TREIZE.

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Décidant qu'il était temps de s'en aller, Bill salua Megan et marcha à petits pas jusqu'à l'arrêt de bus. Il passa devant la résidence et chercha des yeux la fenêtre de sa chambre. Il faisait déjà nuit et les lumières brillaient derrière les carreaux de verre. Après un moment d'hésitation, il conclut que sa chambre était celle qui n'était pas éclairée. Tom n'était donc pas là.

En arrivant chez Georg, il se dépêcha de prendre une douche et de se changer, puis de se préparer pour sortir. Son ami se moquait de lui depuis le salon, trouvant que l'androgyne prenait un peu trop de temps à se pomponner pour une simple séance de cinéma.

« Ça y est, on peut y aller ? »
« Oui. Désolé de t'avoir fait attendre » s'excusa Bill.
« Ce n'est pas comme si je n'avais pas l'habitude. »

Georg lui tira la langue et l'invita finalement à sortir de l'appartement. Ils prirent l'ascenseur jusqu'au sous-sol afin de récupérer la voiture au parking. Le grand brun eut du mal à attacher sa ceinture à cause de son épaule encore immobilisée, ce qui le fit râler une nouvelle fois.

« Tu es bien silencieux, ce soir » commenta Georg lorsqu'ils arrivèrent au fast food où ils devaient diner.
« Je réfléchis ... »

Et puis finalement, Bill se lâcha. Il raconta à son ami les supplications de Tom pour qu'il revienne dans la chambre, pourquoi il avait craqué et décidé de partir, mais aussi ce qu'il avait pu vivre depuis le début de l'année. Il passa sous silence les moments les plus difficiles et fut reconnaissant envers Georg de ne pas chercher à savoir ce qu'il gardait encore pour lui.

Tout au long de son discours, l'androgyne avait senti les larmes monter jusqu'à ses yeux, et il avait fait l'effort de les refouler à chaque fois qu'il savait qu'elles allaient finir par se montrer. C'était difficile pour lui, de se confier de la sorte mais, sitôt son monologue achevé, il se sentit mieux. Un lourd fardeau s'échappait de ses épaules, surtout qu'il avait la certitude de ne pas être jugé.

« Tu lui as déjà pardonné tout ça, non ? » demanda le grand musclé avec précaution.
« Pourquoi ? Je ne sais pas vraiment, j'ai comme l'impression d'être dépassé par tout ça. »
« C'est simplement la façon dont tu en parles. Tu m'as raconté les choses comme si, finalement, cela ne t'atteignait pas, ou plus. En un sens, tu lui as pardonné tout ce qu'il t'a fait vivre mais, d'un autre côté, tu as peur du futur et que tout ce que tu ressens face à ça. »

Bill n'apprenait rien de nouveau. C'était exactement ce qu'il pensait, mais c'était très étrange pour lui de l'entendre de la bouche de quelqu'un d'autre. Georg le connaissait depuis tant d'année que le brun n'était pas surpris qu'il puisse le cerner aussi bien. En revanche, il était très étonné que son ami lui dise qu'il parlait de Tom toujours avec élégance et prudence.

« Tu en penses quoi ? » conclut alors l'androgyne.
« Tes sentiments ne sont pas clairs face à tout ça. Tu y accordes beaucoup d'importance, tu te mets la pression et à mon avis tu réfléchir trop » s'avança Georg. « Tu es quelqu'un de très courageux, avec une grande force de caractère. Tu peux être atteint facilement mais tu te relèves aussitôt. » Le brun marqua une courte pause, le temps pour Bill d'assimiler ses paroles. « Et je pense que tu peux impressionner les gens. Tu as un style affirmé, une personnalité qui se montre chaque jour un peu plus lorsqu'on te connaît. Tu sais qui tu es, ce qui n'est pas le cas de tout le monde. Et par dessus tout, tu assumes tes choix, tu assumes la personne que tu es. Tu aimes les hommes et tu n'as pas peur de le dire. A mon avis, il y a une grande part de jalousie et de mal être chez Tom. »

Chambre partagée (Yaoi/TH)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant