05

2.5K 219 50
                                    

*
Nabil
02:06

Putain. Faut qu'j'la voie. J'veux la voir.

*
Jade
02:08

Cela faisait 3 jours que je n'avais eu aucunes nouvelles de Nabil. Et en réalité, j'en avais pas cherché.
Ce que Sana m'avait dit, la dernière fois qu'on s'était vues, m'avait un peu effrayé. Moi ? Amoureuse de Nabil ? Franchement, j'crois des fois ils sont 57 dans sa tête à elle.
Cette nuit là, j'dormais pas, j'parlais avec mon amie Inès l'ours insomniaque quand soudain, mon téléphone vibra deux fois : je venais de recevoir deux messages différents. Un d'Inès, bien sûr, et un autre, à ma grande surprise, d'un certain Nabil.
Sur le coup, j'ai pas capté que c'était ce Nabil. Après tout, j'avais son numéro mais la dernière fois que je l'avais utilisé c'était quand Tarik était tombé : il ne m'avait jamais envoyé de message.
Quand j'ai enfin repris mes esprits, j'ai hésité un instant. J'voulais pas ouvrir le message. J'voulais pas reprendre contact avec lui. Certes, il m'avait manqué pendant ces 3 jours, mais j'voulais pas finir comme ce que Sana disait, rien que d'évoquer ce terme était difficile pour moi.

Brr. Brrrr.

Un second message de lui.
Sans m'en rendre compte, mon doigt appuya tout seul sur celui-ci.

<< Nouveau Message : Nabil >>
- Descend despi.
- Oh fais pas la meuf répond.

Quoi ? Il est marrant, lui. Il est 2h du matin et il veut que je descende. Déjà de une, j'avais pas envie et de deux, même si, par hasard je dis bien par hasard, j'avais envie, j'pouvais pas.

- Non smeh j'peux pas, bonne nuit.

Mais croire qu'il allait s'arrêter là, c'était mal connaître Nabil.

- Fais pas la folle descend j't'ai dit ou wAllah j't'appelle dehors, y'a ton reuf dans le bloc juste en face de ta tour.
- Mais t'es taré wAllah, t'as vu y'a mon reuf il va m'cramé, j'peux pas sortir !
- Ok.

Putain, non ! Faut pas qu'il m'appelle ! Dingue qu'il est, je sais qu'il va le faire. Et sans vraiment faire attention, j'l'appelle avec mon téléphone.

- Descend, j't'ai dit.
- Mais Nabil, j'peux pas, wesh il est 2h !
- J'm'en fous, descend j'suis avec ma gova derrière ta tour.

Et il raccrocha. Bordel, j'étais obligée de descendre maintenant... Je fouille un peu dans mon armoire et enfile un voile et une veste trouvés par là.
J'étais en djellaba, mais entre nous, j'allais pas mettre une tenue de soirée pour descendre à 2h du matin.
Et après une mission escapade réussie, j'étais à l'arrière de mon bloc.
Une fois sortie, son Audi A5 aux vitres teintées me fit des appels de phares et j'alla m'installer dans celle-ci.
Personne parlait, je regardais devant moi et lui, il me regardait. Il n'y avait pas de musique, il n'avait même pas démarrer.

- Ça va ? a t-il brusquement demandé.

Je me suis retournée vers lui et je l'ai regardé un instant avec un regard où surprise et incompréhension y étaient mélangés. Lui, il était là, tout souriant.

- Mais tu veux quoi, Nabil ?
- Ben rien, tranquille on s'ballade, t'as faim ?
- Non.
- Ben moi, si.

Et il démarra. Le trajet était silencieux, pas de musique, rien. Le seul bruit qui résonnait était le tapotement frénétiques de ses doigts sur le volant. De mon côté, j'essayais de distinguer s'il était drogué ou pas. Et c'est quand il commença à chuchoter un air, que je comprit.

- T'es mon bijoux... J'suis fou d'toi, je veux mon bisouuus...

J'ai soupiré : il était pété. D'un côté, je savais pas si j'devais lui demander de me ramener, car si on analyse la situation correctement : Nabil était violent que lorsque qu'il était en manque.
(Ferme ta gueule, Jade, tu dis ça que pour rester avec lui.)
Sah, pour une fois qu'il était content, autant en profiter.
Il s'arrêta près d'un O'tacos : ça sentait déjà bon dans la voiture.

- Wahh, ça sent trop bon...

Il ricanât :

- Dommage ! T'as dit que t'avais pas faim.

Et il sortit en claquant la porte. Mais bien sûr que si j'avais faim ! J'ai tout le temps faim moi. Certes, il était de bonne humeur, mais Nabil restait un batard, c'est dans sa nature.
Après une demi-heure -oui une demi-heure-, il revint enfin.

- Tu m'as laissé toute seule pendant 3h, Nabil, t'abuses.
- Orh c'est bon, j'sais te manques mais force pas j't'ai laissé au plus 30 minutes, j'ai parlé avec des shabs.

J'ai soupiré. Il recula son siège et posa son sac sur ses genoux. Tel un gourmand, il l'entrouvrit et plongea la tête dedans, afin humer la fantastique odeur de son tacos. Il le sortit alors du sac et l'ouvrit délicatement, tout en le regardant sensuellement et délicatement. J'avais la haine, mon vente était en train de gronder comme un ogre et lui, il était là en train de manger son tacos des yeux.
Il le sentit une dernière fois, avant de me lancer avec un grand sourire :

- Ben tu m'dis pas "Bon appétit ?"

J'ai même pas répondu, j'lui ai lancé mon plus beau regard de méchante avant de tourner le tête vers la vitre.
Et vous savez il a fait quoi ? Il m'a lancé le sac sur les genoux en disant :

- Vas-y, tient batata. J'suis un enculé mais pas à s'point quand même.

Quoi ? Mais il est jnouné ?
Et c'est à ce moment que j'ai trouvé le sac un petit peu trop lourd pour être vide. J'ai alors plongé la tête dedans et... il restait un tacos !
Une multitude de sentiments explosèrent à l'intérieur de mon corps, ou plutôt de mon ventre. Un large sourire était scotché sur mes lèvres.

- Ah, euh, merci !
- Ta gueule, je mange.

Je ne répliqua pas et croqua dans mon succulent repas.
____

Rares étaient les fois où on parlait.
Quand il eut finit son tacos, il ouvrit enfin la bouche.

- Wahhh deux heures pour manger, elle, bouge ton terma.
- Tranquille y'a pas feu au lac.
- Quooooi ? s'écria t-il avant d'exploser de rire.
- Mais vas-y t'es un hmar wAllah, c'est une expression et elle est pas sensée être drôle, tu vois ?

Et il continua de rigoler, impossible de l'arrêter. Ça me faisait tellement du bien de le voir rire pour une fois que je me joint à lui.
Mais après un certain moment, il reprit (enfin) ses esprits. Je lui posai donc une question qui passait par là :

- Et du coup, t'es partit voir Tarik au parloir ?

Et là, j'ai pas comprit. À l'entente de cette question, son visage changea complément d'expression. Ses sourcils se froncèrent, il arrêta brusquement de rigoler et il se mit à regarder droit devant lui, la mâchoire terriblement serrée.

••••

أمينة
@GhettoYouth_

À suivre...

[PNL] Jade - Le choixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant