73 - Karine

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Et étrangement, ce fut simple. Quand les gendarmes débarquèrent le soir, au moment du repas, mes parents firent les gros yeux. Tout de suite, on avait pas pu s'empêcher de rentrer la tête dans les épaules et de baisser le regard.

Ils étaient deux, un homme et une femme, et ce fut la femme qui posa les questions, après s'être présentée :

– Adjudant Martin, accompagnée du capitaine Rossi. Vous avez bien deux filles ?

– Oui. Il y a un problème ?

– Une enquête de routine.Pouvons-nous leur parler ? Nous avons quelques questions pour elles.

– Entrez.

Quand mon père revint avec le regard interrogatif, je faisais clairement pas la fière. Ramener les flics à la maison, ça dépassait de loin tout ce que j'avais fait jusque là. Comme découcher. Ou finir ivre morte à une soirée(et mon père avait du venir me chercher, le lendemain, puant l'alcool comme pas possible... autant dire qu'une fois remise,j'avais pris cher!). Ou me faire surprendre avec mon copain. J'avais pas mal de casseroles et une de plus venait de s'ajouter à mon pied.

L'adjudant se présenta de nouveau, au cas où on aurait pas compris la première fois, alors qu'on était à peine à trois mètres. Puis entama l'interrogatoire.

– Étiez-vous à proximité du 14 rue de l'Océan, hier soir?

– Je ne sais pas où c'est, dis-je, sincère.

Elle me montra une photo de la maison, que je reconnus. Je hochais la tête, et Maëlis aussi.

– On était toutes les deux.

– Étiez-vous avec le groupe qui est entré ?

– Dans la maison ? Non. On a refusé d'y aller, avec Étienne.

– C'est le garçon qui était avec vous ?

– Oui. On le sentait pas...

– Ok. Je vais être honnête avec vous. On a arrêté vos petits camarades de sortie et eux assurent que vous étiez avec eux.

– C'est faux.

– Et si je vous dis qu'il y avait des caméras ?

– Je vous dirai que c'est pas vrai. Puisqu'on y était pas.

Là, je bluffais à mort, et je me servais de l'exercice que représentait mentir à mes parents.J'en étais pas fière, mais il était hors de question que mes parents paient les dégâts que les autres avaient pu causer.

L'adjudant me fixait, avec son regard flippant. Je finis par baisser les yeux. au bout d'un long moment, elle se leva avant de demander l'adresse d'Étienne. Après un regard à mes parents, je leur dictais. Il fallait absolument que je prévienne Loïc avant, qu'il ne soit pas surpris.

Quand mon père ferma la porte, je sus que les vacances étaient terminées pour moi et ma sœur...


Amours d'étéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant