5. Une fraction de seconde

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Justine regrettait tellement de s'être fait marcher sur les pieds. Elle aurait voulu dire à Peter que ce n'était pas vrai, elle aurait voulu dire quelque chose, n'importe quoi mais quelque chose. Le problème, c'est que c'était le maillon faible de sa bande de copine, c'était juste une ombre à côté de Malia, sa sois-disant meilleure amie. Jamais un garçon ne s'était intéressé à Justine, et encore moins un garçon comme Peter. Mais Malia lui volait toujours la vedette, elle volait tout ce qu'elle possédait. Malia ne lui volait pas Peter cette fois-ci, mais elle l'empêcher de le voir et de lui parler, ce qui revenait un peu au même. Pourquoi Justine ne quittait pas sa bande de copines pour aller voir ailleurs ? Parce que si elle le faisait, elle serait plus tranquille, sûrement plus heureuse, et elle pourrait parler avec qui elle voudrait. Sauf que si elle le faisait, elle mettait sa réputation en danger, car elle savait de quoi Malia était capable. Cette dernière pourrait faire bien pire que ce qu'elle a fait, Justine le savait.
Justine le savait parce qu'elle était intelligente, trop intelligente pour appartenir à ce monde de brute. Depuis que Peter était arrivé dans sa vie, elle haïssait de plus en plus Malia. C'était l'élément déclencheur qui lui avait fait comprendre que Malia n'était pas vraiment son amie, sinon elle l'aurait laissé parler à Peter. Ah pauvre Justine, trop faible, trop impuissante, petite fille effacée de ce monde, petite fille trop gentille pour subsister dans cette société.

Plus Peter discutait avec Kira, plus ils se trouvaient des points communs. Thomas soupçonnait Kira de craquer sur Peter et ce dernier lui disait qu'ils étaient juste des amis, même s'il aurait peut-être voulu un peu plus. Peter découvrit que Kira ne lui avait pas mentit quand elle avait dit qu'elle était plutôt intelligente. Déjà, elle parlait presque couramment anglais et espagnol, c'était pas beau ça ?
« -Hi my friend, lui a-t-elle dit quand Peter cherchait quelque chose dans son casier. »
Peter s'est retourné et il a sourit, heureux de revoir son visage d'ange. On aurait pu prendre le visage de Kira et le mettre dans un cadre avec marqué sur le haut, je suis un ange, ça aurait très bien fonctionné.
« -Tu cherches quoi ? »
Peter avait honte de dire qu'il cherchait un briquet pour allumer sa cigarette. Avec n'importe quelle autre fille, il l'aurait dit aisément. Mais Kira était tellement belle, qu'elle lui foutait la trouille. C'était dingue d'avoir une fille aussi belle sur cette terre, elle était vraiment un canon de beauté.
« -Je cherche... un briquet. Un putain de briquet pour allumer ma putain de clope.
-Pourquoi tu fumes ?
-Pour... oublier.
-Moi aussi.
-Ah, parce que tu fumes toi aussi ? »
Elle hocha la tête.
« -Eh j'ai un briquet, viens dehors, on va fumer.
-Mes potes m'attendent dehors.
-Ah, tant pis.
-Mais je peux les laisser en plan pour toi, ils comprendront. »
Kira avait sourit, mais son sourire est retombé quand elle s'est rendu compte que les amis de Peter la voyait comme la copine de Peter. Sauf qu'elle n'était pas la copine de Peter, et qu'elle désirait ne jamais le devenir, elle voulait le garder comme ami.
« -Finalement Peter, j'ai des trucs à faire, va rejoindre tes potes. »
Peter hocha la tête, sans vraiment comprendre. Les filles sont compliqués parfois, pensa-t-il.

Une fraction de seconde. Il peut se passer tellement de choses en une fraction de seconde. Un meurtre, une conspiration, une naissance, un baiser, un hurlement, une pierre qui tombe, une claque dans la figure, un feu qui se déclenche, un papier qui s'envole, un couteau qui nous échappe des mains, un coup de vent, une main qui se glisse dans une autre... C'est bizarre de le dire comme ça, mais une fraction de seconde peut tout changer. Vous ne me croyez pas ? Eh bien vous avez tort.
Susan lisait à sa fenêtre en ce matin de chaleur. Elle s'instruisait, elle apprenait de choses, mais par dessus tout, elle se distrayait. Lire était une de ses nombreuses passions. Quand soudainement, un bruit lui fit détourner l'attention de son livre. Elle leva les yeux, certaine que ce bruit venait d'en haut d'un arbre. Mais il n'y avait rien, alors elle se pencha en avant, par la fenêtre, pour regarder si finalement, le bruit ne venait pas d'en bas. Elle se pencha un peu trop, quelques centimètres de trop. Ses pieds touchaient à peine le sol, juste ses jambes appuyés contre le rebord lui permettaient de tenir. Puis, un léger coup de vent, une fraction de seconde, et elle tomba.

Peter, ou la construction d'une vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant