La mission secrète de Cupidon - Tome 2

Chapitre 14

Ryan 

-Parle-moi d'elle. Parle-moi d'Adaline.

Le coeur du jeune homme se serra, prêt à exploser comme à chaque fois qu'il entendait son nom. Son Amour. Son premier amour. Son unique amour.

-La première fois que je l'ai vu, sa voix s'enroua. Il ferma les yeux et se concentra, racontant son histoire comme si elle ne lui appartenait pas.

L'été était bien entamé, la chaleur le contraignait à rester les après-midi enfermé au frais. Il s'installait devant la fenêtre quand il avait épuisé son quota de jeux vidéo. Rien de ne passait jamais. Il enviait Rudy et Scott, partis en colonie. Il les imaginait vivre des aventures incroyables alors que lui était coincé entre les quatre murs de la maison familiale. Une voiture chargée de carton vint briser son quotidien. Brusquement, il était éveillé. La voiture freina et tourna au bout de la rue.

-Maman, je sors! hurla-t-il en attrapant son vélo.

Il pédala à un rythme effrené. Essouflé, il s'arrêta au début de l'impasse et regarda le manège des carton. Un couple qui semblait aisé malgré leur vieille voiture, se tenait devant le porche. Un éclat de couleur traversa le jardin en criant. La robe de vichy bleue repartie vers la maison et monta les escaliers deux à deux. Le coeur du petit garçon s'accéléra. Il avait l'intime conviction que ce fait plutôt anodin allait bouleverser sa vie. Intimidé, il resta à l'écart et regarda la petite fille brune, récupérer des cartons et les mener fièrement jusqu'à sa nouvelle maison.

Il pouvait entendre sa mère lui conseiller de se présenter, mais il n'osait pas. Elle irait surement à la même école que lui et il lui parlerait là-bas. Elle serait surement intimidée de ne connaitre personne et ils deviendraient vite amis. Quand le dernier carton fut emporté, il regagna sa maison à regret.

Tout l'été, il vit un vélo passé à tout allure et des couettes flottées dans son sillage. Le rire de la fillette était cristallin et recelait mille secrets.

Il n'avait jamais été aussi content de faire sa rentrée scolaire. Fièrement, il choisit bien ses vêtements et partis prendre le bus le dos bien droit. Arrivé à l'arrêt, il se rendit compte qu'elle parlait déjà à tous leurs camarades, visiblement intrigués par cette nouvelle venue. Son coeur se dégonfla. A pas trainant, il s'approcha et se joignit au groupe. Elle lui sourit, et il eut l'impression que toute la gentillesse du monde était enfermée dans son regard.

Au mois de novembre, il avait attraper une vilaine grippe. La joie de rester à la maison avait vite était remplacée par un grelottement interminable et des quintes de toux asphyxiantes. Le vendredi, il se sentait un peu mieux bien que toujours. Une soudaine agitation au rez-de-chaussée, lui fit quitter son lit.

De petites ballerines blanches et des socquettes assorties étaient visibles au bas de l'escalier. Adaline lui apportait ses devoirs. Il se sentait brusquement mieux. Il se dépêcha de cacher ses affaires sous son lit et changea de T-shirt. Elle resta avec lui plus de deux heures et pris la peine de lui expliquer tout ce qu'il avait manqué. Il insista pour la raccompagner à la porte et chancela en se tenant à la rambarde de l'escalier. Il vit bien dans ses yeux qu'elle le trouvait courageux et bien élevé. Il la remercia et lui dit à lundi.

Le soir même sa mère fut étonné qu'il prenne ses médicaments sans rechigner. Dans sa tête, rien de l'empêcherait de retourner à l'école. A partir de ce jour, ils ne se quittèrent plus.

Elle devint sa meilleure amie, sa confidente, sa partenaire pour toutes les farces qu'il pouvait imaginer, sa complice quand il se faisait gronder...

Confiant, la vie s'offrait à lui et il se rendit compte au fil des années que la petite fille devenue une adolescente, était son âme soeur. Il avait eu la chance de la rencontrer du haut de ses huit ans alors que certaines personnes mettaient des décennies pour se trouver. A quatorze ans, ils échangèrent leur premier baiser dans une salle de cinéma. A quinze ans, ils prirent leur courage à deux mains et s'avouèrent leur sentiment. Ce jour-là, le printemps était déjà épanoui. Ryan l'avait entrainée près d'un lac à une dizaine de kilomètres de chez eux. Il avait tout préparé. Un pique-nique romantique et une longue lettre qu'il avait réécrite des dizaines de fois, le soir avant de s'endormir. Quand il lui a dit qu'il l'aimait, elle lui sourit avec toute la tendresse du monde et l'embrassa. Elle lui offrit sa chaîne en or qu'elle portait depuis toujours pour rester avec lui à jamais.