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Thomas. Mais quel imbécile, sérieusement. Pourquoi avait-il fallu que ce soit lui et personne d'autre? Pourquoi ce crétin prétentieux, qui posait des questions à tout le monde, qui faisait des phrases construites et développées telles que "je ne sais pas" ou "hm... oui, peut-être"? Pourquoi ce maudit Cupidon ne voulait pas le lâcher? Pourquoi fallait-il qu'il l'envoie toujours dans le même supermarché que lui, dans le même bus au même moment et pourquoi, pourquoi, fallait-il que cet abruti au cerveau aussi vide qu'un coquillage sur la plage le regarde, lui?

Il n'avait rien demandé. Pas de copains, pas de copines, pas d'amis. Ses bouquins lui suffisaient amplement, ses allers-retours entre le lycée et la maison créaient un quotidien dont il ne se plaignait nullement. Et voilà, que depuis que Monsieur l'avait repéré, toute sa vie basculait. Il ne parvenait pas à se concentrer sur ses devoirs du soir, se posait continuellement des questions sur ces œillades incessantes et il n'avait plus envie de rester seul.

Il jeta un coup d'œil par la fenêtre du cinquième étage de son appartement en centre-ville. Les voitures se faisaient plus rares à cette heure de la nuit. Le ciel était dégagé, les milliards d'astres brillaient avec force et le ciel, aussi noir qu'un trou sans fond, faisait ressortir la pleine Lune.

Il attrapa un gilet sur sa chaise de bureau et prit ses clés. Il sortit sur la pointe des pieds, veillant à ne réveiller personne dans le petite F2 dans lequel ses parents et lui habitaient depuis presque dix-huit ans.

Il arriva dans la rue aux couleurs orangées, effet produit par les lampadaires qui abritaient des milliers de moucherons, de papillons ou autres créatures volantes nocturnes attirées par la lumière. Le boulevard, agité en pleine journée, rythmé la les klaxons incessants et les moteurs rugissants était vide. Le calme était si rare dans ce coin de la ville, qu'il avait l'impression que toute la métropole dans laquelle il vivait, était identique. Il mit son gilet sur les épaules, rabattit la capuche sur ses oreilles, même s'il n'y avait rien qui l'empêchait de se promener la tête à l'air et zippa la fermeture Éclair avant de fourrer ses mains dans les poches latérales.

Il déambula ainsi, dans le silence tardif de la nuit et s'arrêta, devant un banc à la peinture écaillée. En face de lui, le fleuve aux eaux tumultueuses s'écoulait, un bateau passait de temps à autre, comme une voiture sur la route, dos à lui. Il s'accouda à la rambarde en béton, contemplant les immeuble de l'autre côté de la rive, affichant la luxure, la richesse et l'étalage de possession des habitants qui, habitant la même ville que lui, n'avaient pourtant pas la même philosophie de la vie.

L'adolescent soupira et ferma les yeux, sentant la brise estivale frôler son visage longiligne.

-Tu fumes?

Newt soupira. Même à cette heure de la nuit, dans un endroit improbable, où il pensait pouvoir être seul l'espace de quelques heures, sans avoir à penser à ce psychopathe d'obsédé, il fallait qu'il le retrouve.

-Non. Répondit sèchement le garçon.

Il soupira, ouvrit les yeux et se tourna vers son interlocuteur fumeur. Celui-ci alluma sa cigarette, rangea son Zippo dans la poche arrière de son jean et inspira, faisant rougir le tabac et toutes les merdes qui composaient la cigarette. Puis il souffla, longuement, la fumée grisâtre s'échappant de sa bouche et s'evaporant au contact de l'oxygène et du vent nocturne.

-Quoi? Demanda le fumeur.

-Pourquoi tu fais ça? Demanda le jeune homme dans son gilet.

-Pourquoi je fais quoi?

-Me poursuivre, comme ça. Me pister, aller partout où je vais, l'observe en permanence... Qui me dit que tu ne m'as pas pris en photo pendant que je dormais ou que tu m'as pris une mèche de cheveux dans mon sommeil, hein?

Newtmas foreverOù les histoires vivent. Découvrez maintenant