentil ! On se textote demain, de toute façon. Tu as encore droit au portable ?

   - Oui, oui, t'inquiète. Salut !

   J'enfilai mon maillot pour la nuit et m'allongeai. Bon, demain, déjà journée morte. Qu'est-ce que j'allais bien pouvoir faire toute la journée à la maison sans avoir envie de tuer tout le monde ?

   Bon, déjà, il suffisait de se lever à midi, déjà, ça tuait la moitié de la journée. Le temps de manger, de se doucher, de râler après ma frangine, de râler encore ma frangine et paf, quinze heures. Il se mit alors à pleuvoir à verse. Belle coïncidence.

   Je me collais alors devant la télé.

   - Karine ! Monopoly ?

   - J'ai le choix, hurlais-je, alors qu'ils étaient dehors mais à l'abri.

   - Non, répondirent mes parents avec humour et en chœur.

   Je soupiras et me dirigeais vers la tonnelle. Malgré la pluie, le temps restait chaud et fatalement désagréable. Anaïs pendant ce temps me racontait qu'elle avait prétexté la pluie pour ne pas sortir et passer la journée avec sa mère. Mais qu'Étienne la harcelait de messages.

   - Va falloir assumer, ma belle... Sinon, tu risques de perdre les deux...


Karine, même punie, continue de soutenir Anaïs par SMS! ça c'est une vraie amie! Mais faisons-lui confiance pour trouver une parade et voir les autres quand même!


Amours d'étéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant