Le Labyrinthe III: La sauveras-tu ?

Chapitre Fifteen

(PDV Thomas)

Lorsque la voix de Janson se mit à résonner au dehors, mon cœur s'emballa tellement que je cru faire un arrêt cardiaque. Je ne voulais pas retourner au Sanctuaire, entre les mains du WICKED. On avait déjà trop avancé pour faire marche arrière. Tous comptaient sur moi pour les sortir de là, une nouvelle fois. Sauf Teresa, bien sûr.
      - Vite, il faut les détacher ! s'écria Jorge en se servant de la manivelle pour nous faire revenir sur terre.
       Une fois que nous furent tous les pieds au sol, et que Poêle-à-frire eut reprit ses esprits, Jorge et Brenda nous entrainèrent dans une course folle à travers le hangar. Nous étions à l'étage, et d'en bas, je voyais les soldats de Janson, armés, pénétrant dans le hangar, à notre recherche. Mais la voix de Janson résonna une nouvelle fois dans son haut-parleur.
      - Livrez-nous les gosses, ordonna-t-il, depuis son hélicoptère.
      - Compte là-dessus, fit Jorge pour lui-même. Sale petit connard prétentieux.
      J'eus comme une espèce de sourire en l'entendant l'insulter comme ça. Je trouvais enfin quelqu'un d'autre d'accord avec moi sur ce point : Janson est un sale connard prétentieux, c'est une vérité.
       Le hangar me parut interminablement grand pendant notre course. Tout se ressemblait, et j'avais l'étrange impression d'être déjà passé par le m^me endroit toutes les quinze secondes. Finalement, nous sommes arrivés dans un endroit bien en fond du hangar, avec une ouverture face au hangar d'en face, ouvert lui aussi par une fenêtre. Un long fil les reliait tous les deux, avec des poulies de tyrolienne. Jorge nous ordonna d'en prendre une et de se lancer dans le vide, jusqu'au hangar d'en face.
       - J'ai pas confiance, intervint Minho. Et si c'était un piège, pour nous tuer tous, dès qu'on serrait sur le fil ?
       - Pour une fois, je suis d'accord avec l'autre asiatique, fit Yang Lee en lui adressant un regard.
      - Bien, bien, je vois... Je vous montre, et vous faites pareil, ok ? Et si vous n'avez pas du tout confiance, vous n'avez qu'à y aller un par un, leur répondit Jorge.
      - Eh eh, le retint Minho avant qu'il ne s'élance. J'ai pas confiance, donc on passe en premiers. Pigé ?
      - Ici, c'est pas toi qui fixe les règles, chico. Mais soit, vas-y en premier alors.
      Minho lui adressa un regard noir et attrapa une poulie. Il hésita longuement en regardant en bas.
     - Bon, tu te bouges, intervint Brenda. On n'a pas toute la nuit, ils arrivent !
     - Ca va, j'y vais ! répondit sèchement le blocard.
     Il s'élança dans le vide, et nous le vîmes rejoindre l'autre hangar. Il atterrit normalement, et nous fit signe de nous lancer.
     - Honneur aux dames, fit Aris en tendant une poulie à Yang Lee.
Celle-ci sauta en s'accrochant, et arriva de l'autre côté sans mal. Minho l'attrapa et l'aida à remonter correctement. Puis ce fut au tour de Lena. Chacun leur tour, les blocards et les jobards s'élançaient dans le vide, et glissait le long du câble, jusqu'au hangar d'en face. Quand ce fut mon tour, je me mis à appréhender. Le vide et moi, nous n'étions pas très copains. Mais Jorge me poussa dans le vide, et je glissais sur le fil. Newt et Minho m'attrapèrent, puis me hissèrent au hangar. Jorge et Brenda sautèrent à leur tour, en même temps dans le vide. Une fois que nous fûmes tous sortis d'affaire, Jorge se remit à courir, et nous à sa suite. Mais une lumière blanche aveuglante traversa les trous du hangar ; c'était l'hélicoptère de Janson ! Avec son haut-parleur, il nous ordonna de nous arrêter. Mais Jorge se mit simplement à l'insulter en espagnol (c'était sûrement des insultes, je ne vois pas ce que ça aurait pu être d'autre).
        Soudain, Brenda lança un regard interrogateur à Jorge, et celui-ci acquiesça d'un vif signe de tête. Alors la jeune femme sortit une télécommande avec un gros bouton dessus. Elle appuya sans hésitation sur celui-ci, et derrière nous, une explosion retentit dans un vacarme assourdissant, puis des flammes de couleurs vives nous éclairèrent le chemin pendant plusieurs secondes.
      Elle venait de faire sauter le hangar d'en face, avec tous ses hommes à l'intérieur.
      Je lui lançais à mon tour un regard interrogateur, mais elle m'ignora, et continua sa course, à la suite de Jorge.
      Finalement, nous sommes arrivés en bas plus vite que je ne l'aurais cru. Janson était retourné vers l'autre hangar pour constater les dégâts, ce qui nous laissait le temps de sortir de notre cachette, et de courir aussi vite que possible dans l'obscurité de la nuit. Je détaillais les blocards et les jobards un à un, pour être sûr qu'il y ait tout le monde. Et personne ne manqua à l'appel. Perdre Winston était la deuxième chose la plus insupportable qu'il m'était arrivé de vivre, alors il était hors de question que ça se reproduise.

*****

Voilà des heures que nous marchions dans la nuit, le sable croulant sous nos pieds. La température avait radicalement baissée, si bien qu'on avait presque froid. Jorge avait emmené plusieurs gourdes d'eau, qu'il nous prêtait plus facilement que je ne l'aurais cru.
      Je marchais à côté de Teresa, quand soudain, une question me traversa l'esprit.
      - Pourquoi tu es venu avec nous ? Tu ne voulais pas retourner au Sanctuaire ?
      - Je... Tu as peut-être raison, après tout... Peut-être qu'on devrait trouver le Bras Droit. Il pourrait nous aider...
      Le son de sa voix n'était pas naturel. Elle semblait perdue, l'esprit occupé par des pensées troubles. Et ce changement soudain d'avis ne me disait rien qui vaille. Teresa n'était pas du genre à changer d'avis comme ça, elle était plutôt tête de mule, alors l'idée qu'elle se range à nouveau de mon côté me fit penser que tout ça n'était pas normal.
      - Et qu'est-ce qui t'a fait changer d'avis ?
      - Oh, je ne sais pas... J'ai beaucoup réfléchi, tu sais...
      - Il y a encore cinq heures, tu me reprochais de t'avoir sorti des mains du WICKED.
      Elle se crispa. Même dans l'obscurité la plus totale, je parvenais à le distinguer.
      - Ou-Oui, c'est vrai, et je regrette Tommy... Mais nous n'avons pas le temps de chercher le pourquoi du comment, on a encore une longue route à faire pour arriver jusqu'au Bras Droit...
       Je regardais devant moi, le regard perdu au loin, parmi les montagnes qui semblaient s'éloigner de plus en plus. Plus je les regardais, plus l'espoir en moi s'envolait. Pourrait-on un jour retrouver une vie normale ?