Lettre du 23 septembre 1914

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Chère Anelie ,

Je me situe toujours en territoire hostile. Les nuits sont difficiles et les jours sont à la fois longs, monotones, et effrayants. Il me reste 99 jours avant la fin de l'année...Oui je me suis mis à compter les jours en espérant ne plus devoir les passer en cet endroit...Mon rêve est de revenir les vivre à tes côtés. Ici je suis contraint de voir et de faire des choses dépassant tout entendement...Mon Anelie...Je ne sais comment exiler ces actes de ma conscience ! Mais c'est eux ou moi , et la peur m'empêche de réfléchir. A présent je me dit que je devrais me tirer une balle dans la tête afin de ne plus devoir faire subir de tels choses à ces français...Mais je suis un lâche. Et je pense à toi, à la vie qu'on pourrait continuer de construire ensemble. Et je repense à ces moments merveilleux...Je me remémore sans cesse ce moment ou nous nous sommes rencontrés. Cela m'encourage à rester en vie et surtout, m'aide à oublier durant le temps de quelques secondes ces atrocités. Je me sens soumis devant cette guerre et...J'affirme être dépourvu de tout honneur. Ce n'est pas un honneur de tuer pour sauver sa peau..

Ma chère Anelie, je me vois contraint de partir, tu me manques beaucoup. Je pense fort à toi.

Ton homme qui t'aime


Histoire de deux soldats ennemisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant