Lisa [Eldarya (EZAREL)~SLOW UPDATE~]

T1: « On est tous quelque chose »

Puis après quelques courts instants, le raffut bordélique derrière la porte s'est arrêté, me laissant penser que peut-être il n'y avait personne. Dans un élan de courage je me suis décidée à rentrer. De tout de façon c'est sûrement quelqu'un que je connais, tout le monde est respectueux ici, je vois pas pourquoi je tomberai sur un malade mental. Et puis s'il m'agresse, on m'entendra crier, mais ça m'étonnerait franchement que quelqu'un avec des mauvaises intentions se soit posé dans mon intimité - surtout la mienne - j'ai rien d'utile que ce soit physique ou interne. C'est donc sur cette douce philosophie que je pénètre dans ma chambre, un peu stressée quand même.

Et bizarrement, il n'y a rien de suspect alors que j'étais pourtant sûre d'avoir entendu du bruit. Je m'avance donc un peu plus confiante jusqu'à mon lit pour y déposer mon gilet, mais ma baisse d'attention n'a pas manqué à mon cambrioleur, puisque dès l'instant où je me suis écartée de la porte d'entrée, un clic sec a résonné dans la pièce, signe que quelqu'un venait de fermer à clé la porte. Immédiatement je me suis retournée, et à peine j'ai posé mes yeux sur l'homme en question, que celui-ci s'est avancé presque en courant pour poser brutalement sa main sur ma bouche, m'empêchant ainsi de crier. Mon cœur a automatiquement accéléré, sentant le danger venir, et j'avoue que la panique s'est vite emparé de moi, me laissant donc toute paralysée et frêle dans les mains d'un parfait inconnu.
En le détaillant un peu plus, j'ai pu remarquer qu'il n'a pas du tout une allure de mec méchant, et il semble tout à fait gentil, ce qui contraste avec ses gestes intrusifs. Il semble avoir une quarantaine d'années je dirai... Lui aussi me détaillait, mais plus profondément, ce qui le rend encore plus étrange.

- Je suis gentil, je ne te veux aucun mal. Juste discuter. Promets-moi de ne pas crier, d'accord ?

Et à mon avis j'ai tout intérêt à obéir, au risque de m'en prendre une dans la gueule, on sait jamais. Et puis si je disparais, ils vont s'en rendre compte quand même... J'ai donc obtempéré, et hoché de la tête pour lui faire comprendre que je ne tenterai rien. Comme convenu, il a doucement retiré sa main en s'assurant que je ne lui ai pas menti. Un sourire, étonnamment rassurant, et plutôt familier s'est étiré sur ses lèvres.

- Tu ressembles beaucoup à ta mère... J'ai relevé mes yeux vers lui, surprise qu'il ait déjà vu ma mère.

- Vous connaissez ma mère ?

- Tu peux me tutoyer, j'ai l'impression que tu me vieillis avant l'âge, un doux rire est sortit d'entre ses lèvres, vraiment bizarre ce type.

- Si tu veux...

- Pour répondre à ta question, ta mère et moi, on se connait plutôt bien, même plus que ce que tu ne le penses.

- D'accord, et vous vous connaissez d'où ? Et qu'est-ce que j'ai à faire au milieu de tout ça ?

- Ça tu le sauras plus tard... en tout cas, tu es devenue une vraie adulte ! Je suis impressionnée, ça me fait presque bizarre...

Devenue ? Donc il m'a déjà vu auparavant ? Quand ? Je ne me souviens pas de lui pourtant, il ne me semble pas l'avoir déjà vu...

- Bien, c'est pas que je n'ai pas le temps, mais il faut que je parte. Avant, sache que si tu es là dans ce monde c'est pas pour rien. Il n'y a aucune coïncidence, si tu es morte dans l'autre c'est pour une compensation. Alors arrête de te rabaisser à une simple humaine ici. On est tous quelque chose. Sa main s'est doucement posée sur mon épaule pour la presser timidement. Dernière chose, ne parle à personne de cette visite. C'est entre toi et moi... De tout de façon, si jamais tu en parles, je le saurai.

- Oui...

Après tout il ne m'a pas agressé, et il n'a pas l'air si méchant que ça. Du moins pour le moment.

Il a reculé de quelques pas, puis sans que je ne m'y attende, il a disparu d'un coup, sans transition, comme s'il venait de se téléporter. Voilà qui est vraiment étrange... Il n'y a plus grand monde qui est capable de faire ça, de ce que j'ai compris, seules les personnes puissantes peuvent le faire, donc ça veut dire qu'il fait partie de cette catégorie ? Vraiment bizarre...

Je commence à profondément m'ennuyer... Je dois attendre seize heures, mais c'est dans longtemps, et j'ai rien à faire... Il faut absolument que je demande des livres à Ykhar, mais c'est pas le moment, alors en attendant je vais ranger ma chambre.
Mais visiblement quelqu'un a du lire dans mes pensées, puisque à peine je commence à ranger mon bureau que quelqu'un toque à la porte. Si c'est Alajéa, elle arrive tôt. On est même pas le soir...

- Entrez ?

À ma grande surprise, c'est l'infirmière Eweleïn qui passe le pas de ma porte. Elle est très sympa, on a déjà discuté quelques fois ensemble, si j'ai bon souvenir elle s'entend plutôt bien avec Ezarel. Et la façon qu'il a de parler avec elle est complètement différente qu'avec moi... À croire qu'il le fait exprès.

- Tient Eweleïn ! Ça faisait longtemps, qu'est-ce qui t'amène ici ?

- Rien de grave, t'inquiète pas ! C'est juste que Miiko a convenu que tu pouvais avoir un familier, donc on va aller le choisir.

- Vraiment ? Elle a vivement hoché de la tête avec un grand sourire.

- On va aller au parc de la musique, c'est là-bas qu'on en trouve le plus.

C'est donc surexcitée comme jamais que nous nous sommes dirigés vers le parc, pour adopter mon nouveau familier, enfin. J'allais pouvoir m'occuper d'un animal, comme le reste des gens ici. Arrivée au parc, j'étais littéralement devenue folle, j'adore les animaux, alors forcément cette idée m'enjouait énormément. Mais c'est plutôt difficile de choisir, ces bestioles sont toutes mignonnes. Mais à force de courir dans tous les sens, j'ai fini par prendre une décision, ou autrement je vais y rester tout l'après-midi. Mon choix final se basait entre une sorte de mini cochon volant ou une sorte de chien avec une crinière de lion. Les deux sont tout aussi chou.

- Alors tu choisis lequel ?

- Je sais pas... J'hésite entre le petit cochon et le chien.

- Le quoi ?

- Parfois j'oublie que je ne viens pas d'ici.

Pour l'aider à comprendre de qui je parlais, je les ai pointé du doigt, sous ses acquiescements. Et finalement, après beaucoup de réflexion, j'ai choisi le petit "chien", du à son caractère tout timide et réservé, alors que l'autre était une pile électrique.

- Je choisis lui, dis-je en pointant du doigt l'animal.

- Très bien, comment souhaites-tu l'appeler ?

Sans hésitation, je lui ai dit son futur prénom, dès que je l'ai vu, j'ai pensé à ça directement, ça le représente parfaitement. Eweleïn m'a fait poursuivre l'adoption sur un atelier où je devais écrire son prénom sur son collier avec un stylo spécial, ce que j'ai fait, en faisant attention à ce que mes lettres soient visibles. Quand j'ai fini, les lettres se sont magiquement imprégnés dans le cuir dans une forme plus jolie.

- C'est pour ceux qui écrivent mal, comme ça tout le monde peut lire.

C'est plutôt intelligent je dois dire, et pratique. Eweleïn a ensuite entreprit de lui mettre le collier autour du cou.

- Hachiko ? Marrant comme prénom, mais ça lui va bien ! J'ai souri, contente et fière de lui avoir donné ce prénom.

J'ai remercié Eweleïn une dernière fois pour m'avoir aidé et accompagné, puis je suis repartie avec Hachiko vers le marché pour lui acheter sa nourriture, et quelques affaires pour son confort dans la chambre.

**************************