Michaël Murphy est depuis toujours un grand passionné de l'art, et porte un intérêt tout particulier à façonner des portraits.
Mais lorsqu'à l'âge de quatorze ans, il est diagnostiqué comme étant atteint de troubles de l'humeur et du comportement, i...
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❝ l'originalité forme des personnes pour qui le temps n'existe pas ❞
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Ça montait à la gorge, ça empoisonnait comme l'arsenic et ça tordait les boyaux. C'étaient des milliers d'âmes qui s'entassaient, pour la grande majorité, pourries jusqu'à la moelle. C'étaient des milliers de gens qui regardaient, qui jugeaient, qui observaient, qui observaient pour pouvoir frapper en plein dans le dos.
Je secouais frénétiquement ma cigarette alors qu'il n'y avait plus aucunes cendres depuis longtemps. Accoudé au balcon, je me rendais malade à force de regarder tous ces gens, ce mouvement fourmillé, j'avais la vilaine impression qu'ils se retournaient tous vers moi, me regardaient en traversant la rue et j'avais une électricité qui me courait sur le dos lorsque je me disais qu'ils voulaient me saccager, j'avais cette paranoïa qui mettait tout mon corps en stress et en désarroi.
« Michaël, c'est l'heure. »
La voix de Camila a fait disparaître mes pensées, je l'ai rejointe, elle était magnifiquement bien habillée : une robe noire cintrée, très classe. Nous sommes sortis, j'étais fier en voyant cette femme marcher à côté de moi, tenant mon bras, l'air assuré, il n'y avait plus que la foule qui se mêlait à nos pas. Mais ce que je sentais surtout, c'est que je découvrais la ville avec cette impression d'étranglement, je n'osais plus avaler ma salive en voyant l'escalier irrégulier que formait tous les toits des gratte-ciels, je sentais que d'un moment à un autre, les monstres de métal allaient nous écraser. C'est ce que m'inspirais la ville de New York, criarde, dangereuse et tout à fait instable.
« On y est ! »
L'excitation trépignante de Camila à l'idée de revoir ses parents se trouvaient être assez drôle, j'espérais que j'allais faire bonne impression et que je n'allais pas trop dérayer, il fallait absolument qu'ils me perçoivent comme un garçon tout à fait normal, qui aimait leur fille et qui essayait de lui faire connaître la belle vie, pas besoin qu'ils soient au courant que je ne l'avais jamais connue avant elle, cette belle vie.
Alors nous sommes entrés, des pleurs, des rires, des remarques et une joie commune pour des retrouvailles horriblement longues. Tout de suite, ses parents ne m'ont pas plu : la mère, beaucoup moins belle que sa fille, me fixait de ses yeux porcins, noirs comme deux trous. Le père, court sur pattes et assez enrobé ne semblait pas bien aimable non plus. Mais les deux avaient ce rictus, cet air faux sur le visage, assez dérouté, comme s'ils ne comprenaient pas que leur fille avait pu me choisir, moi. Or, ils étaient juste jaloux car j'avais réussi à rendre leur fille plus heureuse qu'il n'avait jamais pu.
On s'est assis, puis on a commencé à manger, la conversation ne me concernait pas et je parlais peu. Ils avaient réservé une légère brise de leur conversation pour parler de mon métier, m'avouant que j'étais encore plus connu que je ne le pensais, des stars voulaient des portraits et j'avais la cotte auprès des adolescents, « en raison de ton charme », avait dit la mère. Mais, au moment précis, je m'en fichais un peu. En fait, le gros lard et la vieille femme m'énervaient. Toujours cet air faux et ce rire forcé mais surtout, des sales habitudes de riches. Ils l'étaient, leur appartement était très beau, un style victorien. Et puis tous ces détails, des objets de valeur, des belles fringues, une argenterie, ils avaient même une bonne ! Riches, très riches mais pas assez pour aller voir leur fille et l'empêcher de sombrer dans la drogue, tout ça parce qu'ils ne s'étaient pas battus pour rester en contact avec Camila lorsqu'elle était partie faire ses études. Franchement, ces gens étaient dégoûtants, répugnants et méritaient de vivre dans les mêmes taudis que mes victimes.