Déductions angoissantes

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- Quoi ?! s'exclament ils ensemble

- Ne vous moquez pas de moi, je crois que c'est lui qui m'envoi tous ces courriers et ces jeux de pistes

- Mais qu'est ce qui te fait dire ça ? comment est-ce possible ?

Je rassemble mes idées et commence mon exposé.

- J'ai réfléchis. Premièrement il connait mon adresse puisque c'est indiqué dans mon contrat de travail. Deuxièmement, il sait que j'aime le thé d'une certaine marque puisque j'en bois au travail et que j'ai les boites sur mon bureau. Troisièmement, il connait les pays que j'ai visités puisqu'on en a parlé lors de mon entretien d'embauche. Tout coïncide pour que ce soit lui « l'admirateur secret », dis-je en mimant des guillemets avec mes mains

Gwen et Mathieu restent sans voix devant mon raisonnement. Je continue pour leur prouver que je ne suis pas folle et que j'ai certainement raison.

- Et puis aujourd'hui il a eu une attitude un peu suspecte.

Mathieu bondit en me disant :

- Il n'a pas eu de gestes déplacés ?

- Non non ne t'inquiètes pas

- Raconte

Leurs regards sont bloqués sur moi. J'ai l'impression d'avouer l'inavouable, le moindre de mes gestes est scruté par les deux inspecteurs :

- Il m'a demandé d'aller tester un hôtel 5 étoiles à Barcelone, mon départ est prévu demain matin. Il m'a dit qu'il avait réservé un guide qui m'attendrait dans l'hôtel le lendemain pour me faire visiter la ville afin que mon immersion sur le terrain soit moins difficile. Il n'a soit disant pas envie qu'il m'arrive du mal et il pense qu'une fille comme moi seule à Barcelone doit faire attention...ce qui me gêne c'est qu'il n'a jamais été aussi prévenant avec les autres filles de mon équipe qui partent en immersion dans un pays étranger. C'est ça que je trouve étrange. Il a insisté en me disant de ne pas oublier mon thé ! Pourquoi m'a-t-il dit ça ? Il ne voulait pas partir de mon bureau et me regardait avec insistance, j'étais très mal à l'aise. J'ai même du presque le mettre dehors de mon bureau en prétextant que j'avais du travail.

S'en suit alors un silence qui me semble interminable. Je n'ose pas affronter leurs regards

- Et il ressemble à quoi ?

- La quarantaine, assez bel homme, mais c'est mon chef, c'est du délire !!

Mathieu reprend:

- Tu es sure que tu ne te fais pas des films ?

- Malheureusement, je ne pense pas. Tu ne me crois pas ?

J'ai soudain les larmes qui me montent aux yeux de savoir que Mathieu me pense capable d'inventer un tel scenario. Ma lèvre inférieure se met à frémir et je suis prête à exploser en sanglots quand Gwen reprend en regardant méchamment Mathieu :

- Je suis d'accord avec Alice, son attitude n'est pas digne de celle d'un responsable. Tu mets en doute ce qu'elle est en train de nous expliquer ? tu ne vois pas qu'elle a déjà du mal à s'exprimer et qu'elle est embarrassée de nous faire ces confessions ?

Mathieu se rend alors compte que son détachement m'a affecté et se rapproche pour s'assoir à côté de moi et poser sa main sur mon épaule

- Je suis désolé je ne voulais pas te vexer, je veux juste être sûr que tu ne fais pas fausse route parce que si c'est la vérité, c'est grave

- Oui je sais c'est pour ça que je ne voulais pas en parler mais ça me fait peur...imagine que ce soit vraiment lui, qu'est-ce que j'ai fait avec ? qu'est ce qu'il sait de moi ? il pourrait me faire chanter si je ne fais pas ce qu'il veut, je pourrais perdre mon boulot...

Je me mets les mains devant les yeux, je suis terrifiée rien qu'à l'évocation de toutes ces éventualités

- Hé Alice, ça va détends toi. Ne t'inquiètes pas, ne panique pas. Tu ne le vois pas jusqu'à la fin de la semaine donc arrête de te torturer. Personne ne va te faire chanter, calme toi. Tu vas partir demain, profiter de tes trois jours à Barcelone pour lui ramener un rapport béton sur l'hôtel et créer une super offre. A ton retour au travail, on verra si tu as encore des indices ou si son attitude est toujours aussi bizarre.

Je suffoque, j'ai du mal à me calmer, quand Mathieu revient me serrer fort dans ses bras. Il me faut quelques secondes pour me sentir rassurée. Il est vraiment ma soupape de décompression, seul lui à ce pouvoir de me procurer cette sensation d'assurance et de sérénité. Je sens alors une autre pression dans mon dos. Je me retrouve à faire la tranche de jambon entre Mathieu et Gwen. Je suis tellement apaisée que j'aimerais rester là des heures. Je chuchote alors :

- Merci les copains

Et cette double étreinte soulage mes craintes les plus folles


Love trip - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant