Chapitre 10

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Jour 16
PdV Taehyung

La nuit est silencieuse et aussi obscure que les profondeurs abyssales de l'océan. On marche depuis plusieurs heures au moins, nos yeux plus ou moins acclimatés à l'absence quasi totale de luminosité. Ma respiration est calme, mais je peux sentir la peur de Jungkook. Or, si ces machins cannibales se révèlent aussi animaux qu'ils en ont l'air, alors flairer la peur est loin d'être une capacité qu'ils ne possèdent pas. Un regard aux alentours et j'opte pour un bâtiment qui ne me refile pas de mauvais pressentiment. Doucement, je pousse la porte, Soonshim aux pieds et Jungkook sur les talons. Mon arme est chargée et pointée devant moi.

- Tu rentres que quand je te dis, d'accord ? Je souffle.

Il hoche vivement la tête.

Lentement, je rentre. Je marche à pas de loups, attentif au moindre bruissement autour de moi. L'immeuble est ancien, il y a encore un espace pour le gardien collé aux escaliers. Je monte la première marche, puis la deuxième. Rien à signaler. Je m'apprête à autoriser Jungkook à me rejoindre quand Soonshim se met à aboyer. Jungkook entre précipitamment dans le bâtiment et j'entrevois une forme humanoïde à ses trousses. La chienne bondit dessus, si bien que je ne peux tirer. D'une main, j'attrape Jungkook par le bras et le traîne derrière moi. J'enfonce le premier appartement que je trouve et garde mon arme levée. Je ferme la porte et me plaque derrière. Jungkook, dos au bois, respire rapidement. D'une main, je lui intime de rester immobile. J'entame un tour de l'appartement pour m'assurer de son caractère abandonné, et non pas secrètement habité par un monstre. Ma visite achevée, je retourne à l'entrée et barricade la porte. On peut encore entendre ces créatures roder dans les couloirs alors pas questions de sortir. J'espère que Soonshim n'a rien... La porte sécurisée, je prends enfin le temps de respirer profondément et me tourne vers Jungkook pour la première fois de la soirée. Ses cernes sont marquées, son teint est blafard et un film de sueur recouvre son visage brillant. Sa poitrine se lève et s'abaisse rapidement, son regard ne se fixe sur rien, préférant papillonner de manière anarchique sur son environnement tel un psychopathe, et le moindre souffle le fait sursauter. Je pose une main sur son épaule.

- Respire, tout va bien. On est en sécurité maintenant.

Ses prunelles brunes s'arrêtent enfin, me dévisageant sans gêne. La peur s'y lit sans l'ombre d'un doute.

- Tu as faim? Mange un bout et repose-toi si tu peux. Il y a une cuisine, tout ce qu'il faut.

Je me dépoussière un peu. Lorsque je veux lui demander pourquoi il ne répond pas, je le vois me regarder avec des yeux aussi grands que des soucoupes. Son souffle est de nouveau saccadé, sa bouche entrouverte laisse passer l'air dans un sifflement. Je me saisis de lui et le conduis dans la cuisine. Je prends une bouteille d'eau et lui renverse dessus. Il inspire d'un coup, comme s'il prenait une goulée d'air après être resté en apnée plusieurs minutes. Prit de tremblements, il se mets à greloter sur la chaise sur laquelle je l'ai balancé. Je vais dans le salon et ramène une couverture qui traînait sur le canapé. Je couvre vite fait Jungkook et mets de l'eau à bouillir. En attendant qu'elle soit à ébullition, je fouille chaque tiroir, chaque placard et trouve ce que je cherchais: des nouilles instantanées. Je prépare une portion que je donne à Jungkook. L'odeur de la nourriture semble lui faire reprendre connaissance. Je dépose le repas chaud devant son nez et il se jette dessus. Sans rien dire, je me prépare la même chose. Je m'installe en face de lui et dès qu'il a fini sa ration, il lache un remerciement timide.

- C'était quand ton dernier repas? Fais-je, curieux.
- Hier vers 10h du matin je crois. Répond-il d'une petite voix.

Pas étonnant qu'il réagisse comme ça, alors. Il ne dors pas et connais un stress important, le tout l'estomac vide. Le tout ne fait pas bon ménage.

PandémieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant