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Je fais une mini crise cardiaque, me demandant comment cet individu pouvait savoir que j'allais arriver, comment il connaissait mon nom, et qui il était. Je suis morte de frousse. Est-ce que cet homme est l'un des complices de ces gars à l'extérieur ?  Manifestement, ils m'ont tendu un piège.

Je ne peux pas les laisser faire. Je ne peux pas me faire avoir comme ça. Je ne peux pas mourir. Mes membres sont tétanisés par la peur qui me tord le ventre. L'homme en face de moi me regarde toujours, cela doit faire une minute que l'on n'a pas parlé. Et, comme cela arrive à chaque fois que je suis contrariée, à chaque fois que quelque chose me déplait, les larmes me montent aux yeux et je me mets à sangloter, telle une gamine impuissante. Je suis forte, mais je suis prise au piège.

Soudain, l'homme me met la main sur la bouche et m'attrape autour de la taille, emprisonnant mes bras avec. Il avance dans la maison. Mais je suis forte. Je peux me défendre. Je me mets à crier, à me tordre dans tous les sens, j'essaie de le mordre, espérant le faire lâcher prise. Mais il tient bon. Cet idiot a une force incroyable, et il continue d'avancer, m'emmenant dans une cave sombre, seulement éclairée d'une bougie.

Cette pièce est immense. Je n'en crois pas mes yeux, mon imagination me joue surement des tours, puisque que je n'en vois pas le bout. Les larmes se sont arrêtées, et l'homme me tient toujours prisonnière. Je suis foutue. Il s'enfonce de plus en plus dans cette pièce sombre et sans fin, et j'ai peur. Pourquoi continue-t-il d'avancer ? Qu'y a-t-il au bout de cette pièce ? J'aurai mieux fait de rester chez moi, même si mon beau-père ne m'y traitait pas correctement, il n'était pas capable de m'emmener au fond d'une cave de cette manière pour ruer ses coups

Puis, je ne comprends plus rien : Le froid m'assaillit, des frissons me parcourent tout le corps. J'ai l'impression que je vais m'évanouir, tomber de fatigue. Les glaçons laissent maintenant place à la chaleur, et j'ai l'impression d'être dans un four. Et soudain, je vois de la lumière, une lumière blanche. L'homme derrière moi desserre ses bras de mon corps, et je peux respirer, enfin respirer, et je suis fatiguée.

- On est en sécurité maintenant.

J'observe ce qui m'entoure : de magnifiques arbres bordent un lac. Derrière moi se trouve une grotte, sombre. Tout est lumineux en dehors de ça. Je pose mon regard sur l'homme qui m'a enlevée. Il a les yeux rivés sur le sol, comme un enfant.

-Qui est tu ? Débitais-je.

Il relève la tête et pose son regard sur moi. Ses yeux son bruns, très foncés, très profonds.

- Je m'appelle Alex. Je t'attendais.

- Et moi c'est Olive ! dit une petite fille avec d'énormes chaussures, que je n'avais pas vue jusqu'ici. Bienvenue dans la boucle temporelle de Miss Peregrine. Elle nous a demandé d'aller te chercher, elle t'a localisée grâce aux rêves d'Horace. Tu étais poursuivie par des crètes, mais tu es en sécurité ici. On doit se dépêcher Hope, suis-nous, vite.

Ils avancent, et je les regarde, sans rien comprendre. Ce gars est bizarre et cette petite fille a un grain. Je n'ai rien compris à ce qu'elle vient de me dire. Des crètes ? Serait-ce le nom qu'elle donnerait aux hommes qui m'ont poursuivie ? Je ne les suivrais pas. On ne sait jamais ce qu'il se passe dans la tête des gens, qu'on les connaisse ou non. Nous ne sommes même pas sûrs de ce qu'il nous passe par la tête non plus, notre propre tête.
Le garçon se retourne en se rendant compte que je ne les suis pas.

- Tu viens ? dit-il.

Je suis coincée entre une grotte et un lac, situés au fond d'une cave... Que faire d'autre ?

- Tu faisais quoi dehors, à cette heure ? me demande le brun.

- Je me baladais.

- Vraiment ? Tes ballades sont bizarres... Je n'aimerais pas me faire courir après par des crètes !

Je ne réponds rien, continuant d'observer ce qui m'entoure tout en marchant. Je ne comprends rien à leurs charabia, et j'aimerais bien voir la tête de leur Miss Machinchose. Peut-être qu'elle me ramènera chez moi en securité. Les arbres s'effacent peu à peu, laissant place aux champs colorés. Le soleil brûle, comme un soleil de midi, quand j'aperçois, au loin, une vieille bicoque rénovée.

Lorsque nous nous approchons de l'énorme maison, je découvre un jardin plutôt bien entretenu, de l'herbe dodue et des buissons de différentes formes. C'est incroyablement grand et magnifique. Je suis toujours les deux dérangés, quand une voix criant le nom de la petite fille nous interpelle. C'est alors qu'apparaît une élégante femme vêtue d'une longue robe noire et munie d'une pipe. C'est plutôt rare, de nos jours, les pipes. Ça remonte au siècle dernier. La façon dont elle et mes deux ravisseurs sont vêtus me  rappelle également le siècle dernier. Ils sont sûrement pauvres s'ils s'habillent de cette façon, ils doivent se donner leurs vêtements de père en fils. Ou alors ils sont extrêmement riches et bizarres, et ont acheté des vêtements vintage très chers. Je pencherai plutôt pour la deuxième option : les pauvres ne fument sûrement pas la pipe et n'entretiennent pas leur jardin de cette façon. La femme au chignon s'avance.

- Bienvenue. Vous devez être Hope, me dit-elle de sa voix grave mais douce, en s'approchant.

- Oui, c'est bien moi, répondis-je, ne sachant pas vraiment à quoi m'attendre.

- Je me présente : je suis Peregrine Faucon, directrice de cet établissement, m'annonce-t-elle en me tendant une main, que je serre vivement. Enchantée de faire enfin votre connaissance.

- juillet 2017

Stay PeculiarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant