Lettre du 18 novembre 1916

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Mon anelie,

Je tiens tout d'abord à m'excuser de cette absence interminable..En effet je n'avais ni le courage, ni le moral, ni la volonté , ni le temps d'écrire..car j'ai participé à cette boucherie..la somme ... à présent je n'y tiens plus...Je m'étais pris de garder toutes ces horreurs pour moi, mais c'est trop dur. J'ai besoin de me confier à toi comme je le faisais avant. J'ai besoin de me sentir libre et proche de toi. Peut etre pas physiquement mais mentalement...Alors voilà...Nous sommes partis pour une bataille de plus. La bataille de la Somme. Pour moi ce n'était qu'une bataille de plus , au départ...Je savais qu'elle serait éprouvante car nous devions combattre l' « ennemi » ( et ce n'est jamais simple)....Mais je n'imaginais pas qu'elle serait aussi longue, meurtrière...horrible, ravageante. Lorsque je me suis lancé pour le premier assaut, j'étais terrifié....les balles sifflaient et transperçaient chacun d'entre nous un par un. La mitrailleuse ennemi nous perçaient et nous assourdissait ( le bruit des canons n'arrangeaient rien). Malgré cela j'ai survécu....Mais comment ai-je fait ?...Pourquoi ai-je été épargné ?....Pourquoi moi ?....Pourquoi m'avoir accordé cette faveur ?....Enfin « faveur ». Le mot est bien mal choisi car mon cauchemar n'a fait que se prolonger...et mon agonie avec.

Les combats, les assauts n'ont cessé de s'accumuler, et chacun d'entre eux me paraissaient interminable. C'est un véritable enfer de ne savoir si sa bonne étoile continuera de vous accompagner ou bien de savoir si nos efforts nous seront favorable... ou au contraire si la mort prendra possession de moi. Tout ce qu'il faut , c'est combattre, encore et encore , de toute nos forces en espérant une progression....Mais cela est inhumai. A chaque balles tirés, nous perdons un peu plus notre humanité...Nous sommes devenus des machines à tuer, nous ne voyons plus que l'uniforme ennemi que nous devons éliminer. Malgré cela, chacun d'entre nous craque à un moment ou à un autre. Certains ne cessent de pleurer, d'autres se suicident ou attendent que la mort les rattrape. Mais finalement, nous en sommes tous au même point... nous pouvons être Allemand ou Français , nous n'attendons qu'un chose : l'armistice. A notre grand malheur , nous avons pour obligation de nous exterminer, nous entre-tuer les uns les autres et de laisser notre humanité de coté. Notre précédente illustre bien ce que je viens de dire...J'ai tout perdu là-bas.....Mes camarades, ma dignité. La seule chose que j'ai pu remporter c'est ma vie.

L'or de cette bataille interminable, les canadiens sont venus apporter de l'aide aux français.....Cela n'a fait que nous rendre la tache bien plus difficile....

Anelie....J'aimerais que tu saches que si je meurs au combat, se sera en pensant à toi car je pense toujours à toi. Tu es la principale personne qui me fait tenir bon ....Ta pensée me fait tenir , nos souvenirs également. Et mon but est de survivre afin d'en créer une multitude d'autres à tes cotés.

Milles baisers mon Anelie , je t'aime fort.

Histoire de deux soldats ennemisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant