Chapitre 14

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Jour 19
PdV Jungkook

Mon cerveau va exploser. Je suis en surchauffe totale. Ça fait depuis la veille que je patauge. Je fais du surplace, je nage de toutes mes forces à contre-courant, je tente d'avancer avec un boulet attaché à la jambe. Mais je ne sais pas comment contourner le courant, détacher ce poids qui m'empêche d'avancer. J'ai repris la feuille où j'avais noté les maigres connaissances sur le phénomène :

-Les attaques concordent avec l'augmentation des morts cérébraux.
-Ces morts sont décédés par asphyxie malgré la présence, parfois, d'aide à la respiration.
-Les pseudo-zombies ne sortent que la nuit.
-Les morsures semblent être un moyen de propagation.

Je tentais de trouver une explication, mais rien. Vide.

Je passe mes deux mains dans mes cheveux, les tire en arrière et fixe le plafond en poussant un bruit inhumain d'énervement. On dirait que je bloque sur un exercice de maths particulièrement prise de tête. Sauf que cette fois, il n'est pas uniquement question de logique, mais de nos vies. Accessoirement.
Je me lève et décide de rentrer, le soleil commence à décliner et je ne suis plus bon à rien. Je vais faire un détour, pour bien me changer les idées.

Taehyung a affirmé hier soir qu'il avait sécurisé un certain périmètre autour du supermarché, espace qu'il s'efforçait d'agrandir. Je pouvais donc effectuer une balade pour m'aérer l'esprit sans crainte de me faire tuer au prochain carrefour.

L'air extérieur me faisait un bien fou. Bien que ce soit le mois de juin, et qu'il ne soit pas aussi rafraîchissant que je l'aurai espéré, c'était toujours mieux que rien.

La nature a réellement un effet bénéfique sur moi. Elle m'apaise, me console, m'encourage et me soutient tout à la fois. Sans un mot, sans un geste, juste par sa présence. Un rayon de soleil réchauffant, une brise légère, une effluve délicate, un son confortant. Son omniprésence autour de moi me rassure en partie, j'ai l'impression d'être avec une vieille amie. Pas besoin de mots lorsqu'elle a accès direct à votre coeur, à vos pensées les plus profondes. Elle ne m'a jamais trahi. Bien que Mino représente un monument à mes yeux, la nature demeure un pilier de mon être. Pour cette raison, je sors marcher dès que je me sens mal, pour vider mon esprit et ce que j'ai sur le coeur, et remplir mes sens de la fraîcheur du monde.

Je fourre mes mains dans mes poches et tire dans un caillou.
Je soupire.
Le sommeil me manque. Je suis stressé et Morphée semble me fuir comme la peste, c'est à peine si je ferme l'oeil deux ou trois heures par nuit. Je ne dis rien aux autres, je ne veux pas attirer l'attention. Namjoon nous encadre bien, chacun fait des efforts et cela semble être efficace. Même si Seokjin et moi avançons peu dans nos recherches.
D'ailleurs, il me semble qu'il est allé avec Namjoon récupérer des informations dans une clinique vétérinaire. Si ça se trouve, une maladie animale est à l'origine de tout ça.

Quand on y repense, c'est même probable.
Au milieu du quatorzième siècle en Europe, entre trente et cinquante pourcent de la population été tuée par une simple bactérie transmise par un petit animal. La Peste Noire, véhiculée par les rats, a provoqué environ vingt-cinq millions de morts.
En 1918 a eu lieu la grippe espagnole. La souche du virus se trouvait à l'origine sur le canard, et serait passée par le porc avant d'atteindre l'homme. Entre cinquante et cent millions de morts. En 1977, la grippe de même souche réapparaît et fait un million de morts en Russie.

Il existe tellement d'autres exemples...

Un bruit m'alerte. Je m'immobilise. Lentement, je relève la tête. Je manque de m'étouffer en voyant une personne se tenir quelques mètres devant moi. Ce n'est ni Taehyung, Namjoon, Yoongi ou Seokjin. C'est un intrus.

PandémieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant