1. La soirée

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1.

Peter prenait sa douche quand le téléphone sonna. Il se dépêcha de sortir, enroula une serviette autour de lui et se rua dans le salon pour décrocher. Il ne reconnaissait pas le numéro, ce qui l'intrigua beaucoup.

« Allô ?

– Hey man, répondit la personne à l'autre bout du fil »

Peter reconnut immédiatement la voix de son ami Thomas, plus couramment appelé Tommy. C'était un garçon assez baraqué, avec un visage carré, qui pourrait sûrement faire peur à un enfant avec sa voix très grave et rocailleuse. Il avait les cheveux blonds, la coupe de footballeur, ce qui n'était pas très original. Il portait toujours une casquette, cachant ses yeux bleus qui pourtant, en ferait craquer plus d'une.

L'année dernière, Peter lui avait demandé du feu pour allumer sa cigarette et depuis, ils étaient meilleurs amis. C'était assez bizarre dit comme ça, mais c'était la réalité. Thomas était adossé sur le portail du collège, la clope entre les lèvres et le regard égaré dans la foule autour d'eux. Il fixait quelque chose mais on ignorait quoi parce qu'il était comme ça, Thomas, toujours observant l'horizon en rêvant du renouveau. Peter s'était approché de lui et avait lancé :

« T'as du feu ? »

Pas un bonjour ni même une formule de politesse. Juste une requête demandé à la va vite et pourtant, Thomas s'était mis à sourire. Il avait sorti un briquet de sa poche et l'avait tendu à Peter. Ce dernier avait allumé sa cigarette dans un soupir de soulagement, enfin quelqu'un qui fumait en troisième et qui n'en avait rien à foutre ! Thomas avait les cheveux en batailles et son sac à dos était miteux, déchiré en bas et délavé. Il était un peu comme celui de Peter. C'est sûr qu'à force de le jeter par terre, il en subit les conséquences...

« Tu t'appelles comment ? »

Peter s'était tourné vers Thomas et avait rétorqué :

« Et toi ?

– Je t'ai demandé ton prénom.

– Et alors ?

– Bah je sais pas, t'étais censé me répondre tranquillement. »

Ils s'étaient mis à rire. Peter avait alors confié à Thomas qu'il s'en foutait de ce que l'on pensait de lui mais surtout, que s'il voulait faire quelque chose, il le faisait.

Et c'est ainsi qu'ils devinrent les meilleurs amis du monde, parce qu'il se trouve que Thomas était lui aussi quelqu'un qui aimait faire ce que bon lui semblait, sans être stoppé par les autres.

Peter mit le haut parleur sur son téléphone et tandis qu'il demandait à son ami pourquoi il l'appelait, il enfila un tee-shirt.

« J'appelle pour discuter. »

C'était bien le genre de Thomas, quand il s'ennuyait, il appelait ses amis pour passer le temps. Cela ne dérangeait pas Peter, vu qu'il s'ennuyait aussi la plupart du temps. Sauf quand son ami l’appelait à trois heures du matin, ce qui arrivait plus souvent qu'on pourrait le penser. Dans ces cas là, Peter décrochait, criait un bon coup sur Thomas puis lui raccrochait au nez.

« Ok, mec. Et pourquoi ton nom s'est pas affiché ?

– J'ai plus de forfait alors j'ai pris le téléphone à ma mère. Et tu sais à qui je pensais, là, il y a cinq minutes ?

– Non, vas-y dis.

– A toi. »

Peter étouffa un rire à travers le combiné.

Peter, ou la construction d'une vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant