Chapitre 7

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Trois semaines s'étaient écoulées depuis cette nuit-là. Celle qui avait clôturé une histoire qui n'avait jamais vraiment commencé. L'ambiance au sein de SG1 était lugubre et électrique. Daniel et Teal'c s'efforçaient de garder un minimum d'unité, mais Sam et Jack étaient d'un tout autres avis. Alors depuis deux semaines environ, les deux compères de malheur se partageaient entre leur major et leur colonel mangeant tous séparément et évitant le plus possible de laisser les deux militaires dans la même pièce plus de temps qu'il n'était nécessaire. Mais même avec tous leurs efforts, l'inéluctable s'était produit. Leur dernière mission avait très mal tourné. Jack avait voulu régler un problème d'égaux, et Sam n'était alors visiblement pas d'humeur (comme souvent ces temps-ci). Depuis O'Neill, se baladait avec un œil au beurre noir, punition pour avoir parlé du devoir féministe exaspérant que certaines femmes de la base accomplissaient environ mille fois (il avait été gentil) par jour. Carter s'était senti visé bien évidemment et avait frappé. Juste une fois, elle avait repris son self-contrôle à la seconde où son poing avait heurté Jack. Il avait hurlé, et elle ne s'était pas démontée. Leur joute verbale était de plus en plus violente, et Jack avait failli l'insulter. Merci mon Dieu, il avait réussi à se retenir, sinon il en était certain, il aurait eu le droit à bien pire qu'un cocard. Il n'empêche qu'Hammond avait voulu savoir ce qu'il s'était passé, et Jack avait été obligé de dire la vérité ce qui avait valu à Sam un détour par la case bureau de tonton Georges. Pas cool s'était-il dit. L'ambiance était donc plus que tendue. C'est pour ça que quand Walter était venu le trouver en lui demandant de se rendre dans le bureau du Général immédiatement, par ordre de celui-ci, il y avait été et au pas de course s'il vous plaît. Il hésitait à frapper. La dernière fois qu'il avait discuté avec Hammond, il s'était montré sous son jour sentimental et vulnérable, et il avait détesté ça. Sauf qu'il n'eut pas le loisir d'hésiter plus longtemps puisque le chef de la base venait d'ouvrir la porte et lui faisait maintenant signe de renter. Ce qu'il fit. Il se plaça devant le bureau le dos droit comme un I, attendant un quelconque ordre de la part de son commandant. Hammond n'était pas pressé, il prit le temps de refermer la porte et de venir s'asseoir sur son fauteuil. Il dévisagea son bras droit durant à peine une poignée de secondes, qui parut interminable pour Jack.

-Asseyez-vous Jack.

Le ton n'était pas froid, ni impersonnel juste résigné.

-Je suis désolé de vous avoir fait venir mon petit, mais nous avons un problème.

Le colonel se tendit de nouveau, il lui avait déjà dit qu'il ne porterait pas plainte contre Carter, car il avait mérité de prendre son poing en pleine face. Alors qu'est-ce donc cette nouvelle si problématique que Georges avait à lui annoncer ? Il resta muet attendant la suite avec appréhension.

-J'ai trouvé ceci il y a moins d'une heure, il désigna une enveloppe posée sur le bureau. Il s'avère qu'après environ une bonne dizaine de relectures, je ne comprends toujours pas pourquoi cette lettre s'est retrouvée ici. Alors j'aimerai, colonel, que vous m'éclairiez.

Il lui tendit la lettre. Jack n'était pas sûr de ce qu'il devait faire. Après tout il n'avait aucune idée de ce dont il était question dans ce foutu bout de papier. Mais, l'écriture fine et ronde qu'il connaissait si bien ne lui laissa pas le choix. Bon Dieu Carter. Qu'avait elle encore fait...

Il prit la lettre et la déplia. Il eut un choc. Il ne pouvait croire ce qu'il était entrain de lire. Et pourtant c'était inscrit noir sur blanc. Elle demandait une mutation en zone 51 ou au Pentagone. Et si sa demande ne pouvait être acceptée, elle donnerait sa démission. Ces raisons étaient floues pour tout autre lecteur, mais pour Jack, elles étaient limpides comme de l'eau de roche. C'était en partie de sa faute, et de la sienne aussi. L'ambiance étouffante la faisait suffoquer, et leurs attitudes respectives la rongeaient. Elle évoquait le désir de vouloir s'éloigner du danger du terrain, ne supportant plus la pression. Les hauts gradés auraient pu avaler cette histoire, mais pas Jack, et Hammond non plus apparemment. Carter était la femme la plus forte qu'il connaissait, elle ne craquait pas sous la pression, et même si elle avait peur, elle exécutait les ordres. C'était un soldat exemplaire et plus que compétent. Alors, il n'avait pas cru un seul instant les sornettes dont était farcie cette lettre. Il déglutit difficilement. Georges avait un regard inquisiteur. Ils ne savaient tous deux comment réagir. Ils ne pensaient pas que la situation avait atteint un tel paroxysme. Et pourtant la preuve était là.

Une histoire sans fin ou presqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant