DIX

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Les semaines qui suivirent furent magnifiquement normales. Je marchais au lycée tous les matins accompagné de mon groupe préféré. Je passais des journées avec mes amis, traînant dans les dortoirs entre les cours et à chaque fois que Di ne nous faisaient pas tourner, ce qui, je peux l'avouer, n'était pas souvent. Je mangeais le midi avec Di, qui m'emmenait en ville pour manger les jeudis en échange de quelques bisous hésitants. Je commençais à m'habituer au tempérament désespéré et efficace quand elle faisait l'amour, même si les bavardages incessants s'aggravaient de plus en plus.

Les vendredis étaient mes jours préférés. Après notre aventure dans le parc d'Heaton, j'ai passé toutes mes heures libres avec Phil les vendredis. On avait arrêté de sécher les cours, mais nous nous faufilions en douce dans la salle des profs pour espionner, faire des ragots, ou parler du sens de la vie.

C'était trois semaines avant que ma routine ne soit interrompue. Ce vendredi, j'étais encore plus en retard que d'habitude en anglais, et ni Phil ni Chris ne vinrent en cours. La bruine qui faisait boucler mes cheveux était une représentation parfaite de mon humeur alors que je marchai péniblement vers les dortoirs, espérant y trouver mes amis. Rentrant dans la chambre, j'y trouvai PJ seul, concentré intensément sur son ordinateur portable.

"Salut Peej," je jetai mon sac sur le lit de Phil, espérant que mon ton n'avait pas l'air trop déçu.

"Salut," répondit-il, distrait, "Tu sais quand est-ce que ta copine va me filer les prises du tournage d'hier ?"

"Aucune idée," dis-je, "Désolé."

"Je comprends que c'est techniquement son film, mais si je m'occupe du montage je comprends pas pourquoi elle stocke toutes les prises," il avait l'air exaspéré.

"Comment ça se passe ?" demandai-je, ne souhaitant pas trop l'énerver.

"Ça va je suppose," dit-il, même si ça voix supposait le contraire. "J'ai du mal à croire qu'on soit déjà en octobre."

"Ouais, c'est fou."

"Non, ce qui est fou c'est qu'il me reste deux semaines pour monter cette horreur et cette putain de Diana ne va pas pousser ses grosses pattes des scènes !" il poussa son ordinateur sur le côté et prit une grande inspiration, passant sa main dans ses cheveux épais et bouclés. "J'ai juste besoin d'une pause," dit-il, retrouvant ses esprits, "comment était ton vendredi ?"

"Bien," je mentis, me laissant tomber sur le lit de Phil en face de celui de Peej, "Euh, où étaient Chris et Phil toute la journée ?" demandai-je.

"Chris avait une épreuve de sélection de la ligue de football et Phil est à la fac," dit-il simplement, fermant son ordinateur et le posant au sol.

"La fac de Manchester ?" je l'interrogeai.

"Ouais," bailla PJ, "Bien sûr."

"Pourquoi Phil serait à la fac ?"

"Michael."

"Euh, qui ?" j'attrapai l'un des mangas de Phil et tourna quelques pages, essayant d'avoir l'air désintéressé.

"Michael," répéta PJ, "C'est un, euh, ami de Phil."

"Pourquoi tu le dis comme ça ?" j'essayai désespérément de ne pas avoir l'air sur la défensive, mais je savais que c'était raté vu la façon dont me regardait PJ.

"On sait pas vraiment," il me rassura, "Je veux dire, Chris et moi avons jamais rencontré Michael. En fait, aucun d'entre nous ne l'a rencontré. On sait pas vraiment quoi que ce soit sur lui. Phil ne parle jamais de lui, ne le mentionne jamais, sauf de temps en temps quand il va le voir. Il part généralement toutes les quelques semaines pour quelques heures et puis il revient comme si il ne s'était rien passé. On a tous un peu fait la conclusion qu'ils--"

Vivant (Français)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant