Il faut toujours serrer les mains vivement, pour montrer qu'on est fort, histoire de première impression. Or, je n'allais pas les laisser croire que j'étais faible. J'allais lui demander comment elle connaissait mon nom et où on m'avait emmené mais elle m'ôta les mots de la bouche :
- Vous vous posez sûrement un tas de questions, et je serai ravie d'y répondre. Me laisserez-vous vous proposer un thé ? demande-t-elle en souriant.
Je hoche la tête, légèrement mal à l'aise avec toutes ces politesses venant de personnes inconnues. Le jeune homme aux yeux bruns m'observe, penchant légèrement la tête en avant, un faible rictus se dessinant sur son visage. La petite aux cheveux châtains, quant à elle, me regardait aussi, debout près de la femme, en me souriant.
- Bien, suivez-nous, Hope, dit Miss Peregrine en chantonnant.
L'entrée de l'impressionnante bâtisse est simple, mais splendide : un escalier digne de ceux de bâtiments royaux apparait au fond de la pièce. De multiples portes font place à droite, mais nous nous dirigeons vers la gauche, où d'énormes portes donnent sur ce qui laisse penser à un salon. La femme me fait asseoir sur un vieux canapé.
- Asseyez-vous ici, Hope, je vais chercher le thé qui nous attendait.
- Merci, je bredouille.
Elle se dirige vers le fond du salon, et je peux observer de multiples tableaux représentant des personnes qui me sont inconnues accrochés sur les murs bordeaux. Un bruit de verre qui casse attire mon attention sur la gauche, où j'aperçois une serre. Une serre ouverte au salon. Je trouve ça stupide, mais joli. Les multiples plantes vertes plus exotiques les unes que les autres explorent les lieux. Et je tombe sur une tête blonde. L'enfant est encore plus élégant que les autres, coiffé de son haut de forme, de son costume et de sa canne. Il râle, puis me voit, se redresse et me sourit.
- Bien le bonjour, Hope. Je suis Horace. Alors, comment tu nous trouves ? Encore plus bizarre que dans tes rêves ? Enfin, je ne devrais pas dire rêve, puisque les tiens ne sont sûrement pas prémonitoires, débite-t-il, amusé.
- Euh, bonjour Horace, à vrai dire, je ne vous connais pas, et ne sait pas vraiment quoi penser. Suis-je censée vous connaître ? Ou me souvenir de vous ? Vous agissez tous comme si vous me connaissiez ! Je réponds, agacée.
C'est alors que Miss Peregrine entre dans la pièce :
- Voyons, Horace, tu l'as bien deviné dans tes rêves ! Personne ne lui a parlé de nous ! Je vais lui expliquer. Je m'excuse de notre comportement qui peut paraître quelque peu troublant, Hope.
La gouvernante s'assoit en face de moi, sur un autre canapé.
- Avez-vous déjà entendu parler des Particuliers ? me demanda-t-elle en haussant légèrement les sourcils.
- Non, jamais.
- Bien, je vais vous la faire courte. Nous sommes particuliers : nous pouvons faire des choses que les humains prennent pour de vulgaires tours de passe-passe. Nous étions sains et saufs dans notre boucle du 3 septembre 1940, jusqu'au jour où des Estres et Sépulcreux nous ont envahis. Seuls les particuliers peuvent accéder aux boucles. Ainsi que les Estres et Creux lorsqu'ils en connaissent l'entrée. Ce sont nos ennemis. Mais grâce à l'aide de votre grand-père et de tous les particuliers, ils ont été éradiqués. Maintenant, leurs descendants sont à nos trousses : nous les nommons les Crètes. C'étaient eux qui vous suivaient avant qu'Alex ne vous récupère. Nous avons eu de la chance.
Trop d'information d'un coup.
- Est-ce que vous allez bien ?
Je l'observe, pleine d'incompréhension. Il me faut un temps fou pour comprendre ce que je viens d'entendre. Ça ne colle pas. Elle ment. Ou je suis folle.
- Ma mère est orpheline et a été trainée de familles d'accueil en familles d'accueil depuis son enfance. Je ne connais pas mes grands-parents. Pourquoi parlez-vous de 1940 ? C'était il y a plus d'un siècle !! Et vous dites que j'étais poursuivie par des Crêpes !?!!
- Nous sommes pour la plupart nés au siècle dernier. Certains il y a plus de deux siècles. Certains au début de celui-ci. Mais nous vivons dans la boucle du 3 septembre 1940. J'ai protégé plusieurs Particuliers de la Guerre grâce à cette boucle, qui se répète tant que je l'entretiens. Vous étiez poursuivie par des Crètes, descendants des Estres, et qui veulent leur vengeance. Autrement-dit, ils vous veulent vous. Vous êtes la petite-fille de Jacob Portman, celui qui nous as sauvé, nous les Particuliers, mais qui leur a causé du tort.
Je déglutis péniblement.
- Comment ça, ils me veulent moi ?
Elle me regarde d'un air sévère.
- Nous ne savons pas exactement ce qu'ils veulent de vous. Nous supposons qu'ils veulent votre peau. C'est pourquoi il est en mon devoir de vous protéger. Comme je l'ai fait avec votre grand-père. Et votre arrière-arrière-grand-père.
- Vous avez vécu tout ce temps ?! Vous avez connu mon arrière-arrière-grand-père ? je m'exclame.
- Dans les boucles, on ne vieillit pas en apparence.
- Comment était-il ?
- Votre grand-père ?
Je hoche vivement la tête. Elle se lève et s'approche d'une bibliothèque en bois, d'où elle sort un livre aussi épais qu'une encyclopédie, puis vient s'asseoir près de moi.
- J'ai également connu votre grand-mère, dit-elle calmement.
L'encyclopédie est en fait un album photo. Sa couverture est brune et défraichie. Une photo de groupe se situe au milieu. Je reconnais Horace, et une petite fille ressemble à Olive. La femme ouvre l'album avec soin, tourne plusieurs pages, puis s'arrête sur une vieille photo.
- Ce sont eux, dit-elle.
Elle me pose l'album sur les genoux. Je l'observe attentivement. Deux personnes, se tenant dans les bras. Il avait l'air de faire froid, et leurs vêtements m'auraient paru ringards si je n'avais déjà pas été dans un endroit aussi bizarre que celui-ci. Je reconnais la tignasse claire de ma mère sur la femme. Ma grand-mère. Je reconnais ma forme de visage aussi. Mais pas de chevelure rousse, comme moi. Je tiens sûrement ça de mon père, mais je ne le connais pas.
- Jacob et Emma, je murmure, caressant leurs visages du bout des doigts.
- Je suppose que tu ne connais pas grand-chose sur eux, murmure-t-elle.
Je lève la tête vers la directrice, quelque peu déconcertée. C'est vrai. Je ne connais que leurs prénoms. Et l'histoire de leur mort que ma mère m'a rabâché des centaines de fois.
- Emma savait créer et manier le feu à merveille. Elle était blonde, belle, gentille, mais savait faire la loi quand il y avait besoin. Jacob, lui, ressemblait à son grand-père. Il était plutôt timide, gentil également, et savait garder son calme. Il pouvait sentir, voir et contrôler les Sépulcreux, comme son grand-père avant lui. Elle baissa la tête vers l'album. Ils sont partis trop tôt. Elle se tourne vers moi : tu as les mêmes yeux que ton grand-père. Des yeux dont on se souviendra toujours.
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Helloooo, j'ai fait presque 1200 mots pour ce chapitre !! J'espère qu'il vous plaît!
Qu'en pensez-vous? Votez et dites moi ce que vous en pensez dans les commentaires!
Vous avez des bonnes fictions sur Miss Peregrine (et les enfants particuliers) à me proposer?
Merci, bonne journée/soirée, Sarah (10 juillet 2017) (corrigé en juillet 2019)
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Stay Peculiar
FanfictionHope, jeune londonienne, manque de se faire attraper par des hommes inconnus , lorsqu'une petite maison lui ouvre sa porte. L'homme à l'intérieur l'emmène dans un endroit incroyable, où Hope y découvre des enfants bizarres ainsi que leur gouvernante...