Chapitre 3

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Jour 1
PdV Jungkook

Je consulte une dernière fois les constantes du patient avant de m'en aller récupérer le prochain malade

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Je consulte une dernière fois les constantes du patient avant de m'en aller récupérer le prochain malade. Franchement, c'est la poisse d'être de garde. Surtout un samedi soir, quand tout le monde se bourre la gueule et finit en coma éthylique ou tout simplement tellement torché que d'humbles passants conduisent lesdits ivres pris en pitié à l'hôpital pour décuver. Oh, joie! Cela surcharge le service, qui est débordé et peine à traiter les vrais cas graves. Je ne porte décidément pas les fêtards dans mon coeur. Peut-être est-ce parce que je suis là à travailler alors qu'eux sont partis s'amuser...? En plus, aucun médecin ne souhaite se taper ces cas inintéressants, alors on les refile aux internes! Trop bien. Je viens de finir la consultation de mon quinzième cas d'ébriété avancée alors qu'il n'est même pas minuit. La nuit s'annonce longue...

Toutefois, c'est l'heure de ma pause. Je me dirige vers la petite cafétéria. Je sors mon badge et le passe devant le détecteur avant de rentrer dans la salle, sous le regard attentif d'un vigile aux épaules larges, frôlant le mètre quatre-vingt-dix et les cent kilo. Son bras doit faire la taille de ma cuisse, ce qui me dissuade de faire n'importe quoi, bien que je sois quelqu'un de civilisé qui n'ait jamais, ou presque, transgressé le règlement établi. Arrivé face à la machine, je demande un café sucré. J'ai besoin d'une dose de caféine pour tenir jusqu'à demain matin, je n'ai pas bien dormi récemment. Le renforcement de la sécurité de l'hôpital est peut-être la source de mes troubles du sommeil, le stress engendré par tous ces vigiles a très certainement un impact sur moi sans que je ne m'en rende réellement compte.
L'amertume du café est réduite par le sucre, qui caresse mon palais. Je me concentre sur la chaleur du liquide qui glisse le long de mon oesophage pour ne me remplir l'estomac que négligemment. Je finis ma tasse et la jette à la poubelle. Voilà, ma pause est terminée. Je sors, présente de nouveau mon badge et retourne à mon travail.

À peine de retour à mon poste, un homme est transporté dans un brancard, les vêtements en lambeaux, le corps secoué par ses tentatives d'inspirer de l'air avant de s'immobiliser soudainement. Je viens prendre le relais auprès des ambulanciers. Je sors une petite lampe et examine la réaction de ses pupilles. Elles ne se rétractent pas, signe que l'homme s'est évanoui. J'observe de nombreuses brûlures sur sa peau noircie par endroits. Ses difficultés respiratoires me mettent la puce à l'oreille et je déduis qu'il a fait face à un incendie. Je remarque son t-shirt taché d'une large marque noire au niveau de son ventre. Je soulève le vêtement et découvre un objet métallique, s'apparentant à une sorte de barre, profondément enfoncée dans son corps. Fouillant dans ma poche, je me saisis d'un petit objet noir et clique sur le bouton. Je viens de biper mon tuteur pour qu'il vienne gérer la situation. J'emmène le patient au bloc opératoire, le Dr. Choi me rejoint en cours de route. L'état de l'homme se détériore de seconde en seconde. Il crache du sang, je lui tourne la tête pour éviter qu'il ne s'étouffe, étant toujours inconscient. Je n'ai pas le temps d'exposer la situation au médecin qu'on arrive. Aussitôt, je retire le vêtement du patient pour dégager la place pour l'opération. Un autre résident est présent pour nous assister, il endort l'homme malgré son état. Je désinfecte la zone qui entoure l'objet incrusté dans la chair. Mon tuteur s'approche muni d'un outil pour se saisir de la barre de métal. Je prépare l'appareil d'aspiration de sang, anticipant l'hémorragie qui va suivre l'ablation du corps étranger. Lorsqu'il tire doucement, la barre métallique semble lui opposer une résistance. Il tire plus fort et l'objet se décoince d'un coup, un jet de sang ininterrompu l'accompagnant. Le liquide vermeil m'atteind, imprégnant ma blouse vert d'eau la teintant de rouge sombre. L'appareil affichant les constantes du patient s'affole, hurlant d'un son strident cette même note assourdissante. Sa tension chute de manière vertigineuse. Je me précipite sur la plaie béante pour y aspirer le sang s'écoulant sans discontinuité. Le tuyau se remplit du liquide épais en un bruit d'aspiration habituel. De ma main libre, j'attrape des compresses à portée de main et les applique sur la plaie pour stopper le saignement. L'appareil se calme, la tension se stabilise. Encore un peu et je peux commencer à refermer la blessure. Toutefois, je laisse ce soin à l'autre interne, considérant que j'avais accompli ma part. Il se place correctement et entame son atelier couture. Je vois à ses gestes maladroits qu'il est nouveau. Je décide de le surveiller, alors qu'en temps normal je serai sorti en même temps que le médecin pour m'occuper d'une personne dans le besoin. Si je m'en vais, qui sait ce qui pourrait survenir? Le patient à encore le ventre à l'air. L'interne est en plein milieu de ses points de suture qu'une alarme se déclenche. Mon coeur loupe un battement. Le novice s'arrête et regarde autour de lui, complètement déboussolé par son environnement. J'avoue ne jamais avoir entendu cette alarme avant, mais je l'identifie comme le signal de rassemblement dans la salle blindée qui est au fond du couloir de notre étage, pas comme une alerte incendie. Une infirmière quitte son poste en criant. L'interne ne tarde pas à la suivre dès sa désertion. Je lâche un juron, il a abandonné le patient à moitié recousu. Sans l'ombre d'une hésitation, je me mets à califourchon sur le blessé, sans laisser pour autant ma masse l'écraser. Je m'empare de l'aiguille et reprends le travail de l'autre lâche qui a fui.

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