Chapitre 17

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Jour 27
PdV Jungkook

On a dormi dans la bibliothèque. Soonshim avait fait le tour des allées et, étant restée silencieuse, on en a déduit que le lieu était désert. On s'est approprié le coin lecture en envahissant les canapés, et on s'est offert une bonne nuit de sommeil après que Taehyung a bloqué l'entrée.

On s'est réveillé aux premières lueurs du jour, on a mangé sans trop rien dire. Ensuite, Taehyung m'a demandé ce que je comptais faire et je lui ai brièvement expliqué la démarche que j'allai suivre. Il perd le fil en plein milieu de mes explications et je décide d'y couper court.

- OK fais ça, je reste dans les parages si tu as besoin de quoi que ce soit. N'hésite pas, même si je peux t'aider d'une quelconque manière dis-le moi. Ça marche?

Je lui souris, touché de sa proposition.

- Ça marche. Confirmé-je.

Il semble paralysé un millième de seconde, il me fixe un poil trop longuement. Et alors que je me tourne pour m'atteler à la tâche gargantuesque qui m'attend, je le vois secouer discrètement la tête en regardant ailleurs.

Je me plonge bien vite dans les bouquins scientifiques. Je recherche une quelconque maladie passée qui pourrait avoir ces symptômes, au cas où elle serait réapparue.

Je ne sais plus depuis combien de temps je planche. Une voix vient m'extraire de ma concentration.

- Jungkook, tu devrais manger un bout. Il est quatorze heures passées. Me conseille Taehyung.

Je serre les mâchoires. Ça fait déjà huit heures que je rame!

Je me lève, étire mes membres endoloris, et suis Taehyung qui part s'installer.

- Alors? Fait le soldat en mastiquant notre déjeuner une fois assis.

Je ne réponds pas immédiatement, préférant au moins tenter de ravaler mon amertume.

- Rien. Soufflé-je.

- Vraiment? S'étonne mon aîné.

- Je tourne en rond. Tous ce que je lis, je le sais déjà et ça ne m'avance à rien! Je brasse du vide, je remue de l'air! On perd notre temps! Et bien que je sache beaucoup de choses, je ne trouve pas l'origine de cette merde! Je crache.

Je repose mon assiette dégotée je-ne-sais-où et me lève. J'ai besoin d'air. Tout de suite. Alors je me mets à courir, traversant les allées à toute vitesse, filant entre les rayons. Je pousse la lourde porte et aussitôt la brise m'accueille. Je ferme les yeux. Un mal de crâne planait au-dessus de moi, mais l'air extérieur semble l'avoir fait fuir, au moins pour le moment.
Pendant plusieurs secondes qui s'étirent en minutes, je reste ainsi, yeux clos, inspirant profondément par le nez, expirant complètement par la bouche. Des sanglots me prennent. Je tressaute, d'abord légèrement, mais ils s'empirent. Plus je les retiens en vain, plus ils se font puissants. Je tremble violemment. Et alors que tout indique que je pleure, mes joues demeurent parfaitement sèches. C'est comme si toutes les larmes de mon corps avaient déjà coulé.

Mon laisser-aller est bénéfique. Malgré l'absence de perles salées, je me sens plus léger. Mais des poids semblent attachés à mes pieds à tout jamais. Ils ont des noms. Hoseok. Jimin. Il y en a même un au doux nom de Shin.
Je me sens toujours fautif. Si je ne l'avais pas fait entrer, rien de tout cela ne serait arrivé. Taehyung et moi n'avons toujours aucun signe des autres. Il est en fait possible que j'ai non pas trois, mais six boulets aux pieds avec les étiquettes de Namjoon, Seokjin et Yoongi sur les nouveaux.

PandémieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant