Lettre du 24 janvier 1915

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Ma chère Anna,

Aujourd'hui nous sommes en réserve pour quatre jours. Le service a été réorganisé et il est un peu moins fatiguant : quatre jours aux tranchées, quatre jours en réserve. Je suis donc dans un petit village de l'Artois. Jacob, Paul et moi avons rencontré une vieille femme qui a accepté de nous héberger. Elle s'appelle Marie et elle est très gentille. Nous avons trouvé du vin, mais il est cher. Tout est très cher maintenant et j'espère que chez nous tout va bien de ce côté là. Il fait froid et le gel me glace littéralement les pieds. Heureusement, Marie nous a prêté des couvertures et je ne me plains pas, c'est pire dans les tranchées. Jacob est tombé malade et il a des nausées et de violents vomissements. Mais le supérieur a refusé qu'il soit rapatrié. Pour être honnête, je doute que Jacob tienne le coup. Je pense qu'il a la grippe. ET la grippe tue aussi bien qu'une balle. 

Je pense avoir perdu un peu de poids mais ça me fait du bien, n'est-ce pas ? Je rattrape toutes les années où je n'ai pas fait de sport !

Je me repose bien et je pense à toi.

Porte-toi bien, Anna.

Je t'embrasse, Christian


Histoire de deux soldats ennemisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant