CHAPITRE 3

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Noa

Le visage de cette femme hante mes rêves. Elle est comme ancrée en moi. La scène de l'accident ne fait que tourner en boucle dans ma tête. Mon entrée dans la gare, la mélodie qui était parvenue jusqu'à mes oreilles puis moi l'accompagnant à la guitare. Son sourire, son regard intense à ce moment-là et l'explosion...

— Noa ? Réveille-toi ! ... Noa !

Je me redresse d'un bond tout en ouvrant les yeux. Nina se trouve à côté de moi, assise sur un fauteuil. Les murs blancs me rappellent que je suis encore à l'hôpital. Voilà que ça fait presque deux mois que je suis dans ce foutu lit. Et entre ces quatre murs blancs, je ne pense qu'à elle, jour et nuit.

Le médecin m'a dit que demain je pourrais sortir... Enfin aujourd'hui si l'on regarde l'heure qu'affiche l'horloge ; une heure vingt-trois.

— Encore un cauchemar ? me demande Nina.

— Toujours le même... Si tu veux, tu peux rentrer chez toi, dormir dans un bon lit.

— Non, je veux être à tes côtés.

Je lui souris doucement puis me rallonge et, elle essaie de se caler dans le fauteuil.

— Viens dans le lit avec moi, tu y seras mieux...

— Non merci, ça va, ne t'inquiète pas.

— D'accord. Bonne nuit, Nina.

— Bonne nuit, Noa.

Je lui tends la main qu'elle serre dans la sienne, puis elle se rendort, calant sa tête contre la paume de sa main.

Le lendemain matin, nous sommes réveillés par l'infirmière qui m'amène le petit déjeuner : un café et des madeleines. Nina décide alors de rentrer chez elle. Je lui ai dit que tout allait bien se passer alors, elle pouvait partir en toute tranquillité. De huit heures à onze heures, je regarde la télé. Toute façon je n'ai rien d'autre à faire. Des émissions débiles, Dragon Ball Z qui me ramène dans un monde enfantin le temps de quelques épisodes. Une fois fini, je regarde les infos locales où je m'aperçois que les journalistes sont au courant que je sors aujourd'hui. Ils montrent des images de l'entrée de l'hôpital.

Quelques jours auparavant, j'ai appris à la télé, le nombre de victimes lors du drame. Deux cent trente personnes, dont une centaine qui est décédée entre ceux qui sont morts sur place ou à l'hôpital... L'autre moitié ce sont des survivants comme moi qui s'en sortent, mais traumatisés à jamais. Les victimes n'ont pas été seulement celles qui étaient dans la gare, mais aussi dans ce fameux train. Nous étions là au mauvais endroit, au mauvais moment. J'ai une pensée pour les familles des victimes quand quelqu'un frappe à la porte.

— Entrez.

La porte s'ouvre laissant apparaître Greg. Il rentre tout en souriant puis referme la porte.

— Alors comment vas-tu ce matin ?

— Hâte de rentrer à la maison et de sortir de cet hosto !

— Tu m'étonnes ! Le désinfectant, ce n'est pas vraiment un parfum qui aide pour draguer les infirmières, hein ? dit-il avec un clin d'œil.

— C'est bien une phrase que Josh aurait pu sortir, ça ! ris-je.

— On n'est pas frère pour rien. Je t'ai apporté des vêtements, va te changer, déclare-t-il en posant le sac sur le lit.

Je le prends et je m'enferme dans la salle de bain. J'enlève cette tunique d'hôpital hideuse. Une fois lavé, je me sèche devant le miroir et comme à chaque fois mes yeux se pose sur les cicatrices que m'a laissé ce terrible jour. Une de l'épaule droite à l'omoplate, celle-ci, je peux la cacher avec un haut, mais l'autre, elle se voit un peut plus. Je porte ma main à ma nuque et trace la fine cicatrice jusqu'à derrière, le lobe de mon oreille droite. Un morceau de fer planté à l'arrière de mon coup... D'un peu plus c'est paralysé que j'aurais fini. Je peux me porter chanceux.

Le temps d'une chansonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant