Chapitre 3

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Et merde. Il ne pouvait pas dire qu'il n'avait pas envisagé la possibilité que la boucle se rompe d'elle-même, mais qu'elle était les chances qu'elle le fasse juste quand il avait décidé d'embrasser Carter ? Minimes, très minimes. Il se permit de tournait les yeux vers elle, juste le temps de voir qu'elle était vraiment très mal à l'aise au milieu de tous ces regards. Il ne devait pas être mieux, se dandinant d'un pied sur l'autre, comme un canard se dit-il. Minable. Il se sentait vraiment minable. Il n'osait même pas croiser son regard. Et pourtant Dieu seul sait à quel point il le voulait. La seule chose qu'il réussit à faire fut d'empoigner son major par le bras et de suivre Hammond jusqu'à son bureau. Le Général leur fit signe de s'installer, ce qu'ils firent sans attendre. Hammond gardait un visage de marbre, le silence était de plomb et aucun des deux militaires assis ne souhaitait le briser.

-Je peux savoir ce qu'il vous est passé par la tête colonel ?

Il avait dit cette phrase sur un ton plat et glacial, ses yeux lançaient des éclairs. Jack vit son major se faire encore plus petit qu'elle ne l'avait déjà fait auparavant. Il déglutit sentant le regard furieux de Georges sur lui.

-Eh bien, voussavezaveclabouclettouçaj'aipenséquejepouvaisbienm'amuserunpeu !

Son débit avait été si hallucinant que même son major avait relevé la tête, ils le regardaient tout deux incrédules par la vitesse avec laquelle les mots étaient sortis de sa bouche.

-Veuillez répéter colonel, et plus lentement s'il vous plaît je commence à être sourd.

Une lueur étrange passa rapidement dans ses yeux, mais Jack ne sut dire ce que c'était.

-Mon Général, vous savez que nous étions sous l'effet d'une boucle temporelle ?

Hammond hocha la tête en signe de confirmation et le pria de continuer d'un geste de la main.

-Eh bien, j'ai voulu jouer un peu avec le feu, profiter de la boucle pour m'amuser. Voyez-vous monsieur, à cette heure ci la boucle aurait dû reprendre son cours or, nous sommes dans votre bureau, ce qui signifie qu'elle s'est rompue d'elle-même, monsieur.

Hammond hocha de nouveau la tête, maintenant pensif. O'Neill osa un coup d'œil vers Carter. Il n'aurait pas dû. Il aurait dû être mort à l'instant même, fusillé par le regard de Sam.

-Major est ce que c'est possible ? demanda Hammond.

-Eh bien, en réalité cela l'est. C'était peu probable que cela arrive, mais c'était une des possibilités que j'avais envisagées, et apparemment je ne suis pas la seule à l'avoir fait.

Elle avait parlé sur un ton froid et détaché. Son regard n'exprimait plus rien quand il entra en collision avec celui du colonel. Cela lui fit froid dans le dos.

-Très bien major, vous pouvez disposer. Colonel, je n'en ai pas fini avec vous.

Il posa un regard compatissant sur Sam, qui lui adressa un signe de tête formelle, la discussion avec Tonton Georges viendrait plus tard. Carter ne posa pas un regard sur lui, elle se contenta de se lever les épaules tendues au possible, la nuque raide, et de passer la porte direction son labo. Jack avait à nouveau baissé les yeux. Il avait fait du mal à Carter. Et en plus, il détestait le genre de discussion qui allait suivre.

-Jack...

Il avait soupiré, cela n'augurait vraiment rien de bon. Le colonel releva la tête l'air penaud. Il n'essaya même pas de faire de l'humour, il avait foiré, il le savait et il assumerait, point.

-Qu'est-ce qui vous est arrivé fiston ? Je sais que Sam et vous avez des sentiments plus qu'amicaux l'un en vers l'autre, mais la franchement en pleine base ? Je veux bien que tout le monde se doute que quelque chose se passe entre vous, mais aviez-vous besoin de confirmer les rumeurs ?

Il le rabrouait gentiment, comme un père le ferait avec son fils pris entrain de faire une bêtise. Jack avait blêmi. Alors c'était ça, il pensait qu'il avait voulu confirmer les rumeurs et marquer son territoire. Il avait tort, sur toute la ligne. Il inspira un grand coup, il aurait préféré que Georges lui hurle dessus, il aurait su comment réagir à ce moment là, mais le ton paternaliste l'avait déconcerté. Dieu qu'est-ce qu'il détestait parler de ses sentiments, surtout ce envers Carter. Il vida pourtant son sac.

-Vous savez Georges, après la mort de Charlie, je ne croyais plus en rien. Même mon mariage ne comptait plus. Alors quand le Général West ma demandé de venir pour prendre le commandement la première mission sur Abydos, j'ai accepté. J'étais le type parfait, plus d'attaches, dépressif et suicidaire. Alors quand on m'a expliqué que le but de ma mission était de passer la Porte et de prendre note d'un quelconque danger potentiel, je n'ai pas réfléchi et j'ai accepté. West ma ensuite dit que si danger il y avait, j'avais pour ordre de tout faire sauter. Mission suicide, je ne me suis pas démonté. Ne faites pas cette tête Georges, vous étiez parfaitement au courant.

En effet le Général était maintenant blanc comme un cachet d'aspirine. Il savait que la mission était suicidaire, et que c'était pour cela que Jack était arrivé en haut de la liste pour être le commandant durant cette mission mais il détestait l'entendre de sa propre bouche, l'entendre dire à quel point ça avait été facile pour lui d'accepter. Il détestait l'USAF pour cette raison. Elle savait toujours qui envoyer comme cher à canon. Il le laissa cependant continuer sentant qu'il avait besoin de vider son sac.

-Malheureusement, Daniel a eu la bonne idée de vouloir faire exploser le vaisseau mère de Râ plutôt que la porte. Il a libéré le peuple d'Abydos, et je crois que c'est à partir de ce moment-là, non peut-être avant en fait, peu importe, que je me suis attaché à lui. Plus de menace, donc plus de mission suicide si l'on pu dire, j'allais pouvoir rentrer retrouver Sara. J'ai ramené tous les gars qu'il restait, ce putain de serpent avait réussi à chopper quelques un des nôtres. J'acceptais de laisser Danny Boy là-bas, à l'unique condition qu'il enterre la porte après notre passage. Ce qu'il a fait. Une fois de retour sur Terre et le rapport de mission bouclé j'ai pris ma retraite. Daniel était censé être mort et je ne voulais plus repartir. Il fallait que je parle à Sara, je le devais. Sauf qu'en rentrant j'ai trouvé les papiers de la procédure de divorce sur le comptoir. Elle était partie, elle avait fui ce qu'il restait de nous plus rien ne me retenaient non plus. J'ai déménagé pour un quartier plus calme. Je commençais une nouvelle vie. Puis Samuels a débarqué en haut de mon toit. J'étais de nouveau en service, tout comme la Porte des Etoiles. Puis vous connaissez la suite, une boîte de mouchoirs plus tard j'étais de retour dans cette salle de briefing. Je râlais, encore, je ne voulais pas de ce capitaine Sam Carter, ça me faisais penser au capitaine Sam, celui qui ne touche pas un verre en soirée pour ramener les éméchés.

Georges gloussa, et Jack sourit un peu puis il reprit.

-Quand elle a débarqué dans cette salle, avec son aplomb et son sourire... Mon dieu j'avais cru en perdre ma repartie. Puis elle m'a tenu tête, elle a tenu tête à mes gars, toujours avec ce sourire, celui qui éclaire 10 bornes autour d'elle. A ce moment-là, j'ai su que Samantha Carter allait devenir ma bouffée d'oxygène. J'étais entrain de me noyer dans la monotonie quotidienne. Et puis elle est devenue mon quotidien. Je me souviendrais toujours de sa proposition de bras de fer j'aime les officiers avec du répondant, pas les toutous lèchent bottes. Carter, malgré ses apparences n'était pas comme ça, ça m'a plu. Et puis au fur et à mesure elle m'est devenue indispensable, en moins de temps qu'il ne faut pour le dire j'étais accro. Et puis, quand elle s'est retrouvée bloquée derrière ce fichu champ de force j'ai su. J'ai su que malgré tous mes efforts, je m'étais attaché à elle. J'ai réalisé que je ne voulais pas d'un monde où Samantha Carter n'était plus.


Une histoire sans fin ou presqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant