Lettres à Miles

Lettre 3 ~ Pleurs et hésitation

« Bonsoir. :^
J'espère que tu vas bien, moi je ne sais pas trop, mon cœur est lourd de tristesse. Mon père et ma mère se sont engueulés plus fort qu'à leur habitude, plus longtemps et sur un sujet plus important et trop complexe à expliquer. Ils ont fini en se promettant le divorce, seulement moi je ne veux pas, je ne peux pas, je ne pourrais le supporter. Certes j'ai déjà 16 ans, je commence à être autonome, mais vivre sans mes deux parents ensembles, qui s'aiment mutuellement, c'est un déchirement.
Il était déjà plus de minuit, et mon petit frère - qui n'a que huit ans- est venu dans ma chambre et ma entouré de ses petits bras en pleurant silencieusement, de temps en temps il levait la tête vers moi et m'interrogeait du regard, désespéré.
Alors il a dormi avec moi, et voir sa petite bouille si triste et blessée par les disputes de nos parents ma brisé le cœur.

À part ça, ma meilleure amie a décidé de partir en voyage linguistique six mois en Angleterre, et je ne sais pas si je pourrais me passais d'elle aussi longtemps. Elle est mon tout (oui dit comme ça cela paraît très niais) et sans elle je ne suis que vide, vide de sa présence.

Alors tout ceci semble sûrement très dérisoire comparé aux drames que vivent certains humains peut-être à deux pas de chez moi ou à l'autre bout du monde. Mais on a tous nos problèmes, qu'ils soient petits ou grands, ils nous brisent tous le cœur à coups de couteaux tranchants.

Miles, j'hésite encore à t'envoyer ces lettres, j'ai peur que tu prennes peur ou ne les montres à d'autres personnes, mais je te connais quelque peu depuis le temps que nous sommes en classe ensemble. Et j'ai l'espoir que tu sois de ces gens qui respectent les autres.
Peut-être le jour où tu recevras ces lettres sera dans quelques mois, ou peut-être que de nombreuses années auront passé et que l'eau aura coulé sous les ponts.

Tu sais, j'ai du mal à nous imaginer adultes. Nous les adolescents de notre génération, je nous imagine mal en adultes responsables pourtant nous sommes destinés à le devenir, ne le sommes nous pas?

J'ai dans la tête cette question que l'on me repose souvent, une question d'adulte que l'on me posait déjà jeune enfant. Une réponse à laquelle les jeunes enfants ont déjà des réponses mais à laquelle où nous, nous ne pouvons répondre précisément, souvent rongés par le doute, l'indécision ou l'incertitude totale. Cette question est la suivante:
«- Que veux-tu faire dans la vie? »
Je n'y ai toujours pas de réponse, mais peut-être qu'un jour j'y parviendrai sans hésitation, peut-être le jour avant qu'il ne soit trop tard pour y répondre.

Une question d'adulte posée aux enfants seulement, une question que nous futurs adultes poserons aux futurs enfants. Une question à laquelle si on me l'a posait maintenant je ne saurais qu'uniquement répondre par un bref "je ne sais pas".

Je vais te laisser, il est 13h00 passé et j'ai faim, je n'ai pas mangé depuis hier matin, et encore.
Au revoir Miles. :·)
Τοη αηοηγmε. »