chapitre 1 | éternel

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❝  parce que quand on se rapproche trop du mal une fois, il ne reste jamais loin derrière nous

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❝  parce que quand on se rapproche trop du mal une fois, il ne reste jamais loin derrière nous.

« Put your glad rags on and join me hon'
We'll have some fun when the clock strikes one
We're gonna rock around the clock tonight
We're gonna rock, rock, rock, 'till broad daylight
We're gonna rock, gonna rock around the clock tonight »

Et c'est bercé par la voix de la nouvelle chanson de Bill Haley passée par mon tourne disque que mon crayon effleurait la feuille. La texture du papier ainsi que la largeur de l'outil étaient adaptés juste comme il le fallait. Je dessinai les courbes une par une, passant des sourcils au début du cuir chevelu de la jolie femme qui était devant moi. Sa mâchoire était très marquée et j'accentuais les ombres, son front était assez grand et son nez fin et de bonne taille, elle était vraiment belle. Elle me fixait tout en ne me fixant pas, ce qui donnait au dessin une pointe de mystère et de noirceur, exactement ce qu'il me fallait.

J'attaquais la bouche, la partie la plus complexe. Celle de cette dernière était tintée de rouge, la lèvre inférieure bien plus épaisse et la bouche en elle-même légèrement trop petite pour son visage, ce qui n'enlevait en rien sa beauté. Ses cheveux étaient ramenés en un chignon bien coiffé, quelques mèches brunes retombaient sur sa nuque frêle et d'autres sur son front.

J'avais décidé de faire le dessin au crayon de papier, je m'appliquais donc sur les différentes brillances de ses cheveux éclairés par la lumière de mon studio, je m'arrêtais aux épaules en prenant soin de les recouvrir du débardeur noir qu'elle portait à ce moment-là. Le tout était parfait, on la reconnaissait plus que bien. Je finalisais les ombres et signais du nom de Michaël Murphy en bas de la page.

Lorsque tout fut fini et que j'eus rangé le dessin dans la pochette prévue à cet effet, je retirai mes lunettes et coinçai une cigarette entre mes lèvres, l'allumant de mon Zippo d'un geste habitué. J'admirais une dernière fois la femme en face de moi, elle allait être conservée à jamais dans mon dessin et c'est ce que je préférais. Les gens pouvaient me croire fou, c'est ce que le psychiatre avait déclaré il y a un peu moins de dix ans, mais je ne suis pas ça, je suis un artiste, je conserve les visages des personnes alors que leurs corps vieillissent et pourrissent, ils devraient plutôt me remercier. Je les rends éternels.

Je m'empressais de prendre la femme, un bras sous ses genoux et l'autre lui tenant les épaules, sa tête retomba lourdement sur le côté, elle fixait le vide, les yeux exorbités et le regard vitreux, ce que je trouvais incroyablement beau, noir et mystérieux. Ce voile sur son regard était celui de la Mort dans sa robe de mariée, à son apogée. Elle était une noirceur brûlante comme une étoile qui s'éteint : un trou noir, sans fond.

◜ je suis un artiste ◞ Où les histoires vivent. Découvrez maintenant