◜ je suis un artiste ◞

chapitre 10 | ravagé

❝ le concept chatoyant d'une nouvelle vie est arrivé gentiment, mais je reste le même, sans doute ni regrets, agissant avec rage et passion ❞

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Ma joue se déformait en s'appuyant sur l'épaule de Camila. Mes yeux se fermaient tout seuls tandis que mon bras se faisait faible. La brune a enlevé la corde qui serrait mon membre pour permettre au sang de mieux circuler. Une légère ligne de sang se discernait sur ma peau pâle et le faible rayonnement de l'aiguille sous la lune m'aveuglait. Camila s'est pressée de se serrer le bras avec la même corde et de planter la seringue dès que la veine est apparue. Alors la substance blanche et droguée est allée dans son sang, une défonce, qui est montée jusqu'à sa boîte crânienne, et c'est alors que sa tête, puis le reste de son corps est parti s'appuyer sur le sable humide, m'entraînant avec elle dans sa chute.

Nous avions nos deux corps qui devenaient froids, couchés sur le sable avec une mer calme en face de nos pieds. Deux seringues étaient posées à nos côtés, remplies d'héroïnes, telles deux amies fidèles. Mes membres semblaient s'enfoncer un peu plus dans le sable tellement je les sentais lourds, je peinais à rester éveillé mais en même temps, ces moments où je me camais avec la femme de ma vie faisaient partis de ceux pendant lesquels je me sentais le plus réveillé.

Camila m'avait proposé, juste une fois. Ça a été suffisant pour favoriser mon addiction, car le fait que je vivais sans arrêt avec Camila ne me détendait pas. Alors oui, j'étais très heureux de l'avoir trouvée et d'avoir une vraie relation amoureuse avec elle, mais en même temps, je voulais me cogner la tête contre le placard à chaque fois que je pensais au magnifique portrait que je pouvais réaliser. En effet, parfois, j'avais envie de la tuer, de lui percer la gorge et de tracer ses traits au crayon, pas la peine de retracer son visage au couteau, elle était déjà parfaite, c'était un modèle de type céleste.

Alors, pour oublier cette idée et me rappeler que c'était la seule femme au monde avec qui j'avais une relation, et qu'il ne fallait donc pas la tuer, je me droguais dans une nuit pareille à celle-ci, et mes hématomes se multipliaient sur mes bras qui devenaient de plus en plus pâles. Mes yeux se soulignaient de cernes violacées et je mangeais moins qu'avant. Heureusement que je ne faisais pas ce genre d'escapade tous les soirs, non, une fois par semaine, maximum. J'étais resté trois semaines sans y toucher une fois ! Mais dès que mon conflit intérieur reprenait, la solution pour faire taire cette petite voix se présentait comme une sainte, me conseillant de me relaxer un peu.

À vrai dire, pour régler mon conflit, je pouvais aussi tuer, ce qui faisait qu'en à peine un an, j'avais tué quinze personnes de plus. Et bien sûr, la police commençait à se douter de quelque chose, même si les enquêtes n'allaient jamais très loin puisque je tuais des gens considérés comme inutiles à la société, il fallait que je sois très discret. J'avais tué quelqu'un de « normal » une fois et la police avait bien faillit remonter jusqu'à moi, encore. Mais les quinze dessins que ces nouvelles victimes avaient donnés avaient permis de me hisser en haut de l'affiche. Je devenais de plus en plus connu, je travaillais à mon compte et les gens s'arrachaient mes oeuvres. J'étais une vraie star locale en Écosse, à Edinburgh, j'entendais les gens qui parlaient parfois de moi « Michaël Murphy, vingt ans et déjà si talentueux. ». Mon travail avait donné ses résultats, je voyais des affiches avec ma tête, qui annonçaient parfois une exposition, et même si j'étais sûr que beaucoup de dessins n'étaient que de pâles copies, les gens qui s'y rendaient pour admirer mon travail me remplissaient de joie.
Alors tout ce succès et cette célébrité m'avait apporté beaucoup d'argent dans le porte-monnaie, je travaillais à mon propre compte, m'étais acheté un appartement à Edinburgh où je vivais avec Camila et ne comptais même plus l'argent que je dépensais dans mon matériel de dessin et dans mes paquets de cigarettes.