DOUZE

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Je ne savais pas si ma mère me croyait vraiment quand je lui disais que j'étais malade, mais elle me laissa rester à la maison pour la semaine qui suivit. Je ne quittais presque pas mon lit, même pas pour manger. Après plusieurs jours en ignorant les messages non stop de Di, je finis par avoir le courage de lui dire que je ne voulais plus être avec elle, ce que je suppose a été mal reçu étant donné qu'elle ne me répondit plus après ça. J'aurai pensé, presque espéré même, que une fois que Phil avait reprit les cours, il se serait demandé où j'étais, mais il n'avait pas fait le moindre effort pour me contacter non plus. Je me suis demandé si il était au courant de ce qu'il s'était passé. J'en doutais, mais même malgré ça, je me sentais trop coupable pour tout, trop coupable pour essayer de contacter Phil, PJ ou même Chris. Des fois je me demandais si la vie de tout le monde n'aurait pas été plus simple si je n'en avais pas fait parti. Je suppose que tout le monde pensait la même chose quelque part, parce que pendant les deux mois qui suivirent je n'eus aucun contact avec mes amis. Phil ne me regardait même pas en littérature. Chris avait changé de place le plus loin possible de moi en théâtre. Je ne voyais jamais Di et quand j'allais chez PJ elle me souriait, mais nous ne parlions jamais. Je finis par retomber dans ma vieille routine de marcher au lycée avec ma musique, manger mon repas seul, et dormir sur l'herbe entre les cours.

Le fin du trimestre arriva beaucoup trop vite et les examens m'ont pratiquement détruit. Ma mère et moi avons passé Noël seuls et elle m'a offert un vinyle des Sgt. Pepper, et je lui avait donné un collier qui lui faisait de l'œil depuis des mois. La veille du Nouvel An, ma mère fonça dans ma chambre en annonçant que quelqu'un était à la porte pour moi. J'étais perdu, mais suis sorti du lit pour me traîner jusqu'à la porte d'entrée où je n'y trouvai personne d'autre que Phil Lester, visiblement une fois de plus perdu dans son propre petit monde.

"Phil ?" hésitai-je.

"Salut Ourson," me taquina-t-il, comme si c'était seulement la veille qu'il était sur mon palier pour m'emmener à la première fête de Chris.

"Qu'est ce que tu fais là ?"

Il cligna des yeux et puis dit, "Est-ce que tu veux sortir d'ici ?"

Ça ne répondait pas vraiment à ma question, mais en plongeant mes yeux dans les siens pour la première fois depuis des mois je ne pouvais pas m'empêcher de répondre, "Laisse-moi le temps de me changer." Il sourit pour toute réponse et je retournai dans ma chambre aussi calmement que possible pour y trouver ma mère assise sur mon lit.

"Pourquoi Phil est là ?" demanda-t-elle.

"On sort ce soir, est-ce tu es d'accord ?"

Maman sourit, une lueur familière dans ses yeux, "Oui," elle se leva et m'enlaça, "Fais bien attention à toi, d'accord ?"

"Oui m'dame," je fermai la porte derrière moi et me sentis plein d'excitation folle de mettre des vêtements décents. Dix minutes plus tard, j'étais dehors et rejoignant Phil dans une drôle de voiture.

"C'est celle de mon frère," il expliqua, "il m'a laissé l'emprunter pour la nuit."

"Pour quelle occasion ?" demandai-je, "Je veux dire, autre que le Nouvel An ?"

"Toi," sourit Phil, faisant marche arrière pour redescendre dans la rue vide.

"Quoi ?"

"Tu m'as bien entendu," il rit.

"Je comprends pas," dis-je, perplexe, "Ça fait presque trois moi que j'ai aucune nouvelle: zéro contact de toi ou de PJ ou de qui que ce soit et tu viens juste chez moi comme si il ne s'était rien pass-"

"Écoute, Dan," il m'interrompit, ne quittant pas la route des yeux, "Tu as raison. On n'aurait jamais du te traiter de la façon qu'on a fait, mais les choses étaient-" il s'arrêta et dit simplement, "Je vais tout t'expliquer, je te le promets, juste- juste pas maintenant, d'accord ?"

Vivant (Français)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant