VINGT ET UN (partie 2)

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"C'est ça," ris-je, "Sachez, monsieur, que, moi, je ne suis pour rien dans tous ces trafics : c'est Pas­quale qui est cause de tout, Pasquale, le valet de cette dame qui est là‑bas. (Il montre discrètement 'Béatrice.) C'est lui qui a mélangé toutes les affaires et qui, sans que je m'en aperçoive, a mis dans une malle ce qui allait dans rautre. Le pauvre diable m'a supplié de n'en rien dire, afin que son maître ‑ ou, plutôt, sa maîtresse ‑,,ne le chasse pas, et moi, comme J'ai bon cœur et que je me ferais écorcher pour mes amis, j'ai trouvé toutes ces belles inventions pour tâcher d'arranger les choses. Jamais je n'aurais pensé que ce portrait pouvait être le vôtre et que ça vous ferait tant de peine que la personne à qui il appartenait soit morte. Voilà toute l'histoire, monsieur, et c'est la vérité vraie, vous pouvez en croire l'homme sincère et le serviteur fidèle que je suis."

"On dirait plutôt un servant honnête et digne de confiance pour moi," dit PJ à Phil.

"Non pas pour vous interrompre," lit Phil, ignorant le commentaire de Peej, "Mais avez-vous terminé ?"

"Madame !" PJ rit en me voyant me référer à mon copain en disant 'madame', "Vous souvenez-vous que je vous avais parlé du valet de ce gentleman ? Oui monsieur, c'était Pasquale."

"Non !" brailla Peej, "pas Pasquale !"

"Si Pasquale !" rit Phil, sortant enfin de son personnage, "Comment étaient les cours ?"

"C'était bien," gloussa PJ, "C'était bien ce merdier que vous faisiez ?"

"Dan m'aidait juste à comprendre la lecture de Litté," expliqua Phil, enlevant sa robe de couvertures.

"Oh bon alors, ça prend tout son sens," rit PJ.

"Et ça a marché, pas vrai ?" demandai-je, enroulant mes bras autour de Phil par derrière.

"Oui, bien sûr !" sourit Phil.

"Et pour le petit prix d'avoir rangé la chambre !" taquina Peej, tirant la langue.

"Oh s'teuplait, comme si c'était propre à la base," dit Phil, sautant de son lit. "Oh merde, je dois y aller !" dit Phil, regardant l'horloge sur la table de chevet;

"Où tu vas si précipité ?" demandai-je, lui attrapant la main.

"Les cours de la librairie, tu te souviens ?" dit Phil, un peu trop avide.

"Oh oui," dis-je, "Ben, amuse-toi."

"Ça sera pas le cas," il m'assura, "On se voit dans une heure ou un truc du genre les gars !"

"Salut !" criai-je après lui. "Quoi ?" demandai-je, regardant Peej qui me souriait.

"Rien," sourit PJ.

"Rien, j'ai juste-- Je savais que tu serais bien pour lui."

"Je vois pas de quoi tu veux parler," je rougis, ramassant des couvertures et les jetant sur le lit.

"Oh s'il te plaît," il me taquina, "Je n'avais jamais vu Phil si heureux depuis tellement longtemps. Peut-être depuis toujours."

"Vraiment ?" demandai-je, un peu surpris.

"Ouais," dit Peej, "Il t'aime vraiment."

"Bien," souris-je, "parce que je l'aime vraiment aussi."

Vivant (Français)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant