Call 3

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La milieu de la semaine arrive vite pour Jane, elle ne travaille pas l'après midi le mercredi mais elle reste quand même quelques heures de plus, aujourd'hui, afin de terminer un dossier.

Elle ne sait pas si ce mystérieux Harry va rappeler, elle l'espère et c'est aussi pourquoi elle est resté plus longtemps mais ça elle le nie à elle même.

Elle reçoit un énième appel téléphonique sur le fixe, elle décroche à la hâte.

- Jane McConeli, j'écoute. fit-elle encore et toujours.

- Jane..

- Harry, c'est ça?

Le jeune, de l'autre côté du fil, sourit. Elle l'a enfin reconnu.

- C'est moi.

- Comment vas-tu?

- Comme d'habitude, mal. Et toi?

- Je vais bien merci.

Jane se sent triste pour Harry, elle voudrait pouvoir faire quelque chose pour l'aider.

- De quoi veux-tu parler aujourd'hui? enchaîne-t-elle

- De ce qu'il s'est passé dans mon école.

- Très bien, je t'écoute.

- Et bien, quand j'avais 16 ans, j'étais quelqu'un d'assez timide et très peu sûr de moi. Je n'avais que très peut d'amis. J'étais plutôt un bon élève et les bons élèves, les gens ne les apprécient pas toujours. C'était le cas de Troy Douglas et de Oliver Lights, ils ne m'appréciaient pas et ça, ils me le faisaient bien savoir. Ils m'ont pendant longtemps martyriser, on va dire. Ça a commencé doucement comme des boulettes de papiers qu'ils me lançaient, mon sac qu'ils me prenaient, mes affaires qu'ils piétinaient puis ça a vite dérapé. Ils m'ont plongé la tête dans la cuvette des toilettes à de nombreuses reprises, ils me frappaient, ils me mettaient des trucs infâmes dans mes repas, ils m'ont même mit une grenouille morte dans mon sac à dos. Ils ont lancé diverses rumeurs à mon propos et les élèves me regardaient bizarrement en se moquant de moi. Je n'avais pas osé en parler à ma famille, j'avais trop honte, donc je me suis braqué et me suis renfermé encore plus sur moi même. Et, je ne sais pas comment mais j'ai réussi à avoir une petite amie, Cassandre. Elle était douce et gentille avec moi, elle faisaient abstraction des rumeurs et m'aimait pour ce qu'elle voyait, elle était vraiment incroyable mais un jour, un soir plutôt, j'ai reçut une vidéo. Sur cette vidéo on voyait très bien Cassandre se faire baiser par ces deux salopards de Troy et Oliver, ce n'était pas un viol oh non, elle en redemandait et elle criait leurs noms. Elle avait même avoué, à la fin de la vidéo qu'elle ne m'aimait pas et qu'elle en avait rien à foutre de moi, elle voulait juste s'amuser et baiser. J'étais dévasté, rien ne se passait bien dans ma vie, j'étais la risée de mon école, je n'avais aucun amis, ma famille l'ignorait et mes notes dégringolaient, alors en plus si on ajoutait une petite amie -qui est en réalité était une connasse- qui te trompe, c'était le pompon. Cette nuit là, j'ai pleuré et pleuré avant de prendre des médicaments, trop de médicaments. J'ai fait une putain d'overdose et me suis retrouvé à l'hôpital. Mes parents étaient dévastés et ma grande soeur pleurait à mon chevet. Puis, j'ai enfin eu le courage de tout leur avouer et nous avons déménagé dans un autre endroit très éloigné. Je ne suis néanmoins jamais retourné en cours de ma vie. Je fais l'école à domicile, mais je ne peux pas oublier tout ce qu'ils m'ont fait, c'est trop imprégné dans ma mémoire pour oublier.

Pendant ce long monologue, des deux côtés du fil, Harry et Jane pleurent à grosses goutes. Lui est très remué par ce qu'il lui est arrivé et elle pleure parce qu'elle est émue d'entendre une histoire aussi triste.

- Oh mon dieu, Harry.. C'est horrible.

- Oui.. C'est très compliqué.

- Est-ce que-

La conversation est terminé, Harry l'a décidé ainsi. Jane essuie ses larmes et raccroche. Elle récupère ses affaires, range son bureau et rentre chez elle, elle est trop bouleversée pour continuer à travailler.

Harry continue de pleurer, il cri un bon coup pour évacuer toute la rage qu'il a en lui. Sa mère, interpelée, monte jusqu'à sa chambre, elle toque et l'appelle mais le jeune homme ne lui répond pas et n'ouvre encore moins la porte. Elle repart, vaincu et surtout triste. Elle voudrait comprendre son fils mais celui-ci se refuse à toute discussion avec elle ou avec le reste de sa famille, elle est désespérée.

Le jeune homme attrape ses écouteurs qu'il branche à son téléphone, il met de la musique, une musique triste qui va parfaitement avec son humeur noire. Il sourit tristement en se disant qu'il reste simplement 28 jours avant la fin.

Suicide HotlineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant